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Moyen-Orient - Reportage

Depuis Idleb, la route du hajj est semée d’embûches

Pour coordonner les différents groupes de pèlerins, des bureaux ont été ouverts au Liban, en Turquie, en Égypte, en Jordanie et dans les zones frontalières du nord-ouest de la Syrie.

Depuis Idleb, la route du hajj est semée d’embûches

Des membres du comité supérieur du hajj lors d’une rencontre à Idleb. Abdel Majid el-Karh

Oum Ghassan attend ce moment depuis dix ans. Alors que le hajj a débuté hier en Arabie saoudite, cette Syrienne de 63 ans a encore du mal à réaliser qu’elle fait enfin partie du voyage. Déplacée d’Alep et vivant aujourd’hui à Idleb, oum Ghassan s’était inscrite pour la première fois en 2019 avec son mari, mais avait dû renoncer à poursuivre la procédure en raison de l’augmentation du coût du séjour de 2 200 à 3 000 dollars. En 2020, c’est la pandémie du Covid-19 qui met un point d’arrêt à leur nouvelle candidature : jusqu’à cette année, l’accès à La Mecque n’est permis qu’aux pèlerins résidant en Arabie saoudite. « Après la mort de mon mari, il y a un an et demi, j’espère vraiment pouvoir accomplir le hajj cette année avec un de mes enfants », confie oum Ghassan. Cette fois, la vieille dame s’est préparée à débourser 4 000 dollars, le montant qu’elle avait mis de côté il y a trois ans avec son époux.

L’un des cinq piliers de l’islam, le hajj doit être accompli par tous les musulmans qui en ont les moyens physiques et financiers au moins une fois dans leur vie. Il consiste en une série de rites religieux à accomplir pendant cinq jours dans la ville la plus sacrée de l’islam, La Mecque, et dans les régions environnantes de l’ouest de l’Arabie saoudite. Le 11 avril dernier, le comité supérieur du hajj de la coalition syrienne à Idleb a annoncé dans un communiqué qu’il était prêt à organiser la saison du hajj 1443 (selon le calendrier de l’Hégire).

Issu de la coalition nationale des forces révolutionnaires et d’opposition syriennes, le comité supérieur du hajj est le fruit d’un accord avec le ministère saoudien du Hajj. Signé en 2013, soit six mois après la fermeture de l’ambassade d’Arabie à Damas en 2012 suite à la répression du soulèvement syrien par le régime de Bachar el-Assad, l’entente place l’intégralité des procédures pour les pèlerins syriens – indépendamment de leur affiliation politique et origine géographique – sous la houlette du comité. Depuis, cette décision est régulièrement dénoncée par Damas, estimant que la gestion des procédures pour le pèlerinage est utilisée par le royaume à des fins politiques.

Obstacle supplémentaire

En 2017, le site indépendant Enab Baladi avait déjà rapporté qu’une circulaire avait été émise par les autorités pour autoriser les Syriens ayant obtenu des visas pour l’Arabie saoudite à quitter le pays seulement après que leur dossier a été passé en revue par les services de renseignements de la branche 235, dite « branche Palestine ». En avril dernier, le ministère syrien des Dotations religieuses a de nouveau insisté sur le fait qu’il était le seul organisme habilité à gérer le dossier, dénonçant « toutes les déclarations diffusées sur les réseaux sociaux sur les procédures d’organisation en groupes en Syrie pour le hajj ». « Ces propos sont incorrects et émis par des parties hostiles au peuple syrien », avait-il insisté.

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Les tâches du comité comprennent la demande, l’enregistrement, la délivrance des visas nécessaires et le suivi des opérations de transport et de logement. Pour coordonner les différents groupes de pèlerins, des bureaux ont été ouverts au Liban, en Turquie, en Égypte, en Jordanie et dans les zones frontalières du nord-ouest de la Syrie pour faciliter l’enregistrement et la circulation dans l’un ou l’autre des pays. Alors que le quota de pèlerins syriens a été fixé cette année à 10 186 personnes par les autorités saoudiennes, le comité a souligné que la priorité sera donnée aux candidats pour la saison 2020 qui ont été acceptés, mais dont seront exclus ceux qui ont dépassé l’âge de 65 ans. De nouvelles candidatures devaient être acceptées par tirage au sort. Au total, un million de pèlerins vaccinés contre le Covid-19 sont attendus à La Mecque cette année.

Si la procédure s’est compliquée dans le sillage des restrictions sanitaires, les Syriens en provenance du nord-ouest du pays font face à des obstacles supplémentaires pour obtenir leurs papiers d’identité faute de bureaux officiels dans les zones tenues par l’opposition. « Après avoir réuni le montant requis d’environ 3 000 dollars, j’ai obtenu mon passeport avec difficulté dans les zones contrôlées par le régime et pour un coût de 400 dollars », explique Jamal Ayoub Mastou, qui s’était inscrit pour effectuer le hajj avec le groupe « al-Baha’ wal Naqa’ » en 2020 et qui part cette année avec sa femme et sa sœur. « Les papiers de mes enfants ne sont plus valides et les renouveler coûte cher », explique pour sa part oum Ghassan. « Ma seule option est de voyager avec mon fils Oussama, qui vit en Turquie. Je ne l’ai plus revu depuis 2014, j’espère que nous pourrons accomplir le hajj ensemble cette année. »

Oum Ghassan attend ce moment depuis dix ans. Alors que le hajj a débuté hier en Arabie saoudite, cette Syrienne de 63 ans a encore du mal à réaliser qu’elle fait enfin partie du voyage. Déplacée d’Alep et vivant aujourd’hui à Idleb, oum Ghassan s’était inscrite pour la première fois en 2019 avec son mari, mais avait dû renoncer à poursuivre la procédure en raison de...
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