Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Semaine de la haute couture

Valentino retrouve ses sources romaines

Espagnole et gitane, Juana Martin consacrée à Paris.

Valentino retrouve ses sources romaines

Femmes et hommes, de toutes les couleurs de peau, de tous les âges et de toutes les tailles : cent mannequins ont posé sur les escaliers de la place d’Espagne à Rome, image forte en clôture du défilé, vêtus de la nouvelle collection haute couture automne-hiver 2022-2023 de Valentino. Andreas Solaro/AFP

Cent mannequins – femmes, hommes, de toutes les couleurs de peau, de tous les âges et de toutes les tailles – posant sur les escaliers de la place d’Espagne à Rome vêtus de la nouvelle collection haute couture de Valentino : c’est par cette image forte que le défilé-événement de la collection automne-hiver 2022-2023 de la maison romaine s’est achevé vendredi dernier au cœur de la « Ville éternelle », clôturant la Semaine de la haute couture ouverte le lundi précédent à Paris. Une exception (Valentino défile normalement à Paris) voulue par Pierpaolo Piccioli, directeur artistique de la maison depuis 2008, pour célébrer les origines et la relation vive et quotidienne de Valentino avec Rome. « Pour cette collection, que j’ai intitulée The Beginning

(Le Commencement), j’ai ressenti le besoin d’avoir une conversation imaginaire avec monsieur Valentino. Je n’ai jamais cherché à détruire pour créer la nouveauté », a expliqué Piccioli. « La beauté est une réponse à la démocratie qui est menacée », a-t-il déclaré. « Je voulais que dans le lieu le plus symbolique de Rome, au milieu des monuments, la photographie finale de mon défilé montre ses visages, ses corps, ses couleurs de peau qui peuplent les périphéries de nos grandes villes mais qui ne font pas encore partie de la photographie officielle et institutionnelle du monde », a-t-il poursuivi. Sur le podium, les créations ont démontré la vision du couturier qui revendique une haute couture « dont on ne perçoit pas les efforts derrière la beauté des pièces, comme une simplicité apparente qui cache toute la maestria des ateliers ». Des grandes roses en taffetas de soie aux plumes recouvrant manteaux et chapeaux, des microrobes aux créations volumineuses, le pêle-mêle de Piccioli pioche dans l’univers de la maison et l’emmène dans la contemporanéité.

À Paris, avec l’actrice espagnole et icône de mode Rossy de Palma dansant le flamenco sur fond de guitare en ouverture du défilé, la créatrice Juana Martin est entrée dans l’univers élitiste de la haute couture. Elle est la première femme espagnole à pénétrer dans ce monde feutré. Celle qui porte depuis 15 ans les couleurs et le savoir-faire de son Andalousie natale est aussi la seule femme gitane parmi ce sommet des créateurs. Seuls trois autres Espagnols – Cristobal Balenciaga, Paco Rabanne et Josep Font – se sont distingués dans la haute couture. La collection est presque entièrement en noir. Les cuirs repoussés de Cordoue argentés et les massives boucles d’oreilles en argent en forme de rose lui apportent la « lumière d’Andalousie », a-t-elle expliqué. La profusion de volants évoque les robes de flamenco, mais de façon subtile. Les coupes asymétriques et les chaussures plates les décalent et les rendent modernes. Des robes aux manches volumineuses et sculpturales côtoient des robes droites et des vestes « oversize » très modernes et portables. Les chapeaux andalous, à l’image de celui porté par la créatrice avec un tailleur-pantalon, sont exagérés et ajourés.

Optimisme et légèreté chez Fendi

Après les robes monumentales inspirées des sculptures romaines, le styliste britannique de la maison Fendi Kim Jones a opté pour la pureté des lignes, la légèreté et la transparence pour sa collection. Kyoto « est le point de départ pour cette collection », souligne le créateur, ayant inspiré des robes longues et près du corps avec des panneaux de soie assemblés de façon asymétrique. Kim Jones, qui est également styliste des collections homme chez Dior, apporte ici une touche masculine avec des tailleurs couleur caramel. Les petites robes « cages » scintillantes sont un clin d’œil à l’architecture parisienne. Les robes en tulle brodée sont aériennes et transparentes. La palette est discrète avec beaucoup de couleur chair qui ne fait que souligner l’effet de nudité et la finesse des broderies. Jaune électrique, vert, rose : des couleurs vives sont utilisées pour des robes longues de soirée au dos nu.

