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Dernières Infos - Ingérences dans la justice

Le président du CSM rejette la démission de trois magistrates


Le président du CSM rejette la démission de trois magistrates

Sit-in de soutien au juge Tarek Bitar devant le Palais de Justice de Beyrouth, le 11 novembre 2021. Photo d'archives Mohammad Yassine

Le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Suhail Abboud, a rejeté, vendredi, les démissions présentées par trois magistrates, qui voulaient protester contre les ingérences du pouvoir politique dans la justice, notamment dans l'enquête sur la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth. 

Les démissions refusées par M. Abboud sont celles des magistrates Jeannette Hanna, présidente de la 5e chambre civile de la Cour de cassation, Roula Husseini, présidente d’une chambre de cour d’appel de Beyrouth, et Carla Kassis, avocate générale près la Cour de cassation, a-t-on confirmé de source judiciaire à L'Orient-Le Jour.

Selon une source judiciaire citée jeudi par l'AFP, les trois juges ont présenté leur démission "pour protester (...) contre les ingérences politiques dans le travail de la justice et les atteintes aux décisions émises par les juges et les tribunaux". Des sources judiciaires avaient indiqué, jeudi, que les magistrates avaient rencontré le président du CSM il y a une dizaine de jours à ce propos, et qu'il leur aurait demandé de patienter avant d’officialiser leur démission, en attendant d’avoir discuté de leurs motifs avec l’ensemble des membres de cet organe public indépendant du pouvoir exécutif et chargé de la désignation des magistrats et de la gestion de leurs carrières, de sorte à garantir l’indépendance de la justice.

Dans un pays où les dirigeants politiques déterminent les nominations judiciaires, y compris dans les plus hautes juridictions, la marge de manœuvre de la justice est assez limitée. Une enquête sur la gigantesque explosion du 4 août 2020 a montré l'ampleur des ingérences politiques dans la justice, de hauts responsables s'acharnant sur le juge d'instruction Tarek Bitar, en recourant à des manœuvres juridiques pour entraver son travail.

Des responsables politiques de tous bords refusent d'être interrogés par le juge Bitar, même si les autorités ont reconnu que l'explosion, qui a fait plus de 200 morts, 6.500 blessés et détruit le port ainsi que des quartiers entiers de Beyrouth, était due au stockage sans mesures de précaution d'énormes quantités de nitrate d'ammonium. Les politiciens mis en cause ont déposé une quinzaine de plaintes contre M. Bitar, qu'ils cherchent à écarter du dossier.

L'enquête sur l'explosion du port de Beyrouth n'est pas la seule faisant l'objet d'ingérences politiques. Une enquête sur des accusations d'évasion fiscale et d'enrichissement illicite portées contre le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, a également été suspendue après des poursuites lancées contre le juge d'instruction Jean Tannous.

Le président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Suhail Abboud, a rejeté, vendredi, les démissions présentées par trois magistrates, qui voulaient protester contre les ingérences du pouvoir politique dans la justice, notamment dans l'enquête sur la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth. Les démissions refusées par M. Abboud sont celles des magistrates...