Alors que le Liban s’apprête à signer demain l’accord sur l’exploitation des ressources gazières, les milieux politiques continuent à se poser des questions sur sa portée réelle, sur son efficacité et sur la nature des concessions qu’il aurait exigées de part et d’autre. En plus des critiques dont il est la cible de la part d’une partie des médias libanais et israéliens, la question qui revient le plus souvent porte sur la position du Hezbollah. Le camp anti-israélien et celui hostile au parti chiite sont pour une fois d’accord, estimant que ce dernier a cédé sur des questions essentielles relatives aux droits du Liban. Quelle est donc la position réelle de la formation chiite au sujet de l’accord et pourquoi a-t-elle accepté tacitement qu’il soit signé? En général, les milieux du Hezbollah n’aiment pas trop évoquer les sujets délicats, préférant qu’ils soient d’abord abordés par le secrétaire général du parti (qui doit d’ailleurs s’exprimer prochainement). Mais concernant l’accord sur l’exploitation des ressources gazières, ils font une exception en raison de la gravité du sujet.
Les sources du Hezbollah commencent par dire que le parti a suivi tous les développements relatifs aux négociations, à travers des canaux différents. Il était en effet régulièrement informé de tous les détails des pourparlers par des sources proches des principaux concernés, à savoir la présidence de la République, la présidence de la Chambre et la présidence du Conseil, sans oublier les autres participants, notamment le vice-président de la Chambre, Élias Bou Saab, et le directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim. Dans les milieux du Hezbollah, on estime que cet accord est le meilleur possible dans les circonstances actuelles. Certes, le parti chiite s’est tenu derrière l’État et il n’est intervenu que pour soutenir la position officielle, mais il estime que cet accord sert les intérêts du Liban. Selon les sources de la formation, le Liban traverse une crise économique financière et sociale sans précédent et le Hezbollah n’a pas les moyens de la régler, même partiellement. Il prend de temps en temps une initiative, mais il reconnaît avec pragmatisme que ses effets restent limités, alors que les problèmes sociaux s’aggravent dans tout le pays. En même temps, toutes les tentatives des responsables pour ouvrir une brèche qui permettrait d’entamer une sortie du gouffre se sont heurtées à des obstacles en tous genres, qui se résumaient au refus des instances internationales d’aider le Liban. Sous le couvert de la nécessité de procéder à des réformes structurelles, se profilait toujours la volonté de pousser le Liban à entrer en conflit avec le Hezbollah, estime-t-on dans les milieux du parti, à travers le fait de réclamer la fin de l’existence des armes dites illégales. Le Liban semblait ainsi placé devant deux choix impossibles : la poursuite de l’effondrement ou un affrontement interne. Il y avait aussi une troisième possibilité, celle de la fuite en avant à travers le déclenchement d’une guerre contre Israël. Finalement, le Liban officiel a choisi une quatrième voie, celle de la conclusion d’un accord limité à l’exploitation des ressources gazières maritimes, à un moment crucial pour les Israéliens, les Américains et les Européens. Ce que veut le Liban de cet accord, c’est pouvoir commencer à exploiter ses ressources pour non seulement renflouer ses caisses, mais aussi pour inspirer de nouveau confiance aux investisseurs. Il ne voulait donc ni aller vers un accord total et définitif ni se lancer dans une guerre. Entre ces deux lignes rouges, il a donc choisi une solution partielle, qui lui convient dans les circonstances actuelles.
Selon les sources du parti, le Hezbollah a considéré qu’il s’agissait d’une voie idéale. D’abord, le Liban entame une remontée de la pente, sans entrer dans une discorde interne, sans se lancer dans une guerre contre Israël et sans conclure un accord définitif sur la frontière maritime.
L’accord, qui devrait être signé demain, ne parle pas du Hezbollah et n’exige pas qu’il dépose les armes. De son point de vue, le parti chiite n’est nullement affaibli par cette entente scellée. Au contraire, il a montré que sa force est utile pour soutenir la position officielle, puisqu’il est intervenu à certains moments dans les négociations pour pousser les Israéliens à accepter les conditions posées par le Liban. De plus, il estime avoir prouvé qu’il reste un acteur incontournable sur la scène libanaise. De même, en facilitant les négociations et en adoptant une position de retrait, le Hezbollah estime avoir montré que ses considérations sont purement libanaises. Les sources du parti répondent ainsi indirectement à certaines parties qui accusent l’Iran de s’être impliqué dans la conclusion de cet accord et estiment que les négociations qui se sont déroulées par le biais des Américains étaient liées aux développements sur le plan du dossier nucléaire iranien. Pour le Hezbollah, la conclusion de l’accord se fait donc au moindre coût possible et place le Liban devant de nouvelles perspectives économiques sans qu’il y ait le moindre effet sur les rapports des forces internes et sur la situation politique en général. Le Liban a aussi évité une guerre qui aurait été forcément très coûteuse et qui aurait aiguisé les divisions internes. Il a enfin conclu un accord minimal qui maintient en suspens les sujets conflictuels et qui pourrait être amélioré ultérieurement dans d’autres circonstances. Pour toutes ces raisons, le Hezbollah considère que l’accord qui doit être signé demain est une victoire pour le Liban, mais aussi pour lui, puisqu’il a réussi à éviter tous les pièges qui jalonnaient ce processus.
commentaires (13)
Madame Haddad, votre article ne nous apprend rien. Pour votre idole tout ce qu'il fait est considéré comme divin et victorieux
DJACK
18 h 49, le 27 octobre 2022