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Moyen-Orient - Disparition

Youssef al-Qaradaoui, éminence grise des Frères musulmans

L’influent théologien qatari d’origine égyptienne est mort lundi à l’âge de 96 ans.

Youssef al-Qaradaoui, éminence grise des Frères musulmans

Le cheikh Youssef al-Qaradaoui lors d’un prêche à la mosquée d’al-Azhar le 16 novembre 2012. Photo AFP

Il était considéré comme l’une des personnalités musulmanes contemporaines les plus influentes. Son programme télévisé al-Charia wal-hayat, diffusé sur la chaîne qatarie al-Jazeera, avait une audience estimée entre 40 et 60 millions de téléspectateurs à travers le monde.

Le cheikh Youssef al-Qaradaoui, prédicateur d’origine égyptienne, est mort hier à 96 ans. « L’imam Youssef al-Qaradaoui est décédé après avoir dédié sa vie à faire connaître l’islam et à défendre sa communauté », a annoncé lundi un post sur son compte Twitter.

Né le 9 septembre 1926 au sein d’une famille de paysans musulmans pieux et pratiquants, son père meurt alors qu’il n’avait que deux ans. Le jeune Youssef est élevé par son oncle paternel. À 10 ans, il aurait mémorisé le Coran. Il fait ses études scolaires à l’institut de la ville de Tanta, dépendant de l’Université al-Azhar, avant d’intégrer l’Université al-Azhar au Caire, terminant major de sa promotion en 1953. En 1973, il obtient un doctorat avec mention honorifique d’al-Azhar.

Il consacre ensuite la majeure partie de sa vie à l’enseignement. Qaradaoui est nommé dès 1961 responsable de l’Institut secondaire des études religieuses au Qatar. Il crée en 1973 le département des études islamiques à l’université du Qatar dont il devient président. Quelques années plus tard, il fonde la première université des préceptes et sciences islamiques du Qatar, dont il a été le doyen jusqu’à 1990. Il enseigne durant les années 1990 à l’université des sciences islamiques Émir Abdelkader à Constantine en Algérie. En 2004, il est administrateur du centre d’Oxford pour les études islamiques, chaire financée par l’émirat du Qatar. Le célèbre prédicateur était en outre président de l’Union internationale des savants musulmans. Parmi les membres de l’Union figurent le religieux saoudien Salmane al-Awdah, arrêté par les autorités saoudiennes en septembre 2017 et risquant la peine de mort, ainsi que le Tunisien Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahda.

Positions radicales

C’est toutefois pour ses positions raciales que le théologien d’origine égyptienne est connu. Il est présenté comme un « prédicateur islamiste » ou « prédicateur de l’islamisme radical ».

En octobre 2004, selon le journal saoudien Arab News, plus de 2 500 intellectuels musulmans de 23 pays ont signé une pétition adressée à l’ONU pour dénoncer l’utilisation de la religion comme incitation à la violence. Qaradaoui était mentionné parmi « les cheikhs de la mort », selon les signataires qui avaient défini ceux qui manipulent la religion pour inciter à la violence.

Le cheikh a été le premier dans le monde arabe sunnite à légitimer les opérations suicides du Hamas en 1995. Répondant à une question sur le sujet, il estime ainsi en 2004 que les « opérations martyres sont l’arme que Dieu a donnée aux pauvres pour combattre les forts ». La haine des juifs était l’un des piliers de son discours. « Tout au long de l’histoire, Allah a imposé (aux juifs) des personnes qui les puniraient de leur corruption. Le dernier châtiment a été administré par Hitler. (…) C’était un châtiment divin. Si Allah veut, la prochaine fois, ce sera par la main des croyants. » Ses prêches haineux visaient non seulement les juifs, mais aussi les chiites et les impérialistes. En 2013, Qaradaoui appelle les musulmans sunnites à rejoindre les rangs des rebelles en Syrie et fustige le Hezbollah, qu’il qualifie de « parti de Satan ».

