EDL : les tarifs majorés entrent en vigueur mardi

Les tarifs pratiqués par l’établissement public Électricité du Liban vont être revus à la hausse à partir de ce mardi, a déclaré le porte-parole d'EDL à L'Orient-Le Jour lundi soir. Une hausse qui était prévue depuis plusieurs semaines mais dont l’application dépend de l’augmentation des heures d’approvisionnement. Ce qui devrait prochainement arriver à la suite de la réception en fin de semaine dernière de 30 000 tonnes de gasoil grâce à l’accord signé avec l’Irak en juillet 2021 et qui représente aujourd’hui sa seule source de carburant. Cette cargaison est supposée assurer près de 3 heures de courant par jour, selon le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, Walid Fayad.

Si les anciens tarifs allaient de 0,02 à 0,13 dollar par kilowattheure (kWh), calculés au taux de change de 1 507,5 livres libanaises, les nouveaux prix iront de 0,1 à 0,27 dollar par kWh. Il n'est toutefois pas clair si ces factures seront payées en dollars ou en livres libanaises et, dans ce cas, quel taux de change sera pratiqué. La parité officielle est jusqu’à présent de 1 507,5 livres pour un dollar, en attendant les mécanismes d’application du nouveau taux officiel récemment établi par les autorités libanaises à 15 000 livres pour un dollar, alors que le taux du marché parallèle lundi avoisinait 36 500 livres pour un dollar et que le taux Sayrafa de la Banque du Liban est stable depuis plusieurs jours à 30 100 livres le dollar. À titre de comparaison, le prix d'un kWh produit par des générateurs privés est officiellement fixé à 0,44 dollar depuis septembre.

Le fait que les tarifs d’EDL soient figés à des niveaux aussi bas faisait partie des problèmes structurels qui empêchaient le fournisseur public d’être financièrement viable et capable de financer lui-même ses achats de carburant. La hausse des tarifs fait d’ailleurs partie des réformes demandées aussi bien par le Fonds monétaire international (FMI), auprès de qui le Liban a sollicité une assistance financière, que par la Banque mondiale qui doit financer les deux volets de l’initiative américaine visant à acheminer du gaz égyptien et du courant produit en Jordanie pour renforcer temporairement les capacités d’EDL. En parallèle, le Liban est en discussion avec l’Iran pour un potentiel don de 600 000 tonnes de fuel échelonné sur une période de cinq mois. Par ailleurs, Walid Fayad est arrivé lundi soir, avec le Premier ministre désigné Nagib Mikati, en Algérie où il doit rencontrer plusieurs responsables locaux afin de discuter d’éventuels mécanismes d’acheminement de carburant algérien pour le compte d’EDL.

Actuellement, EDL fournit à peine une à deux heures d'électricité par jour, ce qui signifie que la plupart des consommateurs dépendent largement des générateurs privés pour leur approvisionnement en électricité. En raison de décennies de mauvaise gestion et de corruption, l'office public rationnait l'électricité bien avant le début de la crise économique enclenchée en 2019. EDL n'a désormais plus de fonds pour payer le carburant, payer les prestataires de services, entretenir ses installations, ajuster les salaires de ses employés pour compenser la dépréciation de la valeur de la lire - la monnaie a perdu plus de 90 % de sa valeur depuis 2019 - ou investir dans de nouvelles centrales électriques.