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Vingt-sept migrants décédés dans le naufrage d'une embarcation

Vingt-sept migrants décédés dans le naufrage d'une embarcation

Des migrants débarqués à Dungeness, au Royaume-uni, après avoir franchi la Manche, le 24 novembre 2021. Photo REUTERS/Henry Nicholls

La Manche, nouveau "cimetière à ciel ouvert" : vingt-sept migrants sont décédés mercredi dans le naufrage de leur embarcation au large de Calais, point de départ, dans le nord de la France, des tentatives de traversées vers les côtes britanniques.

Ce drame, qualifié de "tragédie" par le Premier ministre français Jean Castex, est de loin le plus meurtrier depuis l'envolée en 2018 des traversées migratoires de la Manche, face au verrouillage croissant du port de Calais et du tunnel sous la Manche emprunté jusque-là par les migrants tentant de rallier l'Angleterre.

Une cinquantaine de personnes se trouvaient à bord de l'embarcation qui était partie de Dunkerque, a indiqué une source proche du dossier.

"Mes pensées vont aux nombreux disparus et blessés, victimes de passeurs criminels qui exploitent leur détresse et leur misère", a écrit M. Castex sur Twitter, en assurant suivre "la situation en temps réel". Le Premier ministre britannique Boris Johnson a de son côté convoqué une réunion de crise "sur la situation dans la Manche", a annoncé son porte-parole.

Avant ce naufrage, le bilan des décès depuis le début de l'année s'élevait à trois morts et quatre disparus. En 2020, six personnes ont trouvé la mort et trois autres ont été portées disparues. Quatre décès ont été recensés en 2019.

"Forte émotion devant le drame des nombreux morts dû au chavirage d'un bateau de migrants dans la Manche. On ne dira jamais assez le caractère criminel des passeurs qui organisent ces traversées", a twitté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Le ministre doit se rendre à 19H15 (18h15 GMT) à l'hôpital de Calais, puis s'exprimer vers 19H45.

"Tragédie absolue"

Le parquet de Dunkerque a annoncé à l'AFP l'ouverture d'une enquête pour "aide à l'entrée au séjour irrégulier en bande organisée" et "homicide involontaire aggravé".

Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, trois hélicoptères et trois bateaux participent aux recherches.

"Les gens meurent dans la Manche qui est en train de se transformer en cimetière à ciel ouvert, comme la Méditerranée. Tant que l'Angleterre sera en face, les gens continueront à traverser", s'est alarmé Pierre Roques, coordinateur de l'Auberge des Migrants, une association de Calais.

Outre-Manche, la députée conservatrice de Douvres, Natalie Elphicke, a déploré "une tragédie absolue". "Cela montre bien que pour sauver des vies en mer, il faut d'abord empêcher les bateaux d'entrer dans l'eau", a-t-elle déclaré, appelant à "mettre fin à ces traversées dangereuses".

"Cynisme des organisations"

Les tentatives de traversées migratoires de la Manche à bord de petites embarcations ont doublé ces trois derniers mois, a indiqué vendredi dernier le préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord, Philippe Dutrieux, dans un entretien avec l'AFP. Au 20 novembre, 31.500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l'année et 7.800 migrants avaient été sauvées, a-t-il affirmé. Une tendance, avait-il remarqué, qui n'a pas baissé malgré les températures hivernales. Selon Londres 22.000 migrants ont réussi la traversée sur les dix premiers mois de l'année.

M. Dutrieux explique notamment ce phénomène par "le cynisme des organisations qui sont derrière ces passages, qui jettent à l'eau des migrants parce que c'est une entreprise qui rapporte bien".

Londres et Paris sont convenus de renforcer leur coopération pour tenter de tarir ces départs après une montée de tension dans le sillage de l'arrivée le 11 novembre de 1.185 migrants sur les côtes anglaises, un record.

"Ça fait des années qu'on dénonce et alerte sur la dangerosité de la situation à la frontière", chiffrant à "plus de 300", le nombre de migrants décédés depuis 1999 sur le littoral", a réagi Charlotte Kwantes, responsable d'Utopia56, association qui intervient auprès des exilés à Calais. "Tant que des voies de passage sûres ne seront pas mises en place entre l'Angleterre et la France, ou tant que ces personnes ne pourront pas être régularisées en France, que Darmanin vienne ou pas à Calais, il y aura des morts à la frontière", a-t-elle déclaré à l'AFP.

La Manche, nouveau "cimetière à ciel ouvert" : vingt-sept migrants sont décédés mercredi dans le naufrage de leur embarcation au large de Calais, point de départ, dans le nord de la France, des tentatives de traversées vers les côtes britanniques. Ce drame, qualifié de "tragédie" par le Premier ministre français Jean Castex, est de loin le plus meurtrier depuis l'envolée en 2018...