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Politique - Décryptage

La rencontre arabe à Beyrouth, un début de normalisation avec Riyad ?

La rencontre arabe à Beyrouth, un début de normalisation avec Riyad ?

Le président du Parlement Nabih Berry recevant le chef de la diplomatie qatarie, cheikh Mohammad ben Abdel Rahman al-Thani, hier à Aïn el-Tiné. Photo Hassan Ibrahim

C’est à dix heures ce matin, à l’hôtel Habtoor, que doit s’ouvrir la rencontre consultative arabe qui se déroule au Liban sous la houlette du secrétaire général de la Ligue, Ahmad Aboul Gheit. En principe, cette réunion doit regrouper les ministres arabes des Affaires étrangères, mais certains États, dont l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Irak, Bahreïn et le sultanat d’Oman, ont préféré envoyer leurs représentants permanents au sein de la Ligue. Par contre, les ministres des AE du Koweït, du Qatar, de Jordanie, de Tunisie, d’Algérie, de la Palestine, du Yémen, de la Somalie et du Soudan y participeront en personne.

Selon le ministère libanais des Affaires étrangères, tous les pays arabes seront en tout cas représentés, sauf la Syrie, dont la participation à la Ligue arabe est toujours suspendue. En principe, il s’agit d’une rencontre consultative de préparation du prochain sommet arabe qui doit se tenir en octobre en Algérie. Elle devrait être suivie d’une autre rencontre du même genre pour fixer l’ordre du jour de ce sommet. Il n’y aura pas de thème précis à discuter, chaque participant pouvant aborder la question qui lui paraît la plus pressante ou importante pour son pays. Le Liban pourrait ainsi soulever la question des déplacés syriens sur son territoire, car il n’est tenu par aucune obligation précise.

Pas de changement dans l’approche saoudienne

Mais, au-delà des sujets qui seront discutés, cette rencontre revêt une importance particulière dans son timing et le lieu où elle se tient, à un moment où les relations du Liban avec certains États du Golfe, royaume saoudien en tête, connaissent des remous. La participation de tous les pays arabes, même au niveau des délégués permanents auprès de la Ligue, peut-elle être considérée comme un pas en avant dans les relations du Liban avec les monarchies du Golfe ? Les avis sont partagés sur la question. D’un côté, les parties politiques libanaises proches des dirigeants saoudiens estiment qu’il n’y a aucun changement dans l’attitude du royaume à l’égard du Liban. Depuis l’éclatement à l’automne dernier de la crise dite du ministre de l’Information de l’époque Georges Cordahi (qui avait critiqué l’ingérence saoudienne dans le conflit yéménite), les relations entre Riyad et Beyrouth se sont nettement détériorées. En dépit de la démission du ministre Cordahi et des efforts déployés par le Liban pour tenter d’amadouer les dirigeants saoudiens, notamment en intensifiant la lutte contre le trafic de stupéfiants en direction du royaume, les relations sont restées au stade minimal. Les dirigeants saoudiens ne cachent pas en effet leur mécontentement face à ce qu’ils appellent « l’influence grandissante du Hezbollah au sein de l’État libanais ». Leur ambassadeur au Liban Walid Boukhari, qui est d’ailleurs resté longtemps absent de Beyrouth, y est revenu depuis quelques mois, mais a limité ses rencontres avec les pôles du pouvoir à l’aspect protocolaire. Pour ces parties politiques, le fait que le ministre saoudien des AE ne participe pas à la réunion est un signe suffisant pour affirmer que la position du royaume reste la même. C’est vrai que Riyad n’a pas appuyé jusqu’au bout la désignation de l’ambassadeur Nawaf Salam pour la présidence du Conseil, facilitant indirectement celle de Nagib Mikati, mais cela ne signifie pas qu’il a changé sa position à l’égard des dirigeants libanais qu’il considère sous la coupe du Hezbollah.

