
Le patriarche maronite Mgr Béchara Raï recevant le député Nadim Gemayel, à Dimane (Liban-Nord), le 20 juillet 2022. Photo tirée du compte Twitter du Patriarcat @bkerki
La convocation et la détention de l'archevêque maronite libanais de Haïfa et Jérusalem Moussa el-Hage par le tribunal militaire, à son retour d'un déplacement en Israël, a suscité mercredi l'indignation parmi la classe politique chrétienne.
En sa qualité de religieux, le prélat est théoriquement autorisé à visiter Israël et les Territoires palestiniens, mais à l'issue de son dernier déplacement il a été détenu pendant huit heures, lundi à son retour. Puis il a été convoqué par un tribunal militaire pour un interrogatoire mercredi, ont rapporté les médias locaux.
En réaction, le patriarche maronite Béchara Raï a tenu en fin d'après-midi une réunion exceptionnelle avec d'autres religieux maronites, dont l'archevêque Moussa. Les prélats ont condamné son arrestation et sa convocation, qualifiées de "farce", et ont demandé que l'affaire soit "close immédiatement". "Nous exigeons (...) que l'aide confisquée soit restituée à l'archevêque afin qu'elle puisse parvenir à ses bénéficiaires", indique le communiqué.
Samir Geagea, qui dirige le plus grand bloc parlementaire chrétien, a condamné l'arrestation du prêtre. "Il est totalement incompréhensible que la Sûreté générale arrête (...) l'archevêque Moussa el-Hage", a déclaré M. Geagea dans un communiqué.
Le député du parti Kataëb Nadim Gemayel, qui s'est rendu au siège estival du patriarcat à Dimane en signe de solidarité, a, lui, estimé que cette arrestation "porte atteinte à l'église maronite".
Le Courant patriotique libre (CPL), fondé par le chef de l'État Michel Aoun, a de son côté "condamné" l'arrestation et la convocation de l'archevêque et demandé une "rectification immédiate de cette grave erreur" commise à l'encontre de Mgr Hage.
L'archevêque n'a pas comparu mercredi, après avoir été accusé par le tribunal militaire d'avoir "enfreint la loi de boycott d'Israël", a indiqué une source proche du dossier à l'AFP. Il apportait de l'aide des libanais en Israël à leurs proches frappés par la crise économique, a ajouté le responsable sous couvert d'anonymat.
Les personnalités religieuses chrétiennes sont autorisées à visiter Israël et les Territoires palestiniens dans le cadre de leurs fonctions, le patriarche maronite du Liban s'étant rendu à Jérusalem en 2014. Les citoyens libanais ordinaires n'ont pas le droit de se rendre en Israël.
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