
Le pape François en compagnie du président libanais, Michel Aoun, le 21 mars 2022 au Vatican. Photo Dalati et Nohra
Le pape François a confirmé lundi au président de la République, Michel Aoun, qu'il a reçu au Vatican, sa venue au Liban, mais une nouvelle fois sans en préciser la date.
"Le Liban occupe une place particulière dans mes prières et mes préoccupations, et je m'y rendrai pour y renouveler l'espérance", a déclaré le pape François, cité par la présidence libanaise sur Twitter. M. Aoun a rappelé, de son côté, que "le Liban traverse une période difficile, mais il la surmontera par la volonté de ses citoyens rassemblés". "Nous ne voulons pas que le Liban paye le prix de ce qui se passe dans la région et, grâce à votre bénédiction et à la détermination des citoyens à redresser le pays, le Liban n'est pas laissé à son sort", a ajouté le chef de l'Etat.
Rencontre "cordiale"
De son côté, le Vatican évoque une rencontre "cordiale" d'une "trentaine de minutes" entre le président libanais et le Saint-Père, durant laquelle "les bonnes relations diplomatiques" entre le Liban et le Vatican ont été soulignées, à l'occasion de leur 75ème anniversaire. "L'attention s'est portée sur les graves problèmes socio-économiques du pays, ainsi que sur la situation des réfugiés", rapporte le site d'information officiel du Saint-Siège. "L'aide de la communauté internationale, les prochaines élections législatives (du 15 mai) et les réformes nécessaires doivent contribuer à renforcer la coexistence pacifique entre les différentes confessions religieuses qui vivent au pays du Cèdre", poursuit le Vatican.
Le pape François et le président Aoun ont également évoqué l'explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth et ses "conséquences désastreuses", indique le Saint-Siège. Ils ont insisté sur "la demande de justice et de vérité exprimée par les familles des victimes", poursuit-il, alors que l'enquête piétine depuis des mois en raisons d'ingérences politiques internes.
Liban-passerelle
Le président Aoun s'est également entretenu avec le cardinal Pietro Parolin, numéro deux du Saint-Siège, qui a déclaré, selon la présidence libanaise, que "le temps est venu de convaincre tout le monde que le Liban doit retrouver son rôle de passerelle, et qu'il n'est pas une source de crises". "La stabilité du Liban contribue à la stabilité de la région, et nous avons de nombreuses raisons d'être à vos côtés", a-t-il poursuivi. "La communauté internationale doit assumer ses responsabilités pour préserver une nation de valeur", a affirmé M. Aoun pour sa part.
رئيس الجمهورية التقى امين سر الكرسي الرسولي: آن الأوان ليقتنع الجميع ان لبنان يجب ان يعود الى لعب دوره كجسر تلاقٍ وهو ليس منبع ازمات pic.twitter.com/4Kkv3CeqQr
— Lebanese Presidency (@LBpresidency) March 21, 2022
À son arrivée dimanche après-midi à Rome, le président Aoun avait affirmé qu'il souhaitait renouveler son invitation au souverain pontife à se rendre au Liban. "J'attends avec impatience la visite du pape, comme un message d'espoir, pour réaffirmer que le Liban n'est pas éphémère et qu'il restera un modèle de vivre-ensemble malgré les difficultés", avait-il déclaré, en soulignant que "la chrétienté au Liban n'est pas menacée".
Fonds de soutien national au Liban
Michel Aoun a par ailleurs appelé, depuis Rome, à "soutenir la proposition de création d'un fonds de soutien national au Liban, sous les auspices du Saint-Siège, et de doubler les programmes d’assistance au Liban".
Il s'est également entretenu avec le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), David Beasle, qui lui a indiqué que "le PAM a été contraint de réduire ses aides dans certains pays mais qu'il n'hésitera pas à aider le Liban", rapporte la présidence sur Twitter. Le responsable a également estimé que "la proposition du président mérite d'être étudiée et sera suivie par le PAM, ce qui contribuerait à sa mise en œuvre".
Le président s'est par ailleurs concerté avec Qu Dongyu, directeur général de l'Agence des Nations unies pour l'Agriculture et l'Alimentation (FAO), qui a assuré que l'institution "continuera à s'intéresser au Liban en dépit des conditions internationales difficiles". Il a également affirmé que "la proposition du président sera prise en considération", notant que son organisation étudiera les moyens d'y "contribuer en fonction de ses prérogatives".
Le Vatican a manifesté, à maintes reprises, son inquiétude pour le Liban, et assuré être prêt à aider son peuple, alors que le pays continue de s'enliser dans une crise pluridimensionnelle inédite. Début février, le secrétaire pour les relations avec les Etats, Mgr Paul Richard Gallagher, avait appelé depuis Beyrouth la communauté internationale à "aider le Liban à mettre un terme à sa crise économique". L'archevêque avait également assuré que le Vatican était prêt à parrainer un dialogue national entre les partis politiques, si une demande officielle en est faite par les formations concernées. Il s'était montré, lors d'une réunion avec le président, inquiet pour le Liban, estimant que "l'avenir du pays n'est pas assuré", et avait profité de cette occasion pour critiquer la classe politique et annoncer que le pape se rendra prochainement à Beyrouth, sans donner de date.
Fin novembre, le souverain pontife avait assuré au Premier ministre, Nagib Mikati, en visite officielle au Vatican, qu'il œuvrait à "un effort commun" pour aider le Liban à se redresser. Lors d'une visite à Chypre début décembre, il s'était dit "très préoccupé" par la crise libanaise.
Mardi, M. Aoun s'entretiendra à Rome avec son homologue italien, Sergio Mattarella, qu’il félicitera pour sa réélection, le 29 janvier dernier, pour un nouveau mandat de sept ans. Il sera de retour au Liban ce même jour en soirée.
Dans un Liban où la corruption de tous bords ,sport national ,se brasse à longueur de journées Aoun a préféré aller confesser sa longue liste de malversations secrètement directement auprès du Pape. Mais le « c’est pas moi ,c’est l’autre » coutumier n’a pas ébranlé le chef de l’église catholique qui n’a pas décidé de date définitive pour sa visite.
10 h 40, le 22 mars 2022