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Culture - Cinéma

Werner Herzog, retour sur l’œuvre d’un cinéaste allumé

Le cycle du cinéma allemand organisé par Metropolis et le Goethe-Institute rend hommage à l’un des plus grands cinéastes allemands en mettant en ligne, et cela jusqu’à la fin de l’année, ses films les plus célèbres.

Werner Herzog, retour sur l’œuvre d’un cinéaste allumé

« Fitzcarraldo » ou le combat avec la nature. Photo DR

Il a fêté ses 80 ans le 5 septembre. Et pour célébrer son immense talent, le Goethe-Institute, en association avec Metropolis, fait un retour sur cinq de ses plus grands films en les mettant en ligne : Leçons de ténèbres (1992) ; Le pays du silence et de l’obscurité (1972) ; Aguirre, la colère de Dieu (1972) ; Nosferatu, fantôme de la nuit (1979) et Fitzcarraldo (1982).

Avec Rainer Werner Fassbinder, Alexander Kluge, Edgar Reitz, Volker Schlöndorff et Wim Wenders, Werner Herzog appartient à la première génération du nouveau cinéma allemand.

Dans le Manifeste d’Oberhausen en 1962, ces jeunes cinéastes avaient renoncé au cinéma commercial et conservateur de l’après-guerre en République fédérale d’Allemagne – « Le vieux film est mort, nous croyons au nouveau », avaient-ils déclaré. Avec peu de moyens, ils ont réussi à tirer le plus d’authenticité possible et le plus grand effet esthétique. Herzog est l’un des représentants majeurs de ce nouveau cinéma allemand des années 1960-1970.

« Aguirre ou la colère de Dieu » avec son ennemi préféré : Klaus Kinski. Photo DR

Le vieux film est mort

Né à Munich en 1942, Werner Herzog Stipetić passe sa petite enfance dans un petit village bavarois, puis son adolescence à Munich. Il poursuit des études littéraires à l’université Louis-et-Maximilien de Munich. Il n’a jamais prétendu être cinéphile et, de son propre aveu, il n’a même pas vu beaucoup de films dans sa vie. « Je n’ai pas non plus étudié le cinéma, mais lorsque j’ai décidé un jour de faire des films, j’étais dans une grande colère, car je ne pouvais avoir les fonds nécessaires pour les payer, alors j’ai décidé de les produire moi-même en travaillant en parallèle comme soudeur dans une scierie… »

Il crée alors sa propre maison de production, la « Werner Herzog Filmproduktion » et commence à réaliser des courts-métrages. En 1968, il sort son premier long-métrage, Signes de vie, qui remporte l’Ours d’argent au Festival de Berlin. Ses trois films suivants : Les nains aussi ont commencé petits, Fata Morgana et Aguirre, la colère de Dieu sont présentés à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes et sont salués par le public. Il gagne ainsi la reconnaissance internationale en tant que représentant du nouveau cinéma allemand. En 1979, il réalise Nosferatu, fantôme de la nuit qui est aussi une relecture du personnage mis en scène par Murnau dans son Nosferatu.

« Nosferatu », une relecture du film de Murnau par Herzog. Photo DR

La nature et lui…

Dans ses premiers films, Herzog réinvente le cinéma. Plastiquement, son œuvre est proche du romantisme de Caspar David Friedrich, de l’expressionnisme allemand et du land art. Ce land art qui le met en fusion avec la nature, car Herzog aborde toujours les thèmes de la folie et de la cruauté de la nature, souvent entremêlés, notamment dans Aguirre. Avant même Christopher Nolan, le cinéaste allemand a sondé la dualité dans la nature humaine et la nature tout court. Sa nature, tout comme dans l’expressionnisme allemand, est chaotique, sombre et parfois cruelle. Il la défie, mais la regarde aussi avec émerveillement comme Fitzcarraldo qui escalade des montagnes, construit des dirigeables, crée des œuvres d’art et va là où personne n’est allé auparavant. Dans cette série de films, son acteur fétiche sera également son ennemi préféré. Pour Werner Herzog, Klaus Kinski, figure idéale de cette rébellion contre les limites naturelles et sociales de l’homme, jouera dans cinq de ses films avec toujours de la résistance mais aussi du génie.

Mais cette image héroïco-tragique du rêveur solitaire combattant la nature impitoyablement belle contraste avec une autre vision du monde cinématographique dans Le pays du silence et de l’obscurité. « Mes films, qui ne sont pas des documentaires, mais des longs-métrages déguisés, sont ce que je suis, dira le réalisateur dans une interview. J’ai toujours cherché à aller au-delà de la réalité et à atteindre une extase de la vérité. Une illumination. »

Werner Herzog peut être aussi doux que déterminé et inflexible. Aux critiques qui lui reprochaient de dépasser les limites morales et physiques dans son travail, il répondra : « Sur cinquante films (violents ?) que j’ai tournés, jamais un acteur n’a été blessé. On me dit sans scrupules et prenant des risques inutiles, mais mon équipe m’a toujours suivi dans mes aventures. Ils étaient tous volontaires. » Sa vision du cinéma était plutôt un engagement physique. Depuis quelques années, Werner

Herzog s’est mis à l’écriture. Il semble y prendre plus plaisir que dans ses films. « Je crois que je suis un meilleur écrivain qu’un cinéaste et mes livres survivront à mes films », dit-il.

Après Herzog on Herzog, une conversation avec Paul Cronin et d’autres essais, il publie en 2022 son premier roman qui raconte l’histoire de Hiroo Onoda, un soldat japonais qui, croyant que la guerre n’était pas finie, a défendu une petite île des Philippines pendant vingt-neuf ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans The Twilight World, Herzog immortalise et imagine les années de lutte absurde mais épique d’Onoda dans un style inimitable et hypnotique – mi-documentaire, mi-poème et mi-rêve – qui sera immédiatement reconnaissable par les fans de ses films. Ce conte à l’image de Robinson Crusoé des temps modernes est une méditation lumineuse sur le but et le sens que nous donnons à nos vies, car pour Herzog, cette vie est un grand théâtre qui frôle le fictif. C’est à chacun de donner la performance qu’il veut...

Films à visionner sur https://wernerherzog.goethe-on-demand.de/

Il a fêté ses 80 ans le 5 septembre. Et pour célébrer son immense talent, le Goethe-Institute, en association avec Metropolis, fait un retour sur cinq de ses plus grands films en les mettant en ligne : Leçons de ténèbres (1992) ; Le pays du silence et de l’obscurité (1972) ; Aguirre, la colère de Dieu (1972) ; Nosferatu, fantôme de la nuit (1979) et Fitzcarraldo (1982). Avec...

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