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Tendance à l’apaisement

Toutefois, d’autres parties libanaises, proches du tandem chiite Amal-Hezbollah, donnent un autre son de cloche. Pour celles-ci, les dirigeants saoudiens auraient pu réclamer l’annulation ou le report de la réunion au Liban, ils sont suffisamment influents au sein de la Ligue pour pouvoir le faire. Ou, à tout le moins, ils auraient pu ne pas y participer. Ils auraient pu encore se contenter de s’y faire représenter par leur ambassadeur à Beyrouth. Le fait qu’ils aient décidé d’envoyer un représentant peut donc être considéré comme une attitude moins négative à l’égard du Liban. De même, la visite de l’ambassadeur saoudien il y a quelques jours à l’uléma Ali Fadlallah à Haret Hreik (banlieue sud) a été perçue par les milieux politiques comme un pas en direction de la communauté chiite surtout que M. Boukhari a déclaré sur place que le royaume n’a pas de problème avec elle. Or l’uléma Ali Fadlallah est considéré comme proche du Hezbollah, lequel est classé comme organisation terroriste par les Saoudiens. De toute façon, cette visite intervient après celle effectuée par le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane en Jordanie et la publication d’un communiqué conjoint qui évoque le Liban mais sur un ton plus conciliant. Sans vouloir sauter aux conclusions ou faire preuve d’optimisme injustifié, ces parties proches du Hezbollah considèrent que la tendance dans la région est plutôt à l’apaisement, non à la confrontation, et cela ne peut qu’avoir des répercussions sur le Liban. Certes, la tenue de cette rencontre consultative arabe à Beyrouth ne peut pas être considérée comme un signe du retour à la normale des relations du Liban avec les États du Golfe. Le chemin est encore long pour y arriver, mais il s’agit d’un premier pas dans cette direction. Pour ces mêmes parties, la véritable clé de la normalisation des relations libano-saoudiennes se trouve au Yémen... qui se fait d’ailleurs représenter à la rencontre d’aujourd’hui par le ministre des Affaires étrangères « légitime », c’est-à-dire appartenant au camp appuyé par les Saoudiens et leurs alliés.

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Le chef de la Ligue arabe espère des mesures concrètes

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Gheit, a exprimé l’espoir hier, peu après son arrivée à Beyrouth, que la réunion consultative des ministres arabes des Affaires étrangères permettra de « conclure un accord sur les mesures à prendre dans l’avenir », alors que l’organisation tient à Alger un sommet à l’automne. M. Aboul Gheit a espéré que « la réunion suscitera des actions et qu’un accord sera conclu sur les mesures à prendre dans l’avenir », ajoutant que « tous les pays arabes participeront à la réunion, à l’exception de la Syrie dont l’adhésion est suspendue ». Le chef de la Ligue arabe a également noté qu’« il n’y pas d’ordre du jour ni d’idées précises » fixés en amont de la rencontre. « Chaque ministre proposera une idée partant du point de vue de son pays », a-t-il expliqué. À l’instar du chef de la Ligue arabe, plusieurs ministres arabes des Affaires étrangères sont arrivés dès jeudi à Beyrouth en vue de participer à cette réunion. Leurs déplacements interviennent dans le cadre des préparatifs du sommet d’Alger. Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, est arrivé hier en fin d’après-midi à Beyrouth. Plus tôt en matinée, le président du Parlement Nabih Berry s’est entretenu avec le chef de la diplomatie qatarie, cheikh Mohammad ben Abdel Rahman al-Thani, et l’ambassadeur du Qatar au Liban Ibrahim Abdel Aziz el-Sahlaoui. Selon notre correspondante Hoda Chedid, les responsables ont discuté de la situation globale au Liban et dans la région et des relations bilatérales entre Beyrouth et Doha. La veille, le Qatar avait annoncé l’octroi d’une aide de 60 millions de dollars à l’armée, dans le cadre de son soutien au pays dévasté par la pire crise économique de son histoire. Peu de détails sur cette réunion consultative qui se tiendra à l’hôtel Habtoor ont filtré jusque-là. Une conférence de presse conjointe entre le ministre sortant des Affaires étrangères et le secrétaire général de la Ligue arabe aura lieu aujourd’hui à 15h30.

C’est à dix heures ce matin, à l’hôtel Habtoor, que doit s’ouvrir la rencontre consultative arabe qui se déroule au Liban sous la houlette du secrétaire général de la Ligue, Ahmad Aboul Gheit. En principe, cette réunion doit regrouper les ministres arabes des Affaires étrangères, mais certains États, dont l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Irak,...

commentaires (1)

Chacun peut prendre ses fantasmes pour la réalité et interpréter les événements à son goût. Madame Haddad est experte en la matière. Elle oublie de préciser que la grande majorité des pays considèrent le Hezbollah comme organisation terroriste et que tant que ce dernier dirige le Liban, il n’y aura ni normalisation, ni solution politique, ni solution économique, ni investissements d’argent propre de la diaspora. Que Madame Haddad comprenne une fois pour toutes que le cancer du Liban est le Hezbollah et l’agent qui l’aide à se généraliser est le CPL.

Lecteur excédé par la censure

10 h 34, le 02 juillet 2022

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Commentaires (1)

  • Chacun peut prendre ses fantasmes pour la réalité et interpréter les événements à son goût. Madame Haddad est experte en la matière. Elle oublie de préciser que la grande majorité des pays considèrent le Hezbollah comme organisation terroriste et que tant que ce dernier dirige le Liban, il n’y aura ni normalisation, ni solution politique, ni solution économique, ni investissements d’argent propre de la diaspora. Que Madame Haddad comprenne une fois pour toutes que le cancer du Liban est le Hezbollah et l’agent qui l’aide à se généraliser est le CPL.

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 34, le 02 juillet 2022

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