La Colombie, par la voix de son ministre de la Défense Diego Molano, a averti dimanche qu'elle surveillait les activités du Hezbollah pro-iranien sur son territoire, l'accusant d'y avoir déjà mené des "activités criminelles".
"Acte criminel"
"Il y a deux mois, nous avons dû gérer une situation où il a fallu mettre en place une opération pour capturer et expulser deux criminels mandatés par le Hezbollah qui avaient l'intention de commettre un acte criminel en Colombie", a déclaré M. Molano, dans un entretien avec le quotidien el Tiempo. Le ministre n'a pas donné d'autres précisions sur cette opération. Mais selon le journal, qui cite des sources au sein des services de renseignements militaires colombiens, le mouvement chiite libanais tenterait de suivre les faits et gestes de diplomates et hommes d'affaires américains et israéliens en Colombie, où vit une importante communauté libanaise.
"Ennemi commun"
Il existe un "risque avec le Hezbollah au Venezuela et ce que ses relations avec le trafic de drogue ou les groupes terroristes du côté vénézuélien pourraient générer pour la sécurité nationale", a ajouté M. Molano. Le 8 novembre, lors d'une visite officielle en Israël, le ministre de la Défense, qui accompagnait le président conservateur Ivan Duque, avait déclaré que les deux pays avaient pour "ennemi commun l'Iran et le Hezbollah, qui opère contre Israël, mais soutient aussi le régime du Venezuela".
La Colombie accuse le Venezuela voisin d'abriter et de soutenir des guérillas en lutte contre Bogota. Les rapports sont très tendus entre les deux pays, dont la frontière commune est presque intégralement fermée depuis 2015.
M. Molano est revenu dimanche sur ses propos, assurant qu'il s'agissait d'"une déclaration hâtive". Ses remarques depuis Israël avaient suscité une réaction du gouvernement iranien, avec lequel la Colombie entretient des relations depuis 1975. "L'Iran et la Colombie sont deux pays amis et ont une relation historique. La destruction de cette relation ne profite pas au peuple", a commenté dans un communiqué Mohammad Ali Ziaei, ambassadeur d'Iran en Colombie.
Le président colombien Ivan Duque a atténué les déclarations de son ministre en milieu de semaine : "la Colombie n'utilise pas le mot ennemi pour désigner un pays (...) cela ne signifie pas que nous n'avons pas de divergences sur des questions spécifiques avec l'Iran", a déclaré M. Duque. "Nous ferons toujours entendre notre voix, dans les forums internationaux, contre la prolifération des armes nucléaires", a-t-il ajouté.
Proches alliés des Etats-Unis dans leurs régions respectives, la Colombie et Israël tentent tous deux d'isoler le gouvernement de Nicolas Maduro au Venezuela, qu'ils accusent de liens avec le Hezbollah.
"La Colombie surveille les activités du Hezbollah sur son territoire" ... ce que ne fait pas le Liban, pourtant première victime de la milice iranienne.
07 h 24, le 16 novembre 2021