Anghami, première entreprise tech du monde arabe à être cotée à New York

L’annonce était attendue depuis des mois. Elle est enfin tombée, avec le coup d’envoi symbolique donné par les Libanais Eddy Maroun et Élie Habib, cofondateurs de la plateforme de streaming musical Anghami, qui ont sonné la cloche d’ouverture de la Bourse de New York ce 3 février, marquant l’introduction de leur entreprise à la Bourse de Nasdaq. De l’inédit, puisque Anghami devient ainsi la première entreprise tech du monde arabe à y être cotée, ainsi que la première compagnie arabe à y être introduite depuis 25 ans.

Fusion avec VMAC

Mi-2021, Anghami fusionnait avec Vista Media Acquisition Company (VMAC), une société d’acquisition à vocation spécifique (ou SPAC en anglais, pour Special Purpose Acquisition Company) qui, au moment de son entrée en bourse, n’a pas d’activité opérationnelle et dont le seul objectif est de lever des fonds pour financer une acquisition ou une fusion future. Ce moyen permet aux sociétés d’être introduites en bourse sans passer par un processus long et coûteux. « Nous cherchions à lever des fonds lorsque VMAC a manifesté son intérêt », avait indiqué à l’époque Élie Habib au Commerce du Levant. Suite à cette fusion, le duo de cofondateurs détenait 32 % des parts de cette nouvelle entité et dont l’introduction en bourse était à l’époque valorisée à près de 220 millions de dollars.

Lors d’une assemblée extraordinaire tenue le 19 janvier 2022, les différents actionnaires de VMAC ont voté à presque 98 % en faveur du regroupement d’entreprises proposé et qui était alors supposé mener à une introduction imminente d’Anghami en bourse.

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Ces actions sont désormais échangeables sur le Nasdaq sous le ticker (l’acronyme utilisé en bourse) « ANGH ». Ce résultat témoigne « du travail acharné et du dévouement de notre entreprise, de nos employés et de nos partenaires chez Vista Media Acquisition Company », a déclaré Eddy Maroun dans un communiqué publié pour l’occasion. « En tant que société publique, nous allons développer davantage notre écosystème de talents créatifs, élargir notre contenu et (fidéliser) des millions d’utilisateurs dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et dans le monde entier », a-t-il ajouté. Aujourd’hui, Anghami enregistre environ 1 milliard de titres écoutés par mois, grâce à ses 75 millions d’utilisateurs et à son répertoire composé de plus 75 millions de titres musicaux.

Déménager à Abou Dhabi

Lancée en 2012 au Liban, la première plateforme de streaming musical de la région a dû déménager en 2021 à Abou Dhabi, au sein du centre technologique Hub71. « Nous avions déjà des interrogations avant la crise quant à notre capacité de croître au Liban mais, avec la crise bancaire, il est devenu impossible pour n’importe quelle entreprise de pouvoir lever des fonds et se développer », indiquait à l’époque Élie Habib au Commerce du Levant.

Cependant, il insistait sur le fait qu’« Anghami ne quittera jamais le Liban ». Les bureaux beyrouthins accueillent une équipe resserrée dédiée uniquement au marketing et à la création de contenu, tandis que son siège principal aux Émirats arabes unis représente, lui, le pôle technologique. « Nous resterons une compagnie libanaise où que nous soyons », ajoutait-il. « Cette relocalisation partielle va nous permettre de continuer à embaucher des Libanais. Près de 90 % de notre équipe est libanaise et les recrutements se poursuivront à Beyrouth, y compris pour nos autres bureaux ». Outre Abou Dhabi et Beyrouth, la société Anghami possède des bureaux à Dubaï, au Caire et à Riyad, et opère dans 16 pays de la région MENA.