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Moyen-Orient - Éclairage

La visite du Fateh à Damas revêt un intérêt pour les deux parties

Une délégation de haut niveau du parti politique nationaliste palestinien devrait se rendre à Damas aujourd’hui pour y rencontrer le président syrien.

La visite du Fateh à Damas revêt un intérêt pour les deux parties

Rencontre entre le président syrien Bachar el-Assad et Abbas Zaki, membre du Comité central du Fatah, à Damas, le 7 octobre 2013. SANA /HO/AFP

Quatre à cinq responsables de haut rang du Fateh s’apprêtent à rencontrer, à Damas, le président syrien Bachar el-Assad, a annoncé lundi le chef adjoint des relations internationales du Comité central du Fateh, Abdallah Abdallah, au média qatari Arabi21. Cette visite devrait avoir lieu aujourd’hui, selon le collectif de journalistes syriens et arabes prorégime Athr Press. Les officiels en visite transmettront notamment une lettre adressée par le président de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas, à son homologue syrien. Selon le média libanais al-Nashra, la délégation du Fateh sera dirigée par le secrétaire général du comité central du parti, Gibril Rajoub.Cette rencontre peut tout d’abord s’expliquer par la volonté des deux parties de faire avancer leurs intérêts en interne. Du côté du Fateh, la visite d’aujourd’hui se déroule peu avant la tenue prochaine d’une réunion organisée à Ramallah par le Conseil central de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). En marge de cette réunion, « il y a une initiative au niveau du mouvement Fateh pour une réconciliation palestinienne, notamment pour une réconciliation entre les factions membres de l’OLP, alors que plusieurs organisations appellent au boycott, observe Ziad Majed, analyste politique et professeur à l’Université américaine de Paris. En Syrie, plusieurs responsables du Jihad islamique ou encore du Hamas n’ont pour le moment pas souhaité participer à cette réunion ». Le parti nationaliste palestinien chercherait également à limiter le rôle du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, alors que l’AP est elle-même de plus en plus contestée par les Palestiniens.

En ce qui concerne le régime de Bachar el-Assad, l’accueil d’une délégation du Fateh lui permet de sortir davantage de son isolement régional provoqué, à l’origine, par sa répression violente des manifestations antigouvernementales de 2011. Cette annonce survient en effet à l’heure où le régime syrien fait des pas significatifs en vue de se réinsérer sur la scène diplomatique au Moyen-Orient. En novembre dernier, le président syrien accueillait notamment à Damas le chef de la diplomatie émiratie Abdallah ben Zayed al-Nahyane, marquant le premier déplacement d’un officiel émirati de haut niveau depuis la suspension par la Ligue arabe de la Syrie en 2011. Deux mois plus tôt, après l’accord tacite de Joe Biden à la conclusion d’un marché pour alimenter le Liban en gaz et en électricité en provenance d’Égypte et de Jordanie en passant par la Syrie, le royaume de Jordanie reprenait langue avec le pouvoir syrien. Par cette visite, « la Syrie souhaite également montrer qu’elle joue un rôle au niveau de la question palestinienne puisque la défense de cette cause a toujours été un des fonds de commerce du régime syrien », poursuit Ziad Majed.

Camp de Yarmouk

Si le gouvernement d’Assad a toujours instrumentalisé la cause palestinienne en l’intégrant dans le mythe fondateur de l’idéologie baassiste, la réalité en est bien loin. L’un des exemples les plus frappants est le sort réservé par les autorités syriennes aux Palestiniens du camp de Yarmouk (banlieue de Damas), tombé en ruine en 2018 après le blocus imposé dans l’indifférence générale en 2013 aux habitants puis le siège de deux ans qui s’est ensuivi. « Les événements de Yarmouk ont contribué à pousser des membres du Fateh à s’éloigner du régime syrien car ils l’ont accusé d’avoir torturé et tué des milliers et des milliers de Palestiniens dans les prisons syriennes », observe Radwan Ziadeh, chercheur à l’Arab Center de Washington.

