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Lifestyle - Mode

Josette Achkar, ou la vie sublimée

Josette Achkar, ou la vie sublimée

Collection Josette Achkar automne-hiver 2021-2022. Photo DR

Depuis toute petite, Josette Achkar est fascinée par les images des magazines. Elle voit dans les vêtements qui s’y déploient une sorte de superpouvoir, une manière de sublimer la condition humaine. Elle y voit des contes de fées réels et un réel féerique qu’elle sent à portée de main. C’est donc tout naturellement qu’elle rejoint les rangs d’Esmod Beyrouth et se noie avec bonheur dans un univers où les difficultés techniques ne sont que des clés supplémentaires pour faire advenir la magie. Mais le courage et la détermination ne sont pas tout, et le sort s’acharne sur la jeune femme à peine prend-elle son élan. La double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth la contraint à rejoindre Esmod Paris pour finir ses études en prêt-à-porter stylisme. Une expérience passionnante, certes, mais à peine commencée, déjà ternie par la montée de la pandémie. Non seulement elle ne reviendra pas auprès de la famille pour les fêtes de fin d’année, mais elle va apprendre coup sur coup la contamination puis le décès de son oncle, l’homme politique Massoud, alias Poussy Achkar, l’hospitalisation de son père, Maroun Achkar, puis celle de sa mère, Andrée Hraoui Achkar, et de sa tante maternelle. Aucun de ces membres de sa famille n’a pu être sauvé. « Ils étaient ma colonne vertébrale », confie la jeune femme qui poursuit son œuvre malgré tout avec la même persévérance, persuadée que le seul moyen de se survivre et de garder vivant le souvenir de ceux qui sont partis, « le seul secret de l’immortalité », en somme, « réside dans le travail qu’on laisse derrière soi ».

Collection Josette Achkar automne-hiver 2021-2022. Photo DR

Dotée d’une puissante mémoire photographique, Josette Achkar retient les détails vestimentaires qui la marquent, que ce soit dans les magazines ou dans la rue. « Enfant, je rêvais de créer des chefs-d’œuvre impeccables qui seraient portés par des personnes fortes et uniques » dit-elle.

Clairement, ses rêves de princesse n’ont rien de mièvre. Pas de guimauve, pas de meringues dans sa vision du vêtement-pouvoir. Sa vision est plutôt paradoxale, à mi-chemin entre le brutalisme et le glamour, le minimalisme et l’ornement qui fait mouche. « Mon envie de perfection me fait parfois aimer une cohérence spécifique et d’autres fois un chaos organisé », précise la créatrice, persuadée que sa satisfaction personnelle par rapport au travail achevé « est directement liée au sens des proportions obtenu loin de toute exagération ». Dans son monde idéal, l’Art déco, avec son sens de la structure, associé au paradoxe de la fluidité, est une intarissable source d’inspiration.

Collection Josette Achkar automne-hiver 2021-2022. Photo DR

Si nous parlons ici, une fois n’est pas coutume, d’une collection de diplômes, c’est qu’elle est suffisamment mûre pour servir de base au lancement récent de la marque éponyme de Josette Achkar. La créatrice a veillé aux moindres détails d’une confection très sophistiquée.

Elle a choisi des textiles de prestige, comme le crêpe, le cachemire, la soie et le velours.

Elle s’est surtout penchée sur le confort et la durabilité des vêtements livrés par son atelier.

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Dans le design minimaliste, les coupes géométriques, les plissages sophistiqués et les détails innovants, notamment dans les manches, auxquels s’ajoutent des couleurs élégantes comme le noir, le bordeaux et le blanc, on trouve déjà l’ADN d’un style à l’identité affirmée. « La marque Josette Achkar est une marque discrète mais ambiguë, moderne mais conservatrice, avec un minimalisme labyrinthique et une féminité marquée d’une touche androgyne », affirme la créatrice qui souligne que son label s’adresse « aux obsédées de perfection, aux penseuses, aux audacieuses, aux résilientes, à celles qui accomplissent ».

On admirera dans ses modèles les plissages complexes, la perfection couture, le motif de broderie exclusif qui rappelle des racines stylisées, des branches dénudées mais prêtes à accueillir les bourgeons d’une renaissance ou peut-être un réseau de veines porteuses de vie, car, au fond, et même au plus profond du deuil, c’est cela qui continue et qui compte, et qui anéantit l’œuvre de la mort.

Depuis toute petite, Josette Achkar est fascinée par les images des magazines. Elle voit dans les vêtements qui s’y déploient une sorte de superpouvoir, une manière de sublimer la condition humaine. Elle y voit des contes de fées réels et un réel féerique qu’elle sent à portée de main. C’est donc tout naturellement qu’elle rejoint les rangs d’Esmod Beyrouth et se noie avec...

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