Les juges libanais prêts à mettre fin à leur grève s'ils sont payés au taux de Sayrafa

Un groupe de juges libanais a déclaré samedi qu'ils étaient prêts à mettre fin, pour une période déterminée, à leur grève qui dure depuis deux mois si leurs salaires étaient payés temporairement au taux de change de la plateforme Sayrafa de la Banque du Liban (BDL). Dans une déclaration signée "Les juges du Liban", ils ont exprimé leur mécontentement quant aux salaires reçus en août, qui "valent entre 95 et 235 dollars selon le taux de change du jour".

Les magistrats ont bénéficié d'une légère augmentation de leurs salaires en juin, lorsqu'une décision mystérieuse de la banque centrale leur a permis de retirer leurs salaires au taux de 8.000 livres libanaises pour un dollar plutôt qu'au taux de change officiel de 1 507,5 LL. Toutefois, leurs émoluments sont revenus à la normale en juillet et août après que la décision apparemment unilatérale de la BDL a fait polémique, car d'autres fonctionnaires ont également demandé à être payés selon le même mécanisme, et certains ont qualifié cette décision de "pot-de-vin" versé au pouvoir judiciaire.

Dans leur déclaration, les juges ont également indiqué qu'ils n'ont décidé d'arrêter de travailler qu'après trois ans de "négligence constante de la part des deux autres autorités [les branches exécutive et législative du gouvernement]". Ils ont accusé les responsables politiques de "décrire à tort" la situation actuelle comme une "crise", alors qu'il ne s'agit en fait que d'un "échec".

Les juges ont également affirmé qu'ils ne reculeront pas jusqu'à ce que leurs revendications soient entendues, à savoir leur droit à un salaire au "taux de change réel", avec une compensation pour les trois dernières années qui peut, selon eux, "être facilement déterminée". Ils se disent prêts à suspendre leur grève pendant deux mois si leur salaire est payé temporairement au taux de change de la plateforme de la BDL.

La BDL publie presque quotidiennement son propre taux de change, qui est en général légèrement inférieur au taux du marché. Samedi, le taux de la plateforme de la banque centrale était de 27,600 LL pour un dollar, tandis que le marché parallèle se situait autour de 34,200 LL. Le taux officiel, auquel les fonctionnaires sont payés, reste de 1,507,5 LL pour un billet vert.

Les juges ont insisté, en outre, pour qu'une loi sur l'indépendance de la justice soit adoptée et ont déclaré que le projet de loi actuel sur le contrôle des capitaux "détruira ce qui reste des dépôts des gens". Mardi, le vice-président du Parlement, Elias Bou Saab, chargé de gérer l'adoption d'une telle loi, a affirmé que les discussions autour du texte ont été suspendues jusqu'à ce que le cabinet se mette d'accord sur un plan de réforme complet, suite aux critiques et aux protestations contre la dernière version de la législation.

"Les juges du Liban" ont conclu leur déclaration en exprimant leur gratitude pour les efforts de tous ceux qui contribuent à trouver des solutions, mais leur ont "demandé de ne pas perdre leur temps avec moins que ce qui est requis ci-dessus, car cela ne fonctionnera pas".