Ibrahim Hoteit, porte-parole d’une partie des familles des victimes de la double explosion au port de Beyrouth, qui représente le point de vue du tandem chiite Hezbollah-Amal, s’est attaqué mardi au juge d’instruction près la Cour de justice chargé de l’affaire, Tarek Bitar, lui demandant de se récuser, pour cause de « complot » contre les proches des victimes.
M. Hoteit, qui s’était dissocié en octobre dernier du comité représentant la majorité des proches des victimes, quelque temps après avoir vraisemblablement été intimidé et agressé par des partisans du chef du Parlement et du mouvement Amal, avait alors aussitôt appelé le juge Bitar à se mettre à l’écart du dossier.
Mardi, lors d’une conférence de presse tenue à l’occasion de la deuxième commémoration de l’explosion, il a rappliqué en interpellant le juge en des termes très violents : « Vous n’êtes pas seulement arbitraire et politisé, mais vous complotez contre notre cause. (…) Laissez-nous tranquilles, vous êtes désormais notre adversaire, vous ne pouvez pas poursuivre l’enquête. Vous devriez avoir honte de vous, présentez votre démission. » Cet appel fait écho à la campagne menée contre le juge Bitar par Amal et le Hezbollah, dont sont proches des responsables mis en cause dans l’enquête du juge Bitar, à l’instar des députés Ghazi Zeaïter et Ali Hassan Khalil (bloc Amal).
Lui-même frère d’une victime, M. Hoteit a exposé des faits sur base de documents qu’il affirme avoir consultés, présentant plusieurs fonctionnaires actuellement sous les verrous – à l’instar de Abdel Hafiz Kaïssi, ancien directeur général du ministère des Transports, et Chafic Merhi, ancien chef des douanes – comme ayant correctement rempli les obligations de leurs charges, et n’ayant rien à se reprocher. Il a également défendu l’ancien ministre des Transports, Youssef Fenianos, objet d’un mandat d’arrêt dans la même affaire. Il s’est en revanche demandé pourquoi l’ancien ministre de la Justice sous le gouvernement de Tammam Salam, Achraf Rifi (actuel député), n’a pas été interpellé, alors que, selon lui, il avait reçu une correspondance évoquant la présence du nitrate d’ammonium stocké au port (et dont l’explosion est à l’origine de la catastrophe).
M. Hoteit a par ailleurs rejeté la responsabilité du débarquement du nitrate d’ammonium sur la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), qui patrouillait au large du port de Beyrouth selon lui, ainsi que sur l’armée (et son commandant en chef de l’époque, le général Jean Kahwagi), qui avait alors jugé que ces produits n’étaient pas illégaux. Il a également placé dans son collimateur le juge des référés à l’époque des faits Jad Maalouf. Ce dernier a été interrogé par le parquet de cassation, mais ne fait pas l’objet de poursuites.
M. Hoteit, qui...
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