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Culture - Rencontre

Le cœur gros comme ça de Michel Kammoun sur Netflix

« The Big Red Heart » du réalisateur libanais est notre coup de cœur dans la série d’anthologie panarabe « Love, Life & Everything in Between » qui passe sur la plateforme de streaming. À ne pas rater.

Le cœur gros comme ça de Michel Kammoun sur Netflix

Cupidon se taille une belle part du scénario du court-métrage de Michel Kammoun. Photo DR

Un motard (Élie Noujaim) portant un grand cœur rouge en peluche parcourt les artères de Beyrouth. Ce n’est pas par hasard qu’on appelle ça « artères », puisqu’elles conduisent le sang du cœur vers les organes. Le motard a une mission : offrir cet énorme cœur à la bien-aimée d’un jeune homme riche (Alain Saadeh) qui veut lui exprimer son amour par cet objet symbolique, et ce quels que soient les obstacles. Au cours du trajet, le cœur est perdu, volé, arraché, rejeté et même poignardé. Que peut bien représenter ce cœur pour le jeune coursier pour qu’il prenne tant de risques afin de le transporter. Et à qui appartient-il vraiment ? Dans ce court-métrage de 30 minutes signé Michel Kammoun et qui s’inscrit dans le cadre de la série d’anthologie panarabe « Love, Life and Everything in Between » diffusée sur la plateforme Netflix depuis février, le cœur s’identifie à la fois à la ville de Beyrouth et à l’amour qu’on lui porte.

Michel Kammoun et son aveu à Beyrouth chargé d’amour et de petites plumes volatiles. DR

L’œuvre est une belle pépite poétique chargée de symbolisme. Un hommage à Beyrouth, sans larmes ni pathos. On se délecte des dialogues, on rit avec les acteurs (excellent casting) en suivant la course folle du jeune homme sur la musique de Charbel Haber et des Scrambled Eggs. « Une musique rétro-moderne et décalée dans le temps », explique Michel Kammoun. Celle-ci, à l’instar de battements de cœur, rythme la métaphore qui file à vive allure. Jamais hommage à la capitale post-4 août 2020 n’a été fait avec autant d’intelligence, d’élégance de cœur et de subtilité.

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« Quand on m’a fait la proposition de ce court-métrage, confie le réalisateur de Falafel et de Beirut Hold’em (présenté au Festival Red Sea International mais pas encore sorti en salle, NDLR), il était naturel que ma relation à la ville, pleine d’amour, me vienne à l’esprit dans ce pays qui s’effrite et où tout s’effondre sur nos têtes. » Et de poursuivre : « En choisissant le bon casting, Fadi Abi Samra, Élie Noujaim, Alain Saadeh et Rita Hayek… c’est la moitié du travail du réalisateur qui est fait. Le reste, c’est comment on transmet les envies et les sensations qui forment une direction d’acteur. Un film n’est pas seulement une question de réalisateur uniquement ou d’acteurs seulement. C’est toute une équipe qui travaille dans la même direction. Je ne peux donc que remercier le producteur Antoine Khalifé, promoteur du projet, Sabine Sidawi à la production exécutive, les acteurs, mais aussi l’équipe technique, car c’était un challenge artistique à cause du Covid. »

Sur le tournage de « The Big Red Heart ». DR

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Pour Michel Kammoun, l’exercice du court-métrage n’est pas plus ou moins simple que celui du long-métrage. Il est différent, estime-t-il. Il s’agit pour lui d’un autre rythme, d’un autre tempo d’écriture, mais aussi de créer une atmosphère en un court laps de temps. Kammoun dit par ailleurs avoir été ravi quand il a vu les œuvres de ses collègues car « chacun avait travaillé seul dans son coin ». « Beaucoup de gens ne sont pas conscients de la chance qu’ils ont eue par rapport à d’autres le 4 août. Nous étions tous des candidats à la mort ce jour-là. Cette date marquera à jamais les Libanais car ce fut pour nous tous comme une impression de fin du monde. Et si j’ai réalisé The Big Red Heart, c’est simplement parce que je ne peux décrire mes sensations par des mots mais par un film. À chacun de se l’approprier et de l’interpréter à sa manière. »

Un motard (Élie Noujaim) portant un grand cœur rouge en peluche parcourt les artères de Beyrouth. Ce n’est pas par hasard qu’on appelle ça « artères », puisqu’elles conduisent le sang du cœur vers les organes. Le motard a une mission : offrir cet énorme cœur à la bien-aimée d’un jeune homme riche (Alain Saadeh) qui veut lui exprimer son amour par cet objet...

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