Il est des moments où la tristesse ne peut contenir le chagrin. Elle se métamorphose pour ne pas imploser. Alors il ne reste plus que l’espérance et le recueillement.
J’ai connu Hubert en 2015 avant sa nomination au poste de PDG et nous avons passé ensemble des jours entiers à préparer son entrée en matière. Il venait d’un autre monde moins prosaïque, tout en saveur et sensibilité.
Il a épousé le contour des concepts tel un compositeur parfumeur : il en a humé les essences, les a décomposées puis les a recomposées pour créer une fragrance singulière. Le monde de l’entreprise lui était inconnu, mais non ses constituants, c’est-à-dire les hommes, à la fois pivot et fondements. Son empathie n’a jamais été prise en défaut : il était particulièrement aimé de ses collaborateurs et employés, joignant gestes aux mots pour les soutenir, les motiver, les encourager.
En étant propulsé à la tête de Fattal, entreprise plus que centenaire, il a compris l’essence de ses valeurs intangibles, pour ensuite la gérer comme une personnalité morale, par-delà les contingences des intérêts personnels et égoïstes.
Il a réussi à redresser la barre de manière remarquable, de l’avis même de ses contradicteurs. Il souffrait de ne point atteindre certains cœurs, lui qui était à l’écoute des attentes des grands et des petits.
Il a appris à devenir le capitaine du navire en un temps record, alors que rien ne le prédestinait à entrer en affaires.
Il cherchait désespérément à transmettre le témoin dès la quatrième année de son mandat qu’il a assumé comme un sacerdoce, mais il avait été adoubé et reconduit même par les prétendants les plus sceptiques.
Il voulait absolument retourner vers ses anciennes amours – les arts, les parfums, la liberté de s’échapper et de rêver...
Son legs durant six ans, bien que court, aura été exemplaire : le legs des justes dignes d’être raconté, amplifié, émulé par ses pairs dans ces moments de détresse humaine.
Hubert, tu avais choisi le moment de te retirer, mais non point de partir de cette manière abrupte, choquante, qui a pris ton grand cœur en défaut.
Une consolation éphémère : tu formes maintenant avec Bernard et Jean une majorité par rapport à ceux qui restent.
Tu ne risques point de souffrir de solitude.
Ce sont tous ceux qui t’aiment qui se sentent orphelins ici-bas.
Adieu cher ami, je me rappellerai toujours de ton doux sourire communicatif et engageant.
Conseiller en entreprise
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