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Déjà en 2011, le déclenchement de la révolution syrienne avait créé des dissensions au sein du Fateh entre défenseurs et opposants à Assad. Si certains membres de la formation ont critiqué les violences commises par le régime envers les Syriens et les Palestiniens, « d’autres ont soutenu que la Syrie avait accueilli certains leaders du parti, qui a un bureau à Damas, et qu’ils ne devaient pas interférer dans les politiques internes syriennes », indique Radwan Ziadeh. Depuis les années 1970, les relations entre l’OLP, alors dirigée par Yasser Arafat, et le régime syrien, à la tête duquel se trouvait Hafez el-Assad, sont tendues en raison des projets divergents de Damas et des factions palestiniennes dans la région. « Lorsque Arafat évoquait la souveraineté de l’OLP, il faisait surtout allusion à une indépendance vis-à-vis du régime syrien puisque Assad a souhaité mettre la main sur la carte palestinienne et se positionner comme le protecteur des Palestiniens afin de justifier sa politique despotique et son écrasement de la société syrienne au nom de la Palestine », note Ziad Majed. Des tensions qui se sont ensuite poursuivies sous Bachar el-Assad et Mahmoud Abbas.Débuté en 2015, le rapprochement opéré entre le Fateh et le régime Assad est en partie lié à « l’intervention militaire russe en Syrie, étant donné les relations privilégiées entre Moscou et Abbas, d’un côté, et le fait que la Russie soit venue sauver Assad, de l’autre », ajoute Ziad Majed. Alors qu’il se poursuit depuis, la visite d’aujourd’hui s’inscrit aussi dans le cadre du « réchauffement des relations entre le Hamas et l’Iran (qui s’étaient détériorées après la prise de position de la branche politique du mouvement islamiste en faveur de la révolution syrienne en 2012, NDLR) », indique Radwan Ziadeh. « Le régime syrien ne pourra cependant probablement rien offrir aux Palestiniens, ajoute-t-il. Son seul intérêt est de rester au pouvoir, quel qu’en soit le prix pour les Palestiniens ou pour les Syriens. »

Quatre à cinq responsables de haut rang du Fateh s’apprêtent à rencontrer, à Damas, le président syrien Bachar el-Assad, a annoncé lundi le chef adjoint des relations internationales du Comité central du Fateh, Abdallah Abdallah, au média qatari Arabi21. Cette visite devrait avoir lieu aujourd’hui, selon le collectif de journalistes syriens et arabes prorégime Athr Press. Les...

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La Syrie , à petits pas, sous l’influence de la russie va rejoindre à ( moyen / long) terme.. le camp de la paix. Les émirats se rapprochent de la syrie… pourtant les émirats ont plus que signé la paix avec Israel. Le fateh qui a fait la paix et au moins « reconnaît » Israel depuis des décennies … ce fateh se rapproche de la syrie… Tout indique que la russie accroît fortement son influence en syrie . Cette dernière qui essaie d’échapper à la mainmise iranienne du Hezbollah reconnu terroriste par la communauté internationale. Alors que la syrie essaie de réintégrer la communauté internationale. A l’époque, c’était la diplomatie libanaise ( reconnue et appréciée internationalement) qui participait à soutenir l’image de la syrie et faisait l’intermédiaire. Aujourd’hui, à cause de l’Iran / Hezbollah, la diplomatie libanaise et le liban entier est considéré comme pays , encore « plus voyou » que la Syrie elle-même. Même les pays arabes ne veulent plus entendre parler du liban politique et diplomatique. La syrie passe donc via les émirats… ce petit pays , qui au fond, a pris le relais du liban sur tous les sujets et aspects. Cet ex désert est devenu un bijou. Le liban, quant à lui est devenu un désert infréquentable de surcroît.

LE FRANCOPHONE

10 h 47, le 06 janvier 2022

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  • La Syrie , à petits pas, sous l’influence de la russie va rejoindre à ( moyen / long) terme.. le camp de la paix. Les émirats se rapprochent de la syrie… pourtant les émirats ont plus que signé la paix avec Israel. Le fateh qui a fait la paix et au moins « reconnaît » Israel depuis des décennies … ce fateh se rapproche de la syrie… Tout indique que la russie accroît fortement son influence en syrie . Cette dernière qui essaie d’échapper à la mainmise iranienne du Hezbollah reconnu terroriste par la communauté internationale. Alors que la syrie essaie de réintégrer la communauté internationale. A l’époque, c’était la diplomatie libanaise ( reconnue et appréciée internationalement) qui participait à soutenir l’image de la syrie et faisait l’intermédiaire. Aujourd’hui, à cause de l’Iran / Hezbollah, la diplomatie libanaise et le liban entier est considéré comme pays , encore « plus voyou » que la Syrie elle-même. Même les pays arabes ne veulent plus entendre parler du liban politique et diplomatique. La syrie passe donc via les émirats… ce petit pays , qui au fond, a pris le relais du liban sur tous les sujets et aspects. Cet ex désert est devenu un bijou. Le liban, quant à lui est devenu un désert infréquentable de surcroît.

    LE FRANCOPHONE

    10 h 47, le 06 janvier 2022

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