Contradictions

Il a également été parmi les premiers ulémas islamiques à condamner les attentats du 11-Septembre 2001 aux États-Unis, alors qu’il défendait le chef d’el-Qaëda Oussama Ben Laden en tant que protecteur des musulmans opprimés contre la « méchanceté américaine et sioniste ». Lors de la crise autour des caricatures de Mahomet, il a appelé à manifester contre le Danemark, mais a condamné les attaques contre les ambassades occidentales. En 2001, Qardaoui voyage en Afghanistan à la tête d’un groupe de théologiens pour tenter de convaincre les talibans de renoncer à démolir les bouddhas de Bamiyan.

Selon une étude publiée par le Washington Institute, les différentes positions, parfois contradictoires, du prédicateur « sont probablement le résultat de son désir de préserver son statut actuel d’autorité islamique aux yeux des groupes islamiques radicaux, tels que les Frères musulmans et le Hamas, et des États arabes modérés » alliés des États-Unis. « Dans le calcul de Qaradaoui, ses positions métamorphosées lui donnent l’occasion d’accroître son importance aux yeux de tous les côtés », ajoute le rapport.

Frères musulmans

Youssef al-Qaradaoui est considéré comme l’un des pères spirituels et l’éminence grise des Frères musulmans, confrérie fondée en 1928 en Égypte. Il a été emprisonné en 1949, puis entre 1954 et 1956, et en 1962, dans son pays où les Frères musulmans sont considérés comme « terroristes », et encourt depuis 2015 la peine de mort pour appartenance à leur organisation. Interpol a lancé un mandat d’arrêt contre lui à la demande des autorités égyptiennes pour « incitation et assistance d’assassinat, assistance à l’évasion de personnes détenues, incendie criminel, vandalisme et vol ». Ces jugements « n’ont aucune valeur et ne peuvent pas être appliqués car ils sont contraires à la loi divine ainsi qu’aux règles et coutumes humaines », avait-il dénoncé à cette époque.

Qaradaoui a été déchu de sa nationalité égyptienne et possédait la nationalité qatarie. Il vivait depuis de longues années au Qatar qui ne s’est réconcilié que récemment avec l’Égypte présidée par Abdel Fattah el-Sissi, architecte du renversement du président issu des Frères musulmans Mohammad Morsi en 2013. Sa fille Ola al-Qaradaoui est elle-même poursuivie en Égypte pour « appartenance à une organisation interdite » et « participation à son financement ».

Persona non grata

Les positions radicales de Qaradaoui, notamment contre certains régimes arabes, ont conduit plusieurs pays à lui interdire le séjour sur leur territoire où il était considéré comme terroriste pour certains ou persona non grata pour d’autres. C’est le cas des Émirats arabes unis, du Bahreïn, des États-Unis et de la France. Le gouvernement britannique lui a même refusé en 2008 un visa d’entrée au Royaume-Uni pour traitement médical.

Le prédicateur qatari a publié plus de 120 ouvrages, dont Le licite et l’illicite en islam et L’islam, civilisation de demain. En 2015, le ministère saoudien de l’Éducation avait ordonné le retrait de près de 80 titres de Qaradaoui de toutes les écoles et universités du pays.

Source : rédaction

Il était considéré comme l’une des personnalités musulmanes contemporaines les plus influentes. Son programme télévisé al-Charia wal-hayat, diffusé sur la chaîne qatarie al-Jazeera, avait une audience estimée entre 40 et 60 millions de téléspectateurs à travers le monde. Le cheikh Youssef al-Qaradaoui, prédicateur d’origine égyptienne, est mort hier à 96 ans. « L’imam...

commentaires (1)

Il a vécu, n'a rien vu et rien compris puisqu'il a perdu 96 ans de sa vie a coté de la plaque. Que son âme repose en paix si le bon Dieu le voudra bien.

Pierre Christo Hadjigeorgiou

10 h 48, le 27 septembre 2022

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Commentaires (1)

  • Il a vécu, n'a rien vu et rien compris puisqu'il a perdu 96 ans de sa vie a coté de la plaque. Que son âme repose en paix si le bon Dieu le voudra bien.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    10 h 48, le 27 septembre 2022

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