Le député du Hezbollah, Hassan Fadlallah, a estimé, lundi, que "le pouvoir judiciaire est aujourd'hui dans le pire état possible", alors que des cadres du parti chiite critiquent quasiment chaque jour les actions du juge Tarek Bitar, chargé de l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth.
Lors d'une rencontre à Tebnine, au Liban-Sud, le député chiite a soutenu que certains "juges contribuent à détruire le pouvoir judiciaire", déplorant "des problèmes et des conflits au sein du corps judiciaire". M. Fadlallah a regretté "l'absence d'un pouvoir judicaire qui respecte la Constitution et les lois, ce qui fait que les gens n'ont plus confiance dans la justice qui se trouve désormais dans une situation dangereuse".
Estimant que le pouvoir judiciaire nécessite une "refonte majeure", le parlementaire a fait valoir que les juges ne semblent pas vouloir "intervenir pour jeter les corrompus en prison, malgré plusieurs dossiers" présentés par son parti à la justice ces derniers mois.
M. Fadlallah a également tiré en direction des Etats-Unis, qu'il a accusés de "protéger" les responsables libanais corrompus, alors que Washington considère le Hezbollah comme un groupe terroriste.
Au cours des dernières années, M. Fadlallah a déclaré, à plusieurs reprises, disposer de documents exposant la corruption de certains responsables, sans toutefois jamais les nommer, tandis que nombre de dirigeants soulignent que, en cherchant régulièrement à intervenir dans les affaires de la justice, le parti pro-iranien fait fi du principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs.
Dernièrement, la justice libanaise est dans le viseur du Hezbollah, alors que plusieurs responsables proches du parti, notamment des membres du mouvement Amal du président de la Chambre, sont poursuivis ou sous le coup de mandats d'arrêt, dans le cadre de l'enquête sur la déflagration du 4 août 2020. Le parti chiite pro-iranien veut, dès lors, que soit déboulonné le juge Bitar, qu'il accuse d'être politisé et de faire du ciblage politique.
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