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Al-Bilad de Akl Awit, la poésie en anathème pour la résurrection de Beyrouth et d’un pays…

Pour ce mince recueil d’Al-Bilad, Akl Awit, pamphlétaire émérite, chroniqueur hardi et virtuose des mots, lance une nouvelle alerte.

Al-Bilad de Akl Awit, la poésie en anathème pour la résurrection de Beyrouth et d’un pays…

D.R.

En signant son dernier recueil de poésie en langue arabe Al-Bilad, Akl Awit clôt sa trilogie poétique dédiée à la dénonciation du crime du siècle, l’explosion du port de Beyrouth en 2020. Long poème en prose libre, d’un lyrisme échevelé et à la musicalité drue. Un verbe retentissant chargé de prophéties bibliques.

Texte véhément, parfaitement en osmose avec la colère et la révolte des mots incandescents et incendiaires des deux opus précédents. Texte nanti d’une traduction française de la plume de Renée Asmar Herbouze.

Pour ce long poème frémissant de vie, d’indignation et d’images sonores, entre prologue, épilogue et dix-sept visions, le poète se répand en lamentations, anathèmes, imprécations et invocations pour parler des sept cercles de l’enfer. Avec un recours aux prophéties d’Isaïe, de Jérémie et aux innombrables malheurs et infortunes de Job. Présence de la Bible dans ces pages denses, à la langue arabe particulièrement ciselée de main d’orfèvre. C’est une ode et un hommage pour la renaissance d’une capitale odieusement détruite et d’un pays mis à genoux sans vergogne ni état d’âme de la part de ses gouvernants irresponsables et faillis. À travers ce tumultueux torrent de vocables, comme une fumante lave de volcan, transpirent l’écœurement, le scandale, la fureur, le courroux et la rage. Le poète, par-delà une écriture et une inspiration nourries des évènements les plus sombres, les plus sanglants et les plus inacceptables d’une terre livrée à l’anarchie, se fait l’écho amplificateur d’un peuple bafoué. Peuple lésé et spolié de ses droits et sa sauvegarde sécuritaire les plus élémentaires…

Avec la violence, la virulence et la puissance de ces textes poétiques qui s’inscrivent dans une littérature engagée et vociférante pour le respect de l’être humain et de la justice, Akl Awit revendique le besoin à l’épanouissement, à la renaissance, à l’espoir. En défendant âprement ces valeurs constructives, le poète s’engage à sauver le monde. Mais aussi par le pouvoir donné aux mots, provocateurs, lénifiants ou apaisants, à se battre pour les notions de dignité humaine. Même en cas de survie. Pour ce mince recueil d’Al-Bilad, Akl Awit, pamphlétaire émérite, chroniqueur hardi et virtuose des mots, lance une nouvelle alerte. Pour cela, il reprend, haut et clair, la prédiction d’Isaïe : « Le cyprès se réjouira, le bâton des tyrans se cassera, la canne des renégats se brisera et le cèdre du Liban se gaussera de l’enfer. »

Al-Bilad de Akl Awit, éditions Naufal, 2022, 40 p.

En signant son dernier recueil de poésie en langue arabe Al-Bilad, Akl Awit clôt sa trilogie poétique dédiée à la dénonciation du crime du siècle, l’explosion du port de Beyrouth en 2020. Long poème en prose libre, d’un lyrisme échevelé et à la musicalité drue. Un verbe retentissant chargé de prophéties bibliques.Texte véhément, parfaitement en osmose avec la colère et la...

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