De nombreux morts dans des frappes aériennes contre les rebelles

Des frappes aériennes au Yémen visant des zones rebelles dans ce pays en guerre ont fait de nombreux morts et blessés dans une ville stratégique de l'ouest et une prison dans le nord, ont rapporté vendredi les insurgés et une ONG.

Le bombardement qui visait dans la nuit la prison à Saada, fief des rebelles, a fait de nombreuses victimes, ont indiqué les insurgés après cette attaque confirmée par la Croix-Rouge qui n'a pas été encore revendiquée.

Toujours dans la nuit, la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, qui intervient au Yémen depuis 2015 pour soutenir le gouvernement, a frappé la ville portuaire de Hodeida (ouest), également aux mains des rebelles, provoquant notamment une panne d'internet dans tout le pays.

Aucun chiffre de victimes n'était disponible dans l'immédiat pour ces deux attaques mais les rebelles ont diffusé une vidéo montrant des scènes macabres présentées comme les conséquences de l'attaque de la prison de Saada, avec des bâtiments bombardés, des secouristes dégageant des corps des décombres et des cadavres mutilés à proximité.

"Un centre de détention a été pris pour cible à Saada et une équipe du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est sur le terrain pour déterminer le nombre de morts et de blessés", a déclaré à l'AFP Bachir Omar, porte-parole du CICR au Yémen.

"De ce que j'ai entendu de la part de collègues à Saada, il y a de nombreux corps sur le site de la frappe, et de nombreux disparus. Il est impossible de savoir combien de gens ont été tués", a déclaré dans un communiqué Ahmed Mahat, le chef de la mission de Médecins sans frontières au Yémen.

L'hôpital de la ville a reçu jusqu'à présent quelque 200 blessés et dit qu'il ne peut plus en accueillir selon lui.

L'attaque visant la prison n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite frappe régulièrement les insurgés.

"Piraterie"

De son côté, l'agence de presse de l'Etat saoudien a déclaré que la coalition avait effectué des "frappes aériennes ciblées pour détruire les capacités d'action de la milice houthi à Hodeidah".

La coalition a déclaré qu'elle visait une "plaque tournante de la piraterie et du crime organisé".

Pour leur part, les houthis ont indiqué que des personnes avaient été tuées dans la frappe, mais leur déclaration n'a pas pu être confirmée dans l'immédiat. Un correspondant de l'AFP à Hodeidah a décrit une attaque de grande envergure.

La majeure partie de l'aide humanitaire destinée au Yémen transite par Hodeidah, un enjeu vital dans la guerre au Yémen qui oppose depuis 2015 les houthis, soutenus par l'Iran chiite, aux forces du gouvernement yéménite appuyé par la coalition.

"Voyous"

L'organisation NetBlocks, spécialisée dans la surveillance de l'internet dans le monde, a fait état d'un "effondrement des connexions internet dans le pays" après le bombardement. Des correspondants de l'AFP à Hodeidah et à Sanaa ont confirmé la panne.

Cette escalade intervient après que les rebelles houthis ont détourné début janvier un navire battant pavillon des Emirats arabes unis en mer Rouge. La coalition avait ensuite averti qu'elle bombarderait les ports tenus par les rebelles.

Lundi, les rebelles ont revendiqué une attaque au drone et au missile qui a frappé des installations pétrolières et aéroportuaires à Abou Dhabi, capitale des Emirats arabes unis, tuant trois personnes et en blessant six. Les Emirats sont membres de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite.

Par ailleurs, le ministre yéménite des Affaires étrangères, Ahmed Bin Moubarak, a déclaré vendredi avoir tenu une "réunion constructive" avec l'émissaire américain Tim Lenderking et la chargée d'affaires Cathy Westley.

"Nous avons discuté des récents développements politiques, économiques et militaires". "J'ai insisté sur le fait que la communauté internationale ne devait pas permettre à un groupe de voyous de menacer la sécurité de la région", a-t-il ajouté, en référence aux rebelles houthis.

Selon l'ONU, le conflit au Yémen a fait 377.000 morts, victimes directes et indirectes d'une guerre qui dure depuis plus de sept ans.