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Le chef suprême des talibans dit au monde de cesser de "se mêler" des affaires afghanes

Le chef suprême des talibans dit au monde de cesser de

Un badge montrant le chef suprême des talibans, le mollah Hibatullah Akhundzada, dans un marché de Kaboul, le 26 décembre 2021. Photo Mohd RASFAN / AFP

Le chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, a sommé vendredi le monde de cesser "se mêler" des affaires afghanes, estimant que l'application de la loi islamique était la clé du succès pour son pays.

M. Akhundzada, qui n'a jamais été filmé ou photographié en public depuis l'arrivée au pouvoir des talibans en août, et vit d'ordinaire reclus à Kandahar (sud), leur centre spirituel, s'est exprimé à Kaboul devant une assemblée de dignitaires religieux convoquée par le régime pour consolider son pouvoir. "Ils nous disent: +Pourquoi ne faites-vous pas ci, pourquoi ne faites-vous pas ça? Pourquoi le monde se mêle-t-il de nos affaires? Nous n'accepterons les directives de personne au monde. Nous ne inclinerons que devant Allah tout puissant", a-t-il déclaré, dans un discours d'une heure retransmis par la radio d'Etat.

Plus de 3.000 religieux et leaders tribaux sont réunis depuis jeudi dans la capitale pour un grand conseil de trois jours. Les premiers discours ont surtout appelé à l'unité derrière le régime. La presse, qui n'a pas eu le droit d'y accéder, spéculait depuis plusieurs jours sur l'éventuelle participation de M. Akhundzada. Seuls des enregistrements audio de lui avaient jusqu'ici été rendus public depuis août, sans qu'ils aient pu être authentifiés de source indépendante.

Malgré sa discrétion, ce mollah spécialiste des questions judiciaires et religieuses, qui aurait dans les 70 ans, tient d'une main de fer le mouvement dont il a pris la tête en 2016, selon les analystes, et porte le titre de "Commandeur des croyants". Il a estimé que le succès du régime reposerait sur sa capacité à rompre avec "la corruption, l'égoïsme, la tyrannie, le nationalisme et le népotisme" caractéristiques selon lui des gouvernements qui se sont succédé ces deux dernières décennies, après le précédent passage des talibans au pouvoir (1996-2001).

Aucune femme

Pour y parvenir, "il est maintenant temps d'appliquer la charia (la loi islamique)", a-t-il estimé, demandant aux oulémas de guider le pouvoir en la matière. "S'il y a la charia, nous aurons la sécurité, la liberté, un système islamique et tout ce dont nous avons besoin", a-t-il insisté, sur un ton monocorde. Ce rassemblement, le plus grand depuis la prise de pouvoir des talibans, survient une semaine après un séisme qui a frappé le sud-est du pays et fait plus de 1.000 morts et des dizaines de milliers de sans-abri.

Aucune femme n'a été autorisée à participer à cette assemblée. Les talibans ont estimé que leur présence n'était pas nécessaire, car elles sont représentées par des parents masculins. Une source talibane avait affirmé à l'AFP en début de semaine que les participants seraient autorisés à critiquer le régime et que des sujets épineux, tels que l'éducation des filles, objet de débat au sein même du mouvement, seraient au programme.

Fin mars, les talibans avaient fait refermer aux filles les lycées et collèges, quelques heures à peine après leur réouverture, annoncée de longue date. Ce revirement inattendu avait été ordonné par M. Akhundzada lui-même, selon plusieurs sources au sein du mouvement. Il n'a pas évoqué ce sujet dans son discours, qui s'en est surtout tenu à appeler les fidèles à respecter les principes islamiques.

"Endurer les épreuves"

Les talibans sont largement revenus à l'interprétation ultra-rigoriste de l'islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir, restreignant très fortement les droits des femmes. Ils les ont presque complètement exclues des emplois publics, ont limité leur droit à se déplacer et ont interdit l'accès des filles aux écoles secondaires. Les femmes se sont aussi vu imposer le port du voile intégral, couvrant le visage, pour toute sortie en public.

Ils ont aussi interdit la musique non-religieuse, la représentation de visages humains sur des publicités, la diffusion à la télé de films ou séries montrant des femmes non voilées, et ont demandé aux hommes de porter le vêtement traditionnel et de laisser pousser leur barbe. M. Akhundzada a prévenu ses auditeurs que les nations non musulmanes n'accepteraient jamais un Etat authentiquement islamique, et leur a donc demandé de se préparer à subir bien des épreuves. "Il ne peut y avoir de réconciliation entre l'islam et les +kafirs+ (infidèles). Ca n'a jamais eu lieu, pas dans le passé et pas maintenant", a-t-il jugé. "Vous devez vous battre, endurer les épreuves (...) Le monde actuel n'acceptera pas facilement que vous mettiez en oeuvre le système islamique et il ne vous le permettra pas", a-t-il dit.

Les talibans ont entouré ce rassemblement de fortes mesures de sécurité. Mais jeudi, deux hommes armés ont tout de même réussi à s'approcher du lieu de la réunion, à l'université polytechnique de Kaboul, avant d'être abattus.

Le chef suprême des talibans, Hibatullah Akhundzada, a sommé vendredi le monde de cesser "se mêler" des affaires afghanes, estimant que l'application de la loi islamique était la clé du succès pour son pays.
M. Akhundzada, qui n'a jamais été filmé ou photographié en public depuis l'arrivée au pouvoir des talibans en août, et vit d'ordinaire reclus à Kandahar (sud), leur centre...