Huit militaires roumains morts dans deux crashes près de la mer Noire

Huit militaires ont trouvé la mort en Roumanie dans les accidents d'un avion de chasse et d'un hélicoptère parti à son secours, un des drames les plus meurtriers de ces dernières années pour l'armée.

Ce pays de l'ex-glacis soviétique se trouve en première ligne dans le contexte du renforcement du flanc oriental de l'OTAN, face à l'offensive russe en Ukraine.

Le MiG-21 LanceR, qui effectuait mercredi une patrouille aérienne à proximité de la stratégique mer Noire, a disparu des radars vers 20H00 (18H00 GMT). Il s'est écrasé "sur une zone inhabitée", près de Cogealac (sud-est), selon des éléments fournis jeudi par le ministère de la Défense. L'hélicoptère IAR 330-Puma parti de l'aérodrome de Gura Dobrogei, a subi le même sort, après avoir parcouru 11 kms. Le pilote de l'appareil de combat, âgé de 31 ans, et les sept occupants de l'hélicoptère, qui avaient entre 27 et 53 ans, sont décédés.

"Nuit tragique"

Les autorités ont exclu à ce stade toute attaque en lien avec la guerre dans l'Ukraine voisine. Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances des deux crashes, survenus par des conditions météorologiques défavorables.

Les deux types d'appareils impliqués ont été cloués au sol dans l'attente des résultats de l'investigation. Outre le mauvais temps, le ministre de la Défense Vasile Dincu a évoqué à la télévision la piste de "problèmes techniques".

Des cérémonies sont prévues jeudi pour rendre hommage aux victimes et un exercice de démonstration a été annulé. Des EuroFighters allemands, italiens et roumains, actuellement déployés en Roumanie protéger l'espace aérien, devaient y participer.

Dans un communiqué, le président Klaus Iohannis a déploré "une nuit tragique pour l'aviation roumaine", adressant ses "pensées aux familles endeuillées". En 2014 déjà, un hélicoptère militaire IAR-330 PUMA s'était écrasé dans le village de Malancrav (centre), faisant huit morts et deux blessés graves.

La Roumanie a connu le 5 juillet 2010 un autre crash meurtrier: douze soldats avaient péri lorsqu'un avion de type AN-2 des forces armées roumaines s'était écrasé et avait pris feu, peu après son décollage de l'aéroport de Tuzla (est). L'appareil s'apprêtait à effectuer un vol d'entraînement.

Avant-poste de l'OTAN

Les MIG datant de l'époque soviétique constituent l'ossature de l'armée de l'Air roumaine, qui continue à les utiliser pour des missions de défense aérienne.

Bucarest investit depuis plusieurs années des milliards de dollars pour moderniser son armée, face aux tensions régionales provoquées par l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et de plus en plus fortes ces derniers mois.

Dans ce contexte, le président avait demandé des renforts, des appels qui ont été entendus. Un millier de militaires américains ont ainsi été envoyés par Washington en février sur la base de Mihail Kogalniceanu (sud-est). Ils ont été rejoints cette semaine par plus de 500 soldats français, dont le déploiement a été accéléré en réponse à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Si la Roumanie s'estime pour l'instant préservée par son statut de membre de l'Union européenne et de l'Alliance atlantique, le président russe Vladimir Poutine a exigé le retrait des forces de l'OTAN de tous les pays qui ont adhéré depuis 1997.

Dans le viseur également de Moscou, le système antimissile de l'Alliance hébergé par la Roumanie: la Russie n'a cessé de dénoncer une menace à son encontre, même si l'OTAN insiste sur son but exclusivement défensif. Inauguré en 2016 et basé à Deveselu (sud), ce bouclier est formé de missiles intercepteurs de type SM-2.