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Lifestyle - Liban Pop

Une ode à Beyrouth et ses tristes ruelles signée Felula

La jeune chanteuse Sara Abdo présente un single en arabe intitulé « Shaware’ ». Plus qu’un hommage à Beyrouth, « c’est un hommage aux gens, à ceux qui sont partis, à ceux qui restent ».

Une ode à Beyrouth et ses tristes ruelles signée Felula

Sara Abdo, alias Felula, actrice, chanteuse et grande amoureuse de Beyrouth. Photo DR

Dans le drame qu’elle vit au quotidien avec ses habitants, Beyrouth afflige tant d’artistes venus d’univers différents. Ainsi, Shaware’, le nouveau titre de Sara Abdo, alias Felula, est une ode à la ville meurtrie et à ses ruelles accablées. Au rythme d’une musique tragique, la jeune chanteuse répète, comme une litanie, un refrain qui raconte le destin d’une mère condamnée à voir ses fils souffrir ou s’en aller. « Ils l’ont appelée Beyrouth et l’ont noyée dans les larmes, déplore la chanson qu’elle a écrite et composée avec Roger Zouein. C’est ma ville, devenue mon fléau, et je m’incline quand elle s’incline. Et dans mon cœur reste le désir de voir Beyrouth se relever et rayonner. »


« Shaware’ est le premier titre d’un projet sur lequel Roger Zouein et moi travaillons depuis plus de deux ans et que nous avons commencé à concrétiser après la double explosion du port, confie Sara Abdo à L’Orient-Le Jour. Ce projet vise simplement à raconter notre histoire, sans prétention, et exprimer des sentiments qu’on ressent et des idées qu’on vit chaque jour en tant que libanais qui essayons de nous battre pour trouver du beau au milieu du laid. C’est notre combat en tant qu’artistes, car nous ne pouvons que créer pour survivre, pour tenter d’adoucir notre quotidien. Shaware’ est plus qu’un hommage à Beyrouth, c’est un hommage aux gens, à ceux qui sont partis, à ceux qui restent. Car sans nous, Beyrouth, ses murs, ses ruelles et ses fenêtres ne seraient plus Beyrouth. » Sur le clip de la chanson, réalisé par Adam Jammal et signé avec le simple prénom de Felula, des hommes et des femmes de différentes générations errent dans une maison abandonnée où des roses, qui y ont fleuri de manière surprenante, brûlent et se consument. « C’est l’histoire de personnes qui essaient de trouver un endroit auquel appartenir, et qui découvrent que cet endroit n’existe plus vraiment, confie-t-elle. L’histoire se répète dans un cercle vicieux alors que ces figures un peu fantomatiques, peut-être irréelles, tentent de se libérer, pour ne pas s’attacher à quelque chose qui n’est plus… »

De multiples facettes
Pourquoi « Felula » ? L’histoire a commencé comme une blague pour Sara Abdo il y a quelques années. Obsédée par la série Friends qu’elle regarde en boucle depuis dix ans et où qu’elle aille, elle découvre sur un épisode ce prénom ludique inventé par Phoebe pour Monica, et se l’approprie sur les réseaux sociaux. Le surnom lui colle dès lors, de manière spontanée, alors qu’elle fait ses premiers pas d’actrice à la faculté des beaux-arts de l’Université libanaise. Car Sara Abdo est avant tout une passionnée de théâtre, même si elle ne l’a pas toujours su. « Enfant, je rêvais d’art, raconte-t-elle. Après de premières études dans un autre domaine à l’université, je ne savais pas trop quoi faire. Je chantais souvent, mais seulement à la maison car je n’osais pas le faire en public. J’ai opté ensuite pour des études en audiovisuel, mais ayant raté l’échéance du concours, j’ai dû intégrer l’école de théâtre en attendant un éventuel transfert. Un transfert que je n’ai jamais fait, car je suis tombée amoureuse du métier d’actrice, avec des enseignants qui m’ont marquée comme Julia Kassar, Gabriel Yammine, Antoine el-Achkar, Maria Bakhos et Hagop Derghougassian. Ils m’ont préparée au métier et j’ai eu la chance de travailler dans toute sorte de productions, aussi bien sur scène que dans les coulisses. » Sara Abdo joue par la suite dans des films et des séries. Elle endosse notamment un rôle dans une adaptation en arabe de Caroline Hatem de la pièce Les justes d’Albert Camus, et remporte une compétition au théâtre Tournesol avec Nehna w natrin Nouh, une pièce coécrite et coréalisée avec Karim Chebli, et interprétée par Fouad Yammine et Cynthia Karam. Elle fait également partie, et jusqu’à ce jour, du groupe de marionnettistes Khayyal. Mais la musique n’est jamais trop loin. En 2015, elle fonde avec d’autres musiciens le groupe Waynick qui propose un style pop indi en anglais ou en arabe et sort un album et quelques singles. « Malheureusement, la plupart des membres ont voyagé, mais Roger Zouein et moi sommes toujours là. C’est avec lui qu’est donc né ce projet que j’ai signé Felula, et dont Shaware’ marque le lancement. »

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Ce projet qui parle donc d’amour, de guerre et de destruction, mais essentiellement du Liban, est exclusivement en arabe. Il devrait se développer en album, une série de concerts et des collaborations avec des artistes qui ont choisi de rester au bercail. « Il est difficile de définir le genre artistique entre musique indie moderne et des airs arabes familiers, précise Sara Abdo, mais nous le découvrirons en chemin ! » L’aventure est d’autant plus intéressante pour l’artiste, du fait que le projet est autoproduit. « Toutes les chansons sont enregistrées chez Roger Zouein, avec ses outils, son matériel, dans sa maison, et pas en studio, note-t-elle. Le seul but, avec Felula, est de partager notre histoire avec les gens. Que celui qui écoute nos chansons s’y identifie, qu’il vienne d’ici ou d’ailleurs, car la douleur est parfois la même. Nos rêves, eux, ne sont pas si grands. Juste pouvoir continuer à créer et trouver le minimum de raisons pour rester et vivre au Liban, malgré tout et jusqu’au dernier souffle. »

Dans le drame qu’elle vit au quotidien avec ses habitants, Beyrouth afflige tant d’artistes venus d’univers différents. Ainsi, Shaware’, le nouveau titre de Sara Abdo, alias Felula, est une ode à la ville meurtrie et à ses ruelles accablées. Au rythme d’une musique tragique, la jeune chanteuse répète, comme une litanie, un refrain qui raconte le destin d’une mère condamnée à...

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