Olivier Rousteing : sur les pas de Gaultier

Seins pointus rendus célèbres par Madonna, mais aussi corset féminin accroché au pénis et bustes moulés de femme enceinte : le styliste Olivier Rousteing a interrogé avec humour la question du genre avec sa collection faite pour Jean-Paul Gaultier. Ce sont des hommes en combinaison moulante bariolée ou à motif marinière, juchés sur de fortes semelles compensées, qui ont ouvert le défilé, chose inédite pour une collection de la haute couture qui est réservée presque exclusivement aux femmes. « On ne peut pas avoir un défilé Gaultier sans avoir l’homme et la femme. Il s’est battu pour le genre, pour les genres. Je ne pouvais pas faire un défilé cliché », a déclaré Olivier Rousteing, également directeur artistique de la maison Balmain.

Stéphane Rolland : Barbara dans la peau

C’est au théâtre du Châtelet, où Barbara a donné son dernier concert, que le couturier Stéphane Rolland a organisé son émouvant défilé dédié à la chanteuse. Le podium est noir et blanc comme des touches de piano, où des robes rouge coquelicot font irruption. « Depuis que je suis enfant, j’aime Barbara, une artiste exceptionnelle. Elle est envoûtante, passionnante comme personnage. Inconsciemment, elle fait partie de mes références quand je dessine », a déclaré le créateur. Icône de la mode, la chanteuse avait un style très reconnaissable, mais dans ce défilé, l’idée du couturier n’était pas de faire du « copié-collé ». Il voulait raconter son tempérament entre la finesse et le côté « animal, sauvage et instinctif ». Des robes asymétriques aux impressionnants volumes côtoient ainsi des pièces épurées d’apparence toute simple. Le mouvement des traînes rend hommage au langage corporel de Barbara. Une partie de la collection est inspirée de l’Afrique avec des « scarifications » reproduites sur des robes, des enfilades de bracelets qui sont sculptés dans la mousse et gainés en jersey, des colliers masaï...

Dior a célébré le retour à la vie avec des robes présentées dans une mise en scène imaginée par une artiste ukrainienne. Geoffroy Van der Hasselt/AFP

Le chic équestre de Chanel

Avec des bottes santiags qui décalent tailleurs longs et robes de soirée, Chanel a continué à explorer l’univers équestre le temps de son défilé haute couture. Le thème fait écho au précédent défilé haute couture en janvier dernier. « Je m’inscris dans une continuité par rapport au défilé précédent, tout en laissant la place à l’expérimentation », a souligné la directrice artistique Virginie Viard. Pas de galop dans le manège cette fois-ci, mais de l’espoir avec le premier look, toujours soigneusement choisi par les créateurs, qui porte le message de la collection : un tailleur vert éclatant, veste courte et jupe mi-longue à boutons qui s’ouvre sur des bottes noires. Deux autres tenues longues, une robe vert olive et un ensemble vert émeraude, se détachent du code couleur habituel de Chanel. Les bottes santiags accompagnent la plupart des tenues, comme des tailleurs en tweed plutôt longs ou des robes du soir aériennes. Des pantalons raccourcis et certaines robes plus courtes se portent, en revanche, avec des escarpins Salomé. Des épaules rondes, des dos carrés, des broderies aux motifs géométriques font également penser aux années 1930, tout en adressant un clin d’œil aux années 1970. Hommage à la tradition des défilés haute couture, de moins en moins respectée : une robe de mariée a clôturé le show avec une sorte de châle à frange et des chaussures noires.

Le défilé « équestre » de Chanel, sublimé par les bottes santiags. Christophe Archambault/AFP

