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Dernières Infos - Crise des migrants

"Plus grande tentative de déstabilisation de l'Europe" depuis la guerre froide, accuse Varsovie


Des migrants se reposant dans un centre de logistique proche du poste-frontière de Bruzgi, entre le Bélarus et la Pologne, le 20 novembre 2021. Photo Maxim GUCHEK / BELTA / AFP

La Pologne a qualifié dimanche la crise des migrants à la frontière polono-biélorusse, aux portes de l'UE, de "plus grande tentative de déstabilisation de l'Europe" depuis la guerre froide, alors même que le Premier ministre part pour une tournée européenne visant à apaiser les tensions avec l'UE.

Le président bélarusse Alexandre "Loukachenko a lancé une guerre hybride contre l'UE. C'est (la) plus grande tentative de déstabilisation de l'Europe depuis 30 ans. La Pologne ne cédera pas au chantage et fera tout pour défendre les frontières de l'UE", a lancé le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki sur Twitter. "Aujourd'hui, la cible est la Pologne, mais demain ce sera l'Allemagne, la Belgique, la France ou l'Espagne", poursuit-il dans une vidéo dont il donnait le lien dans son message, dénonçant aussi "le soutien par derrière de Vladimir Poutine", le président russe, à M. Loukachenko.

Le chef du gouvernement polonais a fait ces déclarations au moment où il part pour une tournée en Europe, dans un contexte de tensions de plus en plus fortes avec Bruxelles qui accuse Varsovie de ne pas respecter ses engagements sur les principes démocratiques de l'UE et a menacé vendredi d'une éventuelle suspension de fonds européens. Dimanche, M. Morawiecki s'entretiendra de la crise des migrants avec ses homologues des États baltes - dont deux ont également une frontière commune avec le Belarus - avant de se rendre dans d'autres capitales européennes cette semaine.

Détourner l'attention 
Des observateurs estiment que la rhétorique de Varsovie sur cette crise est surtout destinée à détourner l'attention de ses réformes, dont l'UE estime qu'elles limitent l'indépendance de la justice.

"C'est vrai que le problème à la frontière est sérieux et requiert une solidarité de la part de l'Europe occidentale, mais M. Marwiesck dramatise les choses pour détourner l'attention de sa violation de l'Etat de droit", a déclaré à l'AFP l'analyste politique Marcin Zaborowski, directeur politique du think tank Globsec. Quant à l'importance de cette crise, "on est loin de la guerre en Ukraine", a-t-il ajouté.

L'Occident accuse le Bélarus de créer artificiellement la crise en faisant venir des candidats à l'immigration - principalement du Moyen-Orient - et en les amenant à la frontière d'où ils promettent un passage facile dans l'UE, pour se venger des sanctions occidentales visant le régime. Le Bélarusse a démenti cette accusation, reprochant plutôt à l'UE de ne pas accueillir les migrants.

"Nous avons du cœur"
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a déclaré vendredi à la BBC qu'il était "absolument possible" que ses forces aient aidé des personnes à passer dans l'UE, mais il a nié avoir orchestré l'opération. "Nous sommes des Slaves. Nous avons du cœur. Nos troupes savent que les migrants vont en Allemagne... Peut-être que quelqu'un les a aidés", a-t-il déclaré. "Mais je ne les ai pas invités ici".

Bien que certains signes indiquent que la crise s'apaise un peu, les garde-frontières polonais ont signalé dimanche de nouvelles tentatives de passage, notamment par un "groupe très agressif d'une centaine" de migrants.

Le ministre polonais de la Défense, Mariusz Blaszczak, avait estimé samedi que le Bélarus avait changé de tactique en dirigeant des groupes de migrants plus petits vers plusieurs points de la frontière. Les migrants ont tout abandonné dans leur pays, dépensant des milliers de dollars pour se rendre au Bélarus avec des visas touristiques, déterminés à atteindre l'UE. Selon les médias polonais, au moins 11 migrants sont morts depuis le début de la crise, cet été. Dimanche à Bahoniki, village frontalier, un Yéménite mort de froid entre les deux frontières devait être enterré, en présence de son frère. 

La Pologne a qualifié dimanche la crise des migrants à la frontière polono-biélorusse, aux portes de l'UE, de "plus grande tentative de déstabilisation de l'Europe" depuis la guerre froide, alors même que le Premier ministre part pour une tournée européenne visant à apaiser les tensions avec l'UE.
Le président bélarusse Alexandre "Loukachenko a lancé une guerre hybride contre l'UE....