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Politique - Décryptage

Les élus ex-Futur et l’ombre de Saad Hariri

Les élus ex-Futur et l’ombre de Saad Hariri

L’ancien Premier ministre Saad Hariri priant sur la tombe de son père dans le centre-ville de Beyrouth, le 21 novembre 2017. Jamal Saïdi/archives Reuters

Moins d’une semaine après le rendez-vous électoral au Liban, le chef du courant du Futur Saad Hariri a pris l’avion pour Washington dans une démarche qui a surpris le monde politique. Surtout que ce voyage – au cours duquel, selon ses proches, il doit avoir des rencontres avec des figures importantes dans la capitale fédérale américaine – intervient plus de 4 mois après qu’il a annoncé la suspension de ses activités politiques et celles de son courant.

Dans les milieux politiques libanais, ce voyage est interprété comme l’annonce indirecte d’un probable retour de l’ancien Premier ministre sur la scène locale, fort des résultats des élections qui, selon plusieurs analystes, ont joué indirectement en sa faveur. D’autant qu’en concomitance avec ce voyage, la campagne du quotidien saoudien Okaz contre lui se poursuit, avec un nouvel article qui l’accuse pratiquement d’avoir, à cause de certains de ses conseillers, dilapidé l’héritage populaire et politique de son père.

S’il est vrai qu’au Liban, les analyses des résultats électoraux diffèrent d’un camp à l’autre et qu’au final, toutes les parties se considèrent gagnantes, une idée revient souvent : l’ombre de Saad Hariri et de sa formation a plané sur le scrutin législatif. Jusqu’au bout, le chef du courant du Futur a résisté à toutes les pressions exercées pour qu’il pousse à la mobilisation de son électorat. Et c’est ainsi que dans certaines circonscriptions, le taux de participation des électeurs sunnites a été assez bas en comparaison avec celui des élections de 2018.

De plus, alors qu’il était clair, à travers les médias et les campagnes électorales, que l’ancien Premier ministre Fouad Siniora se considérait comme l’héritier naturel de Saad Hariri, ce dernier a d’abord tout fait pour lui rendre la candidature à Beyrouth II impossible. De fait, Siniora a renoncé à se présenter personnellement dans la capitale, appuyant une liste présidée par Khaled Kabbani, dont un seul candidat est passé, Fayçal Sayegh, proche de Walid Joumblatt, pour le siège druze. Pour Fouad Siniora et ceux qui l’appuient, c’est un camouflet. Il est vrai qu’au cours des derniers jours précédant les élections, les incidents se sont multipliés, notamment à Tarik Jdidé, un quartier considéré comme le fief beyrouthin du Futur, entre les partisans de ce dernier et ceux d’autres listes. Mais ils n’ont pas été de nature à changer les résultats des élections à Beyrouth II où, sur les 6 sièges sunnites, la liste appuyée par Fouad Siniora n’en a obtenu aucun. Par contre, Nabil Badr, qui est considéré comme proche du courant du Futur, a été élu, et il a déclaré qu’il conserverait la même position politique.

À Saïda, fief de Fouad Siniora lui-même, le candidat Youssef Naqib, considéré comme proche du Futur, a été battu, et les deux sièges sunnites de la ville seront désormais occupés par Oussama Saad et Abderrahman Bizri. Pour la première fois depuis 1996, la famille Hariri n’aura aucun député dans la région parce que les électeurs n’ont pas répondu aux appels de Siniora. À Zahlé, le candidat Bilal Hechaïmé, qui était appuyé par Fouad Siniora tout en étant sur la liste des Forces libanaises et qui avait reçu à la veille des élections l’ambassadeur d’Arabie Walid Boukhari, a été élu. Toutefois, dès l’annonce de sa victoire, il a affirmé qu’il se considérait comme proche de Saad Hariri et qu’il comptait revenir au courant du Futur, dont il avait démissionné pour se présenter aux élections.

Même situation au Liban-Nord, où toutes les figures qui ont en quelque sorte transgressé les directives de Saad Hariri en se présentant aux élections ont perdu leur siège, en particulier Moustapha Allouche, Sami Fatfat et Hadi Hobeiche. Si ces personnalités ont tenu Hariri au courant de leur décision, l’électorat n’a pas suivi.Même sans prendre part au scrutin, Saad Hariri a donc eu une influence considérable sur le choix des électeurs sunnites. Selon les termes d’un politicien chevronné, il est sans doute le seul leader au monde qui dispose d’un groupe parlementaire sans avoir participé aux élections... En effet, selon la distribution politique du nouveau Parlement, on parle d’environ sept députés réunis sous le label des « anciens du bloc du Futur ». Il s’agit de Walid Baarini, Mohammad Sleiman (sunnites) et Ahmad Rustom (alaouite) au Akkar ; Abdel Aziz Samad à Denniyé et Ahmad Kheir à Minié. À ces 5 députés, on peut ajouter Bilal Hechaïmé (Zahlé) et Abdel Karim Kabbara à Tripoli. Peut-être aussi que dans quelques jours, d’autres députés annonceront leur intention d’intégrer ce groupe et de se rallier ainsi à Saad Hariri. On parle ainsi de Sajih Attié, toujours au Akkar, que plusieurs groupes s’emploient à enrôler.

Le phénomène est d’autant plus inédit qu’en dépit de la suspension de ses activités politiques, Saad Hariri est pratiquement le seul membre de ce qu’on appelait « le club des anciens présidents du Conseil » à avoir un groupe au Parlement, puisque Tammam Salam n’a pas participé aux élections, Fouad Siniora n’a pratiquement aucun candidat, alors que la liste officiellement appuyée par Nagib Mikati à Tripoli n’a obtenu qu’un seul siège, celui de Abdel Karim Kabbara.

Certes, l’existence de ce « bloc fantôme » ne cache pas l’éparpillement des voix et du leadership sunnites. Mais elle montre certainement que Saad Hariri n’est pas sorti de la vie politique libanaise et que son courant conserve une assise populaire réelle. Déjà, les cadres du Futur commencent à dire que ceux qui veulent revenir dans le giron du parti bleu sont les bienvenus... mais à certaines conditions.

Moins d’une semaine après le rendez-vous électoral au Liban, le chef du courant du Futur Saad Hariri a pris l’avion pour Washington dans une démarche qui a surpris le monde politique. Surtout que ce voyage – au cours duquel, selon ses proches, il doit avoir des rencontres avec des figures importantes dans la capitale fédérale américaine – intervient plus de 4 mois après qu’il a...

commentaires (4)

Toujours en service commandé Madame Haddad…

Prinzatour

16 h 41, le 21 mai 2022

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Commentaires (4)

  • Toujours en service commandé Madame Haddad…

    Prinzatour

    16 h 41, le 21 mai 2022

  • L’apologie de la bêtise politique - ou comment faire semblant d’avoir gagné quand on a tout perdu. Saad et Gebran partagent donc la même delusion.

    Akote De Laplak

    11 h 39, le 21 mai 2022

  • hahahaha ! dame scarlettttt ! previsible autant que cela on meurt. elle reve-non pour elle mais pour ses 3 idoles, elle reve le voir de retour sur la scene politique , avec la force d'antan. car quel autre 1er ministre mieux que saad hariri saura executer leurs desiderata ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 18, le 21 mai 2022

  • Ex-futur, c’est passé ou présent?…

    Gros Gnon

    08 h 06, le 21 mai 2022

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