Le prix Gandhi pour la paix 2022 à Ougarit Younane et Walid Slaiby

Deux militants de longue date pour la philosophie de non-violence, Ougarit Younane et Walid Slaibi, sont les lauréats 2022 du prix Gandhi pour la paix, décerné par la Fondation Jamnalal Bajaj du nom d’un proche du Mahatma Gandhi. Ougarit Younane, sociologue, écrivaine et formatrice, a fait le voyage jusqu’à Mumbai en Inde (Walid Slaibi, écrivain et penseur, n’a pas pu s’y rendre pour des raisons de santé), afin de recevoir, le 8 décembre, ce prix dans le bâtiment historique de l’Opéra de la ville. Les deux militants, dont le parcours exceptionnel en une région troublée comme le Moyen-Orient s’étend sur quarante ans, ont fondé ensemble l’Académie universitaire pour la non-violence et les droits humains (AUNHOR), une institution éducative unique consacrée à la non-violence.

Le prix Gandhi pour la paix est décerné depuis de nombreuses années à des penseurs et des pionniers dans leur domaine, par cette fondation qui porte le nom d’un proche du grand homme politique indien, Jamnalal Bajaj. Celui-ci a été l’un des principaux soutiens de Gandhi, consacrant des propriétés à sa cause, menant des activités sociales et pédagogiques à l’intention des plus démunis, protégeant les manifestants contre la force coloniale de l’époque… Il a lui-même été emprisonné plusieurs fois, et il est mort à 53 ans, quatre ans seulement avant l’indépendance de l’Inde. Sa famille perpétue cette tradition après lui. La fondation décerne quatre prix chaque année, dont trois à des Indiens, et un prix international au nom de Gandhi réservé à ceux qui propagent les valeurs gandhiennes à l’extérieur de l’Inde.

« Walid et moi sommes très heureux d’avoir reçu ce prix, surtout parce qu’il est très cohérent avec l’esprit de la non-violence gandhienne que nous perpétuons depuis si longtemps, déclare Ougarit Younane à L’Orient-Le Jour. Cette reconnaissance revêt une signification très profonde pour nous. Elle vient récompenser quarante ans de propagation de la philosophie non violente par une pure motivation personnelle. » La sociologue raconte que les membres de la fondation étaient « très impressionnés par le fait que nous ayons mené cette action à titre individuel, et traduit Gandhi en arabe, dans une région aussi conflictuelle et difficile ». « Nous sommes fiers de cette reconnaissance qui, pour nous, est celle de l’action de tous les non-violents au Liban et dans les pays arabes, et qui reconnaît notre rôle dans la mise en place des fondements de cette culture dans la région », dit-elle.

La militante insiste aussi sur le timing de cette reconnaissance « qui est intervenue dans des circonstances de violence sous toutes les formes, adressant un message très fort : il n’est pas vrai que la violence est la plus forte et qu’elle vaincra ».

Ougarit Younane salue un geste qui est aussi un soutien très important pour l’université fondée par les deux penseurs. « Nous avons besoin au Liban de cette culture non violente, et ce prix en est une impulsion majeure, il donne de la crédibilité à un long parcours », affirme-t-elle.