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Moyen-Orient - Tunisie

Pressions croissantes sur Saïed après la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature

Le président accuse le CSM d’être manipulé par les islamistes d’Ennahda.

Pressions croissantes sur Saïed après la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature

Des juristes tunisiens vérifient que le siège du CSM à Tunis est fermé. Fethi Belaïd/AFP

Le président tunisien Kaïs Saïed faisait face hier aux pressions croissantes des juges et des Occidentaux après sa décision controversée de dissoudre un organe judiciaire clé, vue comme un revers démocratique dans le berceau du printemps arabe.

Après avoir suspendu le Parlement élu et limogé le gouvernement en juillet, M. Saïed a dissous samedi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), une instance indépendante créée en 2016 pour nommer les juges.

M. Saïed, virulent critique d’une partie des juges qu’il accuse de corruption, estime que le CSM a notamment ralenti des enquêtes sur les assassinats en 2013 de deux militants de gauche, Chokri Belaïd et Mohammad Brahmi. Il accuse aussi le CSM d’être manipulé par le parti d’inspiration islamiste Ennahda, qu’il s’efforce de marginaliser depuis son coup de force de juillet.

Bien qu’il se défende de toute volonté de s’immiscer dans le fonctionnement de la justice, sa décision de dissoudre le CSM lui a valu une salve de critiques en raison des doutes qu’elle fait peser sur l’indépendance de la justice.

Les ambassadeurs des pays membres du G7 et de l’Union européenne (UE) en Tunisie se sont ainsi dit mardi, dans un communiqué conjoint, « profondément préoccupés » par cette mesure.

« Une justice transparente, indépendante et efficace – ainsi que le respect du principe de séparation des pouvoirs – est essentielle au bon fonctionnement d’une démocratie au service du peuple, fondée sur le respect de l’État de droit et des droits et libertés fondamentaux », ont ajouté les chefs de mission des ambassades d’Allemagne, du Canada, des États-Unis, de France, d’Italie, du Japon, du Royaume-Uni et de la délégation de l’UE.

Leur communiqué a été publié quelques heures après des critiques similaires de la diplomatie américaine, pourtant souvent encline à donner au président Saïed le bénéfice du doute depuis qu’il a accaparé les pouvoirs.

Mauvaise direction

« Une justice indépendante est un élément crucial d’une démocratie efficace et transparente. Il est essentiel que le gouvernement de Tunisie tienne ses engagements à respecter l’indépendance de la justice conformément à la Constitution », a déclaré le porte-parole du département d’État, Ned Price.

À Genève, la haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet a déploré hier la dissolution du CSM, estimant que « c’est un grand pas dans la mauvaise direction ».

« La dissolution du Conseil supérieur de la magistrature est clairement en violation des obligations de la Tunisie au regard du droit humanitaire international », a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Après le président du CSM Youssef Bouzakher, qui a qualifié lundi d’« illégale » la décision de M. Saïed, l’Association des magistrats tunisiens a haussé le ton mardi en dénonçant la dissolution du CSM comme « une violation flagrante de la séparation des pouvoirs dans un régime démocratique ».

Pour protester contre cette mesure, l’Association a annoncé une grève des magistrats « dans tous les tribunaux du pays mercredi et jeudi », ainsi qu’un rassemblement, jeudi, devant le siège du CSM, auquel la police tunisienne a bloqué l’accès.

« Je voudrais rassurer tout le monde en Tunisie et à l’étranger que je ne m’ingérerai pas dans le travail de la justice et que j’ai recouru à cette dissolution seulement parce qu’elle était devenue nécessaire », a affirmé M. Saïed lundi soir en réponse aux critiques. « Je n’interviendrai dans aucune affaire ou nomination », a-t-il ajouté, affirmant que le CSM avait été instrumentalisé par certains « à des fins personnelles ou politiques ».

En dépit de ces promesses, les critiques de M. Saïed voient dans sa décision une nouvelle dérive. Celle-ci alimente les craintes d’un retour vers un pouvoir autoritaire dans le pays, qui a déclenché le printemps arabe en renversant la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali en 2011.

Source : AFP

Le président tunisien Kaïs Saïed faisait face hier aux pressions croissantes des juges et des Occidentaux après sa décision controversée de dissoudre un organe judiciaire clé, vue comme un revers démocratique dans le berceau du printemps arabe.Après avoir suspendu le Parlement élu et limogé le gouvernement en juillet, M. Saïed a dissous samedi le Conseil supérieur de la magistrature...

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