Le ministre libanais de la Santé Firas Abiad a estimé mardi, en amont d'une réunion avec le ministre de l'Education, Abbas Halabi, que "l'ouverture des écoles risque inéluctablement d'accentuer la propagation du virus", soulignant toutefois l'importance d'une reprise des cours en présentiel après les vacances de fin d'année, pour le bien-être des élèves. Une mise en garde alors que plus de 5.000 cas de contamination ont été enregistrés durant les dernière 24h.
"La question importante qui se pose aujourd'hui n'est pas si les écoles doivent rester fermées à cause du tsunami Omicron, mais comment les cours peuvent être repris de manière sécurisée pour les élèves, les enseignants, le personnel administratif, les familles et la société de manière générale", a affirmé M. Abiad dans une série de tweets. Ce dernier a déploré "le comportement des parents et de la société au cours des derniers jours", estimant qu'ils "ne montraient pas le bon exemple", et appelé les écoles à "s'assurer du respect des mesures sanitaires, notamment le port du masque". Le ministre a également indiqué que "le taux de vaccination dans les écoles demeure peu élevé", regrettant que des parents refusent de faire vacciner leurs enfants. Il a précisé que la présence de tests antigéniques dans les écoles pourrait aider au niveau du dépistage, soulignant cependant que "les faux résultats négatifs et les personnes asymptomatiques entravent les efforts visant à contenir la pandémie".
Le Dr Abiad a dans ce contexte noté que la capacité du système sanitaire à accueillir les patients dépendra du "nombre de malades nécessitant une hospitalisation". "Le ministère travaille à augmenter le nombre de lits pour les patients atteints du coronavirus", a assuré le médecin, notant toutefois qu'"il y a des limites à ce qui peut être fait, notamment en raison du manque de médecins et d'infirmières". En septembre dernier, l'OMS avait indiqué que près de 40% des médecins et 30% du personnel infirmier ont quitté le Liban. "D'un point de vue psychologique et éducatif, les élèves n'ont pas intérêt à rester à domicile", a enfin conclu Firas Abiad, prévoyant cependant une "période difficile pour les adultes non vaccinés". La menace d'un nouveau bouclage du pays est évoquée depuis quelques jours par les autorités en raison d'un regain inquiétant des contaminations dans un Liban dont le système sanitaire est paralysé, faute de médicaments, d'équipements médicaux et de personnel soignant.
Au cours d'une réunion avec le Premier ministre Nagib Mikati au Grand Sérail consacrée aux derniers développement de la pandémie dans le pays, le Dr Abiad a par ailleurs indiqué que "la situation dans les hôpitaux demeure jusque-là sous contrôle, le nombre de patients admis en soins intensifs n'ayant pas considérablement augmenté". Il a précisé avoir demandé une augmentation du nombre de lits de près 30% et s'est déclaré prêt à en assurer davantage en cas de besoin, selon un communiqué publié par la présidence du Conseil. Le ministre a par ailleurs annoncé qu'un centre d'urgence sera prochainement inauguré dans la zone du Biel à Beyrouth. Il a ajouté que ce centre a été équipé avec du matériel octroyé par le Émirats arabes unis et accueillera les personnes suspectées d'avoir contracté le Covid-19 afin qu'elles soient diagnostiquées. Le Dr Abiad a enfin affirmé que le ministère s'activera davantage au cours des prochains jours afin d'accélérer la vaccination dans les écoles.
Bilan du jour
Entre temps, la propagation rapide du coronavirus dans le pays se poursuit, où 19 décès et 5.087 nouvelles contaminations, dont 223 provenant de l'étranger, ont été signalés mardi, selon les chiffres du ministère de la Santé. 14,8% des tests de dépistage effectués au cours des dernières 24 heures se sont avérés positifs, un chiffre qui ne cesse d'augmenter au fil des jours. 696 hospitalisations ont également été signalées, parmi lesquelles on dénombre 347 personnes admises en soins intensifs, un taux d'occupation de respectivement 68 et 79% des lits réservés aux patients souffrant du coronavirus dans le pays. La pandémie a fait depuis février 2020 740.814 contaminations dans le pays, dont 9.193 décès et 669.635 rémissions.
Côté vaccination, 44,1% de la population éligible, âgée donc de plus de 12 ans, a été immunisée, depuis février dernier, avec une première dose de vaccin anti-Covid et 36% a déjà reçu deux doses de vaccin pour avoir l'immunité la plus complète avec les produits Pfizer, AstraZeneca, Spoutnik-V ou Sinopharm. 15,6% des personnes à risque ont pour leur part reçu une 3e dose de vaccin depuis le début de la campagne de rappel en octobre dernier.
Face à ces chiffres, le président de la commission parlementaire de la Santé, Assem Araji, a prévenu que "si des cas s'avèrent graves et nécessitent une hospitalisation, cela sera problématique". "Nous avons actuellement 916 lits, notamment en soins intensifs. Nous avons constaté qu'hier, 40 patients ont été hospitalisés, et cela n'est pas rassurant (...) Nous appelons la population à respecter les mesures préventives car nous pourrions nous retrouver sans lits disponibles", a mis en garde le député, lors d'une réunion de la commission.
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