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Lifestyle - Danse

Mazen Kiwan, inébranlable

Après trois « annus horribilis » passées entre un Covid qui a isolé et traumatisé le monde entier et une crise économique qui a embarqué le Liban vers l’inconnu, Mazen Kiwan, danseur, chorégraphe et fondateur du Beirut International Tango Festival et du Byblos Tango Festival, fait le pari très difficile de la continuité.

Mazen Kiwan, inébranlable

Mazen Kiwan, danseur, chorégraphe et fondateur du Beirut International Tango Festival et du Byblos Tango Festival. Photo Richard Sammour

Mazen Kiwan est un Libanais pure souche avec des racines familiales bien plantées à Bater dans le Chouf auquel il reste très attaché. Pourtant et après avoir démarré dans la danse contemporaine avec la troupe Caracalla, c’est à Paris, à partir de 1995, qu’il part approfondir cet art à l’Institut pédagogique d’art chorégraphique, et commence à apprivoiser le tango argentin en découvrant des maestros argentins parmi lesquels Pablo Veron et Gustavo Naveira. « Ces deux mondes se nourrissent l’un de l’autre, avoue-t-il, et nous aident à prendre conscience de l’espace, du corps humain et des lois de la gravité. Le tango, lui, favorise l’écoute de l’autre et de soi même, pour être dans l’instant. »


Nous sommes en 2000, Kiwan multiplie ses collaborations avec Irina Brook, actrice et metteure en scène franco-britannique de théâtre et d’opéra, notamment pour la pièce Résonances qui rafle deux Molières. Il intègre le monde du cinéma avec Claude Chabrol dans La demoiselle d’honneur ou encore Nadine Labaki dans Where do we go now ? qui le sollicitent pour danser dans leurs films. Alors que les différents talents de Mazen Kiwan s’épanouissent, c’est au Liban qu’il décide de les partager dès 2002 en invitant un groupe d’amis de nationalités différentes à découvrir son pays, et y organise des ateliers de tango. Cette première tentative, presque improvisée, qui emballe ses amis suédois, italiens et français, sera le moteur du premier festival de tango. Il lui faudra sept ans pour le concrétiser et lui donner une forme. Il se tiendra officiellement à Beyrouth en 2009.

Le Byblos Tango Festival, un rendez-vous que ne manqueront pas les amoureux de cette danse. Photo DR

Dès la première année, Mazen Kiwan ne lésine pas sur le choix des artistes, tous de grandes pointures du tango argentin, parmi lesquelles Carlos Espinoza & Noelia Hurtado, Horacio Godoy & Magdalena Gutierrez. Aujourd’hui, le danseur et chorégraphe célèbre, non sans une certaine fierté, les 10 ans du Beirut International Tango Festival et celui de Byblos qui soufflera sa 7e bougie cette année, du 23 au 25 septembre. Le cadre magique et intemporel de Byblos avait déjà séduit Mazen en 2015 et attiré les danseurs pour sa proximité avec la mer, ses rues piétonnes et, bien sûr, le plaisir d’y partager cette passion durant quelques jours.

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Un nouveau défi

Après trois années d’interruption dues au Covid, doublé d’une crise économique sans précédent au Liban, Mazen Kiwan décide de relancer ce défi, résolu à utiliser toutes les « bifurcations », tous les moyens possibles pour contourner les difficultés et concrétiser ce projet qui lui tient à cœur. « Un exercice au quotidien épuisant, déplore-t-il. Je dois être super créatif et au lieu de mettre mon énergie uniquement au service du festival, il faut jongler et régler les problèmes de pénurie d’essence, de courant, de billetterie, de visas, et j’en passe. »

Pas de deux pour Mazen Kiwan danseur, chorégraphe et fondateur du Beirut International Tango Festival et du Byblos Tango Festival. Photo Richard Sammour

Mais le danseur chorégraphe n’est pas un homme qui abandonne ou se laisse abattre par la morosité ambiante, surtout depuis la naissance de sa fille June, qui lui donne des ailes. Bien au contraire, c’est une évasion qu’il se promet d’offrir aux tangueras et tangueros libanais et étrangers qui en ont grand besoin. Pour cette édition, comme pour les précédentes, il propose des cours de tango, de valse et milonga avec des maestros, chacun issu d’un pays et d’une culture différents : Esref Tekinalp, turc, et sa partenaire française, Vanessa Gauch, seront au rendez-vous pour transmettre leur expérience et leur savoir-faire avec finesse. L’allemand Daniel Darius, professeur d’histoire du théâtre et de philosophie à la Sorbonne, guidera les pas de la danseuse Valérie Onnis avec qui il a fondé la compagnie Argos/Otro tango. Enfin, les Colombiens Cesar Brand et Elizabeth Cano, très actifs dans la communauté de tango à Dubaï, seront au rendez-vous pour communiquer l’essence de leurs abrazos, leurs étreintes. Cette belle palette d’artistes est résolue à enflammer la piste de danse avec ses prestations dans des milongas enivrantes. Durant trois jours, ces bals de tango auront lieu les après-midi et soirs sur une place charmante mise à la disposition du festival par la municipalité de Jbeil, qui assurera aussi l’approvisionnement en courant électrique. De son côté, l’ambassade d’Argentine au Liban se chargera de la moitié des frais des billets d’avion des artistes et musiciens. Il s’agit surtout d’un soutien pour maintenir ces projets culturels menacés par l’effondrement du pays.

« Renaceré »

Enfin, le festival débutera par un magnifique concert qui se tiendra le 22 septembre au MusicHall. Sans hésiter, Mazen Kiwan et le pianiste Roger Hélou, dont ce n’est pas la première prestation au Liban, choisissent de nommer cet événement musical Renaceré, je renaîtrai. Une promesse de renaissance et un moment de bonheur garanti avec à l’affiche le chanteur auteur et compositeur Hernán Genovese, qui sera entouré de cinq musiciens internationaux. Les trois couples de danseurs accompagneront le bandonéon, la contrebasse, le piano et le violon dans un dialogue parfait. Une soirée unique à ne pas manquer pour redécouvrir le tango poétique, le tango feu et passion. Mais aussi le tango message d’une résistance culturelle indispensable.

*Le 22 septembre à 20 heures 30 au MusicHall : « Renaceré Tango Show ». Billets en vente aux librairies Antoine. Du 23 septembre au 25 septembre : Byblos Tango Festival à Jbeil. À partir de 20 heures 30. Pour toute information : 03011782

Mazen Kiwan est un Libanais pure souche avec des racines familiales bien plantées à Bater dans le Chouf auquel il reste très attaché. Pourtant et après avoir démarré dans la danse contemporaine avec la troupe Caracalla, c’est à Paris, à partir de 1995, qu’il part approfondir cet art à l’Institut pédagogique d’art chorégraphique, et commence à apprivoiser le tango argentin en...
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