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Geagea : Nous n'avons jamais dit que nous détenions la majorité, mais le Hezbollah et ses alliés l'ont perdue

Geagea : Nous n'avons jamais dit que nous détenions la majorité, mais le Hezbollah et ses alliés l'ont perdue

Le chef des Forces libanaises Samir Geagea, le 25 décembre 2021. Photo Joseph Eid/ AFP

Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a reconnu jeudi que le camp dont il relève n'a pas la majorité à la nouvelle Chambre, mais a néanmoins souligné qu'il a pu l'arracher au Hezbollah et à ses alliés. Abordant par ailleurs la nomination d'un Premier ministre qui sera désigné pour former le nouveau gouvernement après les législatives du 15 mai dernier, le chef chrétien a estimé que le futur chef du cabinet devrait être capable de rendre à l’État le pouvoir de décision stratégique, face au Hezbollah, parti pro-iranien et bête noire des Forces libanaises. 

"Ce qui nous importe le plus, ce sont les critères auxquels le Premier ministre désigné devrait répondre: il devrait être intègre, loin de toute corruption", a déclaré M. Geagea dans une interview à l'agence locale al-Markaziya. "Il devrait mettre en place un règlement intérieur au Conseil des ministres, de façon à empêcher les ministres de bloquer une décision ou un décret comme le fait aujourd'hui le ministre sortant des Finances, Youssef Khalil (proche du président de la Chambre, Nabih Berry)", a ajouté M. Geagea. Le chef des FL faisait allusion au fait que M. Khalil s'abstient toujours de signer le décret de formation de  l’assemblée plénière de la Cour de cassation, chargée de trancher les recours en dessaisissement contre le juge Tarek Bitar, afin de débloquer l'enquête sur la double explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth.

"Le futur Premier ministre devrait s'engager à ne pas consacrer un portefeuille à une communauté religieuse ou un parti politique, notamment le ministère de l’Énergie", a-t-il poursuivi, dans une critique implicite du Courant patriotique libre qui détient ce portefeuille depuis 2008. Et le leader maronite d'appeler le prochain chef du gouvernement à former une équipe homogène, tout en respectant le principe de non-cumul des fonctions de député et de ministre. "Le chef du gouvernement devrait œuvrer pour que le cabinet recouvre la décision militaire et sécuritaire de l’État, mette en place un plan de redressement, et enclenche le processus de réformes pour sortir le pays de la crise".

Ces propos de M. Geagea interviennent alors que le chef de l’État Michel Aoun n'a toujours pas convoqué les députés aux consultations contraignantes pour nommer le prochain chef de gouvernement. Jeudi, M. Aoun a annoncé sur Twitter qu'elles auront lieu "dans les prochains jours", sans pour autant donner de date précise.

Après avoir plaidé pour la formation d'un gouvernement de majorité en se targuant d'avoir remporté haut la main le scrutin de mai dernier, Samir Geagea, dont le parti a raflé le plus grand nombre de sièges chrétiens, a semblé tempérer cette victoire : "Personne de notre camp, plus précisément les FL, n'a affirmé avoir obtenu la majorité parlementaire. Tout ce que nous avons dit, c'est que le Hezbollah et ses alliés l'ont perdue".

Il convient de signaler dans ce cadre que Waddah Sadek, député de Beyrouth issu de la contestation et opposé au pouvoir en place comme les FL, a lui aussi reconnu jeudi que le camp de l'opposition ne détient pas la majorité au sein de la nouvelle Chambre. "La majorité souverainiste s'est transformée en minorité du fait de la coordination entre Nabih Berry et Bahia Hariri (tante du leader du Courant du Futur Saad Hariri, qui a boycotté les élections législatives et annoncé la suspension de son activité politique et celle de son parti)". Waddah Sadek s'est attiré les foudres de Abdel Salam Moussa, porte-parole du Courant du Futur. "Waddah Sadek n'est ni clair ni honnête", a-t-il écrit sur son compte Twitter, dans un jeu de mots en arabe autour du nom et prénom du nouvel élu. "Le Futur a pris sa décision depuis des mois, et n'a pas de députés. S'il avait participé au scrutin, vous n'auriez pas été élu", a-t-il ajouté à l'adresse du nouveau parlementaire.

Pour en revenir à l'interview de Samir Geagea, le chef des FL s'est aussi attardé sur le différend frontalier maritime entre le Liban et Israël. Le sujet est revenu sur le devant de la scène après l'arrivée dimanche dernier d'une unité flottante chargée d'exploiter le gaz dans le champ de Karish au profit de l’État hébreu, dans une zone qui pourrait être potentiellement contestée par le Liban. "C'est le chaos total. L’État libanais a déjà adressé à l'ONU un document officiel dans lequel il fixait la frontière maritime du Liban à la Ligne 23. Tel restera le cas jusqu'à preuve du contraire", a-t-il tonné, appelant les autorités à prendre une position qui garantirait les droits du Liban, sur la base d'études approfondies.
Les négociations avaient été interrompues lorsque la délégation libanaise avait annoncé sa volonté de réclamer un droit supplémentaire sur 1.430 km2 limités par la Ligne 29. Cette ligne coupe en deux le champ de Karish. Une revendication qui, pour être officialisée, nécessitait l’amendement du décret 6433. Ce qui n’a jamais été fait par les autorités libanaises.  L'émissaire américain charge du dossier, Amos Hochstein, est attendu à Beyrouth dimanche ou lundi, après invitation des autorités libanaises à la lumière des développements enregistrés le week-end dernier. Une visite qui n'a toujours pas été confirmée par Washington.

Le chef des Forces libanaises Samir Geagea a reconnu jeudi que le camp dont il relève n'a pas la majorité à la nouvelle Chambre, mais a néanmoins souligné qu'il a pu l'arracher au Hezbollah et à ses alliés. Abordant par ailleurs la nomination d'un Premier ministre qui sera désigné pour former le nouveau gouvernement après les législatives du 15 mai dernier, le chef chrétien a estimé...