Loukachenko dans un centre d'accueil de migrants à la frontière polonaise

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko s'est rendu vendredi dans un centre d'accueil pour migrants près de la frontière polonaise, en pleine crise entre l'Occident et Minsk, que l'Europe accuse d'avoir orchestré un afflux migratoire à ses portes.

"Des migrants ont entouré le président et l'ont accueilli avec des applaudissements", a affirmé l'agence de presse étatique Belta, qui a également publié une photo de M. Loukachenko rencontrant des employés de la Croix-Rouge. Dans une vidéo publiée par Belta, M. Loukachenko s'avance, le visage grave, entouré d'un cordon de gardes du corps, de journalistes et de migrants. Des femmes et des enfants sont également visibles, près de tentes installées dans ce centre, un hangar aménagé. "Comprenez, nous ne pouvons pas lancer une guerre pour ouvrir un couloir vers l'Allemagne", pays que nombre de migrants souhaitent gagner, a déclaré M. Loukachenko lors de sa visite, selon des propos rapportés par Belta.

Situé non loin du point de passage de Brouzgui, ce centre temporaire a été ouvert la semaine dernière pour accueillir des migrants qui campaient depuis des jours à la frontière par des températures glaciales, dans l'espoir d'entrer dans l'UE. Minsk affirme que des centaines de personnes ont été relogées dans ce centre, réduisant les tensions et les craintes pour la santé de ces personnes.

Plusieurs centaines d'autres candidats à l'exil ont été rapatriés ces derniers jours dans leurs pays, notamment l'Irak, d'où un grand nombre d'entre eux sont originaires. Vendredi, le président bélarusse a affirmé que 150 migrants "errent" toujours le long de la frontière. Le régime d'Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, est accusé par Bruxelles d'avoir attiré depuis l'été plusieurs milliers de migrants dans son pays avant de les acheminer aux frontières orientales de l'Union européenne, dans le but de se venger de sanctions occidentales.

Ces dernières semaines, la Pologne a ainsi fait face, à sa frontière avec le Bélarus, à un important afflux de personnes. Alors que Minsk leur avait promis un passage facile en Europe, les candidats à l'exil se sont retrouvés bloqués à la frontière dans des conditions difficiles. Selon les médias polonais, au moins 11 sont morts dans la zone frontalière depuis l'été.

Les premiers retours de migrants irakiens dans leur pays la semaine dernière ont eu lieu après plusieurs échanges téléphoniques entre des responsables bélarusses et européens. M. Loukachenko s'est ainsi entretenu à deux reprises avec la chancelière allemande Angela Merkel, une victoire pour le dirigeant bélarusse dont la réélection controversée l'an dernier n'a pas été reconnue par les pays occidentaux.