L’émissaire américain Amos Hochstein, arrivé mardi à Beyrouth pour une mission de deux jours, alors que le Liban et Israël sont censés relancer les pourparlers indirects autour de la délimitation de leur frontière maritime sur fond d’exploitation d’hydrocarbures offshore, a commencé ses entretiens avec des responsables libanais. S'il n'a pas encore fait de déclarations à l'issue de ses rencontres, il s'est montré optimiste hier lors d'une rencontre avec des journalistes en affirmant qu'un accord pourrait être conclu. Epineux, le dossier de la délimitation de la frontière maritime est en suspens depuis plusieurs mois. La visite de Amos Hochstein intervient alors que le Liban avait fait savoir fin janvier qu’il était prêt à reprendre les négociations sous la houlette de l’Onu et de Washington.
"Il y a une opportunité aujourd'hui et nous avons réduit les lacunes sur la question de la démarcation des frontières maritimes, et nous pouvons parvenir à un accord, a affirmé l'émissaire américain. Ce n'est pas nous qui concluons un accord, c'est au Liban et à Israël de le faire". Ces déclarations faites lors d'une rencontre avec des journalistes mardi ont été rapportés mercredi par plusieurs médias libanais.
Nouvelles propositions
Mercredi, accompagné de l'ambassadrice américaine à Beyrouth, Dorothy Shea, Amos Hochstein a été reçu à Baabda où il s'est entretenu avec le président libanais Michel Aoun, le ministre des Affaires étrangères et le ministre de l'Energie. Aucune information n'a filtré sur la teneur de leurs discussions.
Plus tard dans la journée, Baabda a diffusé un communiqué dans lequel il est indiqué que "M. Hochstein a informé le président Aoun des résultats des contacts qu'il a entrepris en Israël (...) et lui a présenté des suggestions qui seront étudiées en fonction de la volonté de trouver des solutions à cette question. Pour sa part, le chef de l’État a assuré à l'émissaire Hochstein que le Liban était prêt à discuter des points soulevés", ajoute le texte. "Le rôle joué par les États-Unis pour aider à surmonter les obstacles à l'importation de gaz et d'électricité en provenance d’Égypte, de Jordanie et de Syrie a également été abordé", conclut le communiqué.
L'émissaire américain s'est ensuite entretenu avec le Premier ministre libanais, Nagib Mikati et la discussion a porté sur les "nouvelles propositions faites par Hochstein", selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). M. Mikati a indiqué qu'il allait "en discuter avec le président Aoun et M. Berry pour déterminer la position libanaise".
Selon plusieurs médias locaux, le diplomate américain est revenu au Liban avec des propositions concrètes concernant la délimitation de la frontière, sans plus de précisions. Selon le quotidien al-Joumhouriya, Amos Hochstein a rencontré mardi le ministre des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib, loin des médias et en présence de l'ambassadrice américaine. Des sources rapportent qu'Amos Hochstein a présenté "une série de propositions qu'il juge appropriées et qui permettent la prise de mesures qui conduisent à des percées économiques et financières"
Réunions fructueuses
Le président de la Chambre, Nabih Berry a lui aussi reçu à Aïn el-Tiné l'émissaire américain. Lors de l'entretien les "résultats des efforts de l'émissaire américain pour reprendre les négociations indirectes ont été discutés", rapporte un communiqué du bureau de presse de M. Berry.
Mercredi, Hochstein s'est également entretenu avec le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun puis avec le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim. "L'institution militaire est avec toute décision prise par le pouvoir politique" en ce qui concerne la délimitation des frontières, a assuré le général Aoun. De son côté, l'ambassade américaine a indiqué sur son compte Twitter que la réunion entre Amos Hochstein et Joseph Aoun était "fructueuse". "Là où il y a une volonté, il y a un chemin... Un accord sur les frontières maritimes pourrait créer une opportunité de prospérité indispensable pour l'avenir du Liban", a twitté l'ambassade US
Plus tard, l'ambassade US a dans un autre tweet, indiqué que les discussions avec M. Aoun et M. Mikati étaient également "fructueuses". Elle a décrit la discussion avec M. Berry comme étant "positive"
Des pourparlers avaient démarré entre le Liban et Israël en octobre 2020, sur la base d’une zone contestée d’une superficie de 860 km² à partager entre les deux pays (la ligne 23 qui délimite le triangle des 860 km², adoptée par le gouvernement en 2011). La ligne Hof, du nom du diplomate américain Frederic Hof qui avait joué les médiateurs entre les deux parties entre 2010 et 2012, attribuait au Liban 55 % de cette zone contre 45 % à Israël. Le Liban avait ensuite fait monter les enchères lors des négociations, réclamant une zone supplémentaire de 1 430 km² dans le tracé de la frontière maritime avec Israël, mais ces pourparlers avaient fini par être suspendus en décembre 2020. Le chef de l’État, Michel Aoun, avait alors fait de la revendication maximaliste libanaise son cheval de bataille, avant de faire volte-face et de s’abstenir de signer le décret amendant la superficie de la zone réclamée par le Liban. Face aux revendications libanaises qu’il jugeait excessives, l’État hébreu avait menacé d’élaborer un tracé maximaliste de son cru, qui aurait empiété sur quatre blocs libanais et bloqué toute négociation.
Début octobre 2021, Israël avait affirmé être prêt à faire de nouveaux efforts pour résoudre son différend avec le Liban sur la délimitation de leurs eaux territoriales en Méditerranée, tout en soulignant ne pas accepter que Beyrouth "dicte" les termes des pourparlers. En décembre dernier, l’ambassadeur d’Israël aux Nations unies, Gilad Erdan, avait contesté auprès du secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, l’appel d’offres international lancé par le Liban pour l’attribution des licences d’exploration et d’exploitation des réserves supposées d’hydrocarbures offshore situées dans les huit blocs restants de la zone économique exclusive (ZEE) du Liban.
Le ministre de l’Énergie Walid Fayad a annoncé fin novembre avoir signé une décision réinitialisant le second round de l’appel d’offres pour l’attribution de ces licences, faisant passer le nombre de blocs à attribuer de 5 à 8 (soit la totalité de ceux restants). Parmi ces blocs, le 8 et le 10 sont situés, au moins en partie, dans la zone contestée. Ces derniers jours, des articles de presse faisaient état d’un "document secret" des autorités libanaises en réaction aux protestations israéliennes. Mais dimanche, le ministère libanais des Affaires étrangères a fait savoir que la lettre en question était un document officiel daté du 2 février et envoyé à tous les membres du Conseil de sécurité.
commentaires (7)
ILS ONT CREE DEJA DES SOCIETES LIBANAISES ET DES OFFSHORES POUR SE GARANTIR LES LATTAS. ON ASSISTERA A DES GUERRES DE QUELLES SOCIETES VONT OBTENIR LES REPRESENTATIONS AU LIBAN. OU LES ENTENTES SONT DEJA FAITES ENTRE LES MAFIEUX.
LA LIBRE EXPRESSION
20 h 54, le 09 février 2022