Le ministre libanais de l'Information, Georges Cordahi, dont des propos sur la guerre au Yémen sont à l'origine d'une crise diplomatique qui a éclaté il y a plus d'un mois entre le Liban et les pays du Golfe, s'apprête à présenter sa démission vendredi, une éventualité qu'il avait jusqu'à présent rejetée.
Selon des informations de notre correspondante politique Hoda Chédid, M. Cordahi présentera "volontairement" sa démission vendredi lors d'une conférence de presse dans la journée au ministère de l'Information. Ce développement fait suite à des contacts franco-libanais à la veille de la tournée qu'entame vendredi le président français Emmanuel Macron dans le Golfe. Après les Émirats arabes unis et le Qatar, M. Macron sera à Riyad où il s'entretiendra avec le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane. La démission de M. Cordahi viendrait ainsi à point nommé pour fournir des arguments au président français afin d'inciter son interlocuteur saoudien à mettre un bémol à sa politique punitive à l'égard du Liban.
Fin octobre, des déclarations de Georges Cordahi, qui avaient été prononcées et enregistrées avant qu'il ne devienne ministre, avaient fait polémique. Dans une émission télévisée, il critiquait le rôle de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite dans le conflit au Yémen et prenait ouvertement la défense des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, bête noire de Riyad. Suite à ces déclarations, le royaume wahhabite, rapidement suivi par d'autres pays du Golfe, avait décidé de rompre les relations diplomatiques avec le Liban et d'en interdire toutes les importations. Depuis, plusieurs responsables politiques, dont le Premier ministre Nagib Mikati, appellent M. Cordahi à démissionner, ce que ce dernier a toujours refusé. Il bénéficiait jusqu'à présent du soutien des Marada, courant qui avait proposé son nom comme ministrable, et du Hezbollah. Ce bras de fer était venu alourdir encore plus la crise gouvernementale, le cabinet Mikati ne s'étant plus réuni depuis le 12 octobre sur fond de tensions autour de l'enquête sur la double explosion du 4 août 2020. Dans des déclarations à la presse, le chef de la diplomatie saoudienne avait à plusieurs reprises souligné que la crise n'avait pas été provoquée par les seuls propos de Georges Cordahi mais avaient, en toile de fond, la mainmise toujours plus importante du parti pro-iranien sur la politique libanaise.
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BON DEBARRAS.
LA LIBRE EXPRESSION
12 h 33, le 03 décembre 2021