Anniversaires pour Valli et van Herpen

L’Italien Giambattista Valli a, lui, fêté ses 10 ans de haute couture avec 51 robes du soir, quelques heures après le défilé futuriste de la Néerlandaise Iris van Herpen pour les 15 ans de sa maison. Giambattista Valli a fait sensation en présentant des robes brodées de perles, de cristaux et de plumes d’autruche pour des looks résolument glamour. Une robe de bal en faille de soie chocolat, une minirobe en dentelle ornée de pétales d’organza ou un ensemble composé d’un manteau brodé de sequins dorés sur un pantalon assorti ont aussi été présentés. Quant à Iris van Herpen, elle est connue pour ses créations futuristes à partir d’impressions 3D. Cette passionnée de sciences s’est inspirée des Métamorphoses d’Ovide pour créer 16 silhouettes spectaculaires. À l’heure du métavers, sa collection s’intitule Meta Morphism, en référence aux nombreuses identités que l’on peut avoir dans le monde virtuel. Son univers à elle mêle passé et présent, mythologies et visions futuristes, parures organiques et ultratechnologiques, comme cette robe arachnéenne composée d’un bustier sur lequel sont fixés des fils blancs flottant et épousant le corps en mouvement. Le mythe de Narcisse est revisité avec un long kimono blanc, sur lequel sont brodés des visages, ou une majestueuse robe noire près du corps sur laquelle apparaissent les contours de visages de profil.

Le couturier Stéphane Rolland a organisé un émouvant défilé dédié à la chanteuse Barbara. Christophe Archambault/AFP

Dior dans les paysages d’une artiste ukrainienne

Rester positif : Dior a célébré le retour à la vie avec des robes présentées dans une mise en scène imaginée par une artiste ukrainienne évoquant des paysages de son pays, recouverts de broderies aux motifs traditionnels. Couleurs naturelles, matières mates, broderies sophistiquées et patchwork de dentelles : Maria Grazia Chiuri, directrice artistique des collections femme de Dior, a mis en avant la sobriété et le raffinement, célébrant le geste artisanal dans cette collection qu’elle veut « anti-bling-bling ». L’état d’esprit qui a guidé cette collection « est complexe : le Covid-19, ce n’est pas encore fini, il y a une guerre en Europe. Je suis sensible par rapport à tout ce qui nous arrive », a déclaré la créatrice italienne. « C’est essentiel de rester positifs. À travers la difficulté, on renaît », souligne-t-elle. Elle a invité pour créer le décor du défilé Olesia Trofymenko, artiste ukrainienne de 39 ans. « J’ai été frappée par ses images à travers lesquelles on perçoit, malgré la guerre, le désir de renaître », souligne-t-elle. Sur les vêtements, la broderie, qui incarne pour Maria Grazia Chiuri le geste créatif et la transmission, est omniprésente avec des fils de coton, de soie, de corde ou avec du raphia. La chemise brodée ukrainienne n’est pas directement citée, mais évoquée indirectement dans des motifs de chemises et constructions de silhouettes dont certaines rappellent ces vêtements folkloriques. Les robes arborent des patchworks de galons de dentelle. Les robes en mousseline de soie, longues et légères, épousent le corps dans un jeu de smocks.

Pour sa collection haute couture, Kim Jones, styliste de la maison Fendi, a opté pour la pureté des lignes, la légèreté et la transparence. Christophe Archambault/AFP

Le défilé Schiaparelli théâtral et provocant

Ses tenues surréalistes choquaient il y a presque un siècle, et ses idées inspirent désormais les icônes du style : l’Italienne Elsa Schiaparelli a été mise en lumière à l’occasion de la Semaine de la haute couture, démarrée avec un défilé théâtral de sa maison. Chapeaux énormes, bijoux surdimensionnés, tenues sexy : le défilé s’est déroulé au musée des Arts décoratifs de Paris, où une exposition, intitulée « Shocking ! », sur les mondes surréalistes de la styliste (1890-1973), a débuté mercredi dernier. Ont défilé des femmes en tailleurs corsetés ou portant des robes dévoilant le corps avec des dos nus, des décolletés plongeants cachés par des bijoux, des hauts transparents ou des bas et soutien-gorge portés comme éléments apparents des looks de soirée. La mode est qualifiée de « bête », mais elle est aussi « provocante, bouleversante », elle « peut couper le souffle », a déclaré le créateur américain Daniel Roseberry, nommé en 2019 et auquel la maison Schiaparelli doit son grand succès. Elsa Schiaparelli est contemporaine de Gabrielle Chanel, mais est beaucoup moins connue.

Source : AFP

Cent mannequins – femmes, hommes, de toutes les couleurs de peau, de tous les âges et de toutes les tailles – posant sur les escaliers de la place d’Espagne à Rome vêtus de la nouvelle collection haute couture de Valentino : c’est par cette image forte que le défilé-événement de la collection automne-hiver 2022-2023 de la maison romaine s’est achevé vendredi dernier au...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut