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Moyen-Orient - Égypte

Le féminicide de Nayera Achraf porté devant la justice

Alors que l’affaire provoque l’indignation depuis une semaine, le procès du meurtrier présumé ouvert dimanche doit se poursuivre aujourd’hui.

Le féminicide de Nayera Achraf porté devant la justice

Le meurtrier présumé de Nayera Achraf, Mohammad Adel (au centre), lors de l’ouverture de son procès, dimanche dernier, au tribunal pénal de Mansoura (Nord-Est). Khaled Desouki/AFP

L’histoire tourne en boucle sur les réseaux sociaux depuis une semaine. Sur une séquence vidéo devenue virale, on y voit une jeune femme poignardée à mort par un homme en pleine voie publique. L’assaillant, maîtrisé et pris à partie par des passants alors qu’il tentait de prendre la fuite, a été remis par la suite à la police. La scène, qui s’est produite le 20 juin devant l’université de Mansoura (nord-est égyptien), où étudiaient aussi bien la victime que l’assaillant, ne cesse depuis de nourrir l’indignation des internautes. Car le crime de l’accusé aurait été motivé par le refus exprimé par la jeune femme de 21 ans, identifiée comme Nayera Achraf, de ses avances et de sa demande en mariage. « Chaque jour, des femmes perdent la vie simplement parce qu’elles rejettent quelque chose : une idée, un principe, une relation ou même une personne. Quand pourra-t-on dire “non” sans craindre les conséquences de ce monde ? » a fustigé sur Twitter une internaute. Le procès du suspect, Mohammad Adel, qui s’est ouvert dimanche sous l’œil des caméras de télévision, doit reprendre aujourd’hui. Accusé de « meurtre avec préméditation » après qu’il a avoué avoir intentionnellement tué la victime, il risque jusqu’à la peine de mort. « J’étais parfaitement sain d’esprit lorsque j’ai commis le crime », a-t-il notamment déclaré dimanche à l’audience.

Injonction d’éloignement

Alors qu’il a justifié son geste par des différends avec la victime et son refus de l’épouser, Mohammad Adel aurait tenté à plusieurs reprises d’approcher la jeune femme après qu’elle a décliné sa demande en mariage, ont indiqué les autorités judiciaires égyptiennes. Après l’avoir suivi sur le chemin de l’université, il lui aurait infligé 17 blessures et coups de couteau, notamment au cou et à la poitrine. Selon les enquêtes du ministère public auprès de l’accusé, dont le quotidien égyptien al-Shorouk a obtenu une copie, le vingtenaire aurait eu une relation non consommée avec la victime pendant une période de trois mois. Lorsqu’elle avait décidé de se séparer de lui, il l’aurait alors menacée et l’aurait fait chanter en envoyant des photos et des conversations entre eux à sa famille et ses amis. Il y a plus de deux mois, la famille de Nayera Achraf avait alors demandé une injonction d’éloignement à l’encontre du meurtrier présumé, d’après le bureau du procureur. L’accusation a déclaré avoir trouvé sur le téléphone de la jeune femme « des messages menaçant de lui trancher la gorge ».

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Sur la Toile, les élans de solidarité et l’indignation s’exprimaient ces derniers jours autour du hashtag « Nous sommes toutes Nayera Achraf ». « Tant que nous ne prendrons pas au sérieux les plaintes des jeunes femmes, et tant que nous dirons que ceux qui luttent pour les droits des femmes “enhardissent les filles et causent des problèmes”, tel sera le résultat », a notamment fustigé sur Instagram l’avocate égyptienne Nehad Abo el-Komsan. Le meurtre de Nayera Achraf, dénoncé par une partie de l’opinion publique égyptienne, et au-delà, a d’autant plus suscité l’émoi qu’il a été suivi par deux cas similaires dans la région. Jeudi dernier, Iman Rasheed, une étudiante jordanienne âgée de 23 ans, a été tuée sur son campus universitaire à Amman par un homme qui se serait prétendument vengé du fait qu’elle avait rejeté ses avances. Le lendemain, une autre ressortissante jordanienne âgée de 20 ans a été poignardée à mort par son mari dans l’émirat de Sharjah. Ce dernier lui aurait assené 15 coups de couteau à la suite d’une dispute.

En la matière, l'Égypte n'est pas en reste, tandis que la loi censée protéger les femmes contre ce genre de violences est rarement appliquée, en dépit de l’augmentation des cas. Selon un rapport publié en février par la Edraak Foundation for Development and Equality, 813 cas de violence contre les femmes et les filles ont été recensés en 2021, soit 400 de plus qu’en 2020. « Ces dernières années, l’Égypte a malheureusement gagné sa réputation d’endroit effrayant pour les femmes. Les gouvernements successifs n’ont pas réussi à adopter des politiques s’attaquant réellement aux violences de genre, au harcèlement sexuel et à d’autres formes d’abus contre les femmes, omniprésents dans l’espace public et privé, observe Amr Magdi, chercheur pour l’ONG Human Rights Watch. En outre, le gouvernement de Sissi a anéanti le sens même de l’État de droit, envoyant le signal général que la violence est appropriée contre les plus faibles ».

L’histoire tourne en boucle sur les réseaux sociaux depuis une semaine. Sur une séquence vidéo devenue virale, on y voit une jeune femme poignardée à mort par un homme en pleine voie publique. L’assaillant, maîtrisé et pris à partie par des passants alors qu’il tentait de prendre la fuite, a été remis par la suite à la police. La scène, qui s’est produite le 20 juin devant...

commentaires (3)

" « J’étais parfaitement sain d’esprit lorsque j’ai commis le crime », a-t-il notamment déclaré dimanche à l’audience." Sain d'esprit? Quelle blague! Le seul fait de poursuivre de ses avances une femme qui le rejette est une preuve qu'un homme est complètement dingue!!

Georges MELKI

12 h 26, le 29 juin 2022

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Commentaires (3)

  • " « J’étais parfaitement sain d’esprit lorsque j’ai commis le crime », a-t-il notamment déclaré dimanche à l’audience." Sain d'esprit? Quelle blague! Le seul fait de poursuivre de ses avances une femme qui le rejette est une preuve qu'un homme est complètement dingue!!

    Georges MELKI

    12 h 26, le 29 juin 2022

  • Une condamnation rapide en 2 jours, et la sentence va être exemplaire. A comparer à notre justice, le jugement traîne des années, et même il n'est jamais exécuté. Sans oublier de référer le criminel aux psychiatres qui trouveront toujours une maladie mentale !

    Esber

    19 h 13, le 28 juin 2022

  • La peine de mort illico. Et que cesse le feminicide dans les pays arabes surtout

    Robert Moumdjian

    01 h 04, le 28 juin 2022

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