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Combats entre armée et rebelles tigréens autour d'un carrefour stratégique


Combats entre armée et rebelles tigréens autour d'un carrefour stratégique

De la fumée s'élevant au-dessus de Mekele, capitale de la région du Tigré, après des raids aériens, le 20 octobre 2021. Photo REUTERS/Stringer

Les combats font rage entre forces éthiopiennes et rebelles tigréens autour de la ville de Kombolcha, ont raconté lundi des habitants, au lendemain de l'annonce par les rebelles de la prise de ce carrefour stratégique du nord de l'Ethiopie.

Les combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ont affirmé dimanche s'être emparés de Kombolcha après avoir revendiqué la veille la prise de la ville voisine de Dessie, deux affimations démenties par le gouvernement.

Ces villes de la région de l'Amhara, au sud du Tigré, sont situées à un carrefour routier stratégique à environ 400 kilomètres au nord de la capitale éthiopienne Addis Abeba. Si leur prise se confirmait, elle marquerait une nouvelle étape majeure dans ce conflit qui dure depuis un an. Les communications sont coupées dans une grande partie du nord de l'Ethiopie et l'accès des journalistes est restreint, rendant difficile toute vérification indépendante des informations données par les deux parties.

Lundi, des habitants de Kombolcha joints par l'AFP ont raconté avoir entendu des coups de feu sans interruption jusqu'au petit matin, certains évoquant également une frappe aérienne.

"La nuit a été marquée par de nombreux coups de feu", a déclaré Mohammed qui a refusé de donner son nom de famille pour des raisons de sécurité. "J'ai entendu une frappe aérienne après minuit à l'extérieur de Kombolcha", a-t-il ajouté. Hamdiu, un commerçant, a lui aussi déclaré avoir entendu ce qui ressemblait à une frappe aérienne vers minuit, en plus "d'énormes coups de feu (...) jusqu'à ce matin".

Une porte-parole du gouvernement a démenti, assurant à l'AFP qu'"il n'y a pas eu de frappe aérienne sur Kombolcha durant la nuit". Les autorités éthiopiennes ont accusé le TPLF d'avoir "exécuté sommairement plus de 100 jeunes habitants de Kombolcha", sans fournir de détail. Getachew Reda, porte-parole du TPLF, a affirmé que ces allégations étaient "totalement fausses", ajoutant qu'il n'y avait pas de combats en cours à Dessie et à Kombolcha. "Ses forces (du Premier ministre Abiy Ahmed) ne sont pas près d'arriver et ses généraux se précipitent pour rejoindre Addis", a-t-il asséné sur Twitter.

Les Etats-Unis "alarmés" 

L'AFP n'a pu joindre des habitants de Dessie, où des combats ont été rapportés dimanche. Le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken s'est dit "alarmé" par la situation, appelant sur Twitter à un arrêt des combats et à "des négociations de cessez-le-feu sans conditions préalables".

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a également exhorté les belligérants à cesser les combats, "à lever le blocus de l'aide humanitaire et s'abstenir de tout discours de haine". Il a dit souhaiter des négociations sous l'égide du Haut représentant de l'Union africaine pour la Corne de l'Afrique, Olusegun Obasanjo.

Débuté en novembre 2020, le conflit au Tigré connaît un spectaculaire revirement de situation ces derniers mois. Le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, avait proclamé la victoire le 28 novembre, après avoir envoyé l'armée au Tigré pour destituer les autorités régionales dissidentes, issues du TPLF. Mais les rebelles ont repris l'essentiel de la région en juin, forçant les troupes gouvernementales à se retirer largement. Ils ont poursuivi leur offensive dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar.

Getachew Reda - qui a menacé en juillet de "marcher sur Addis Abeba (...) pour défendre le Tigré" - a déclaré récemment que le TPLF n'avait "d'autre motivation que de briser le siège meurtrier" sur la région, en proie à une grave crise humanitaire. Le conflit a poussé 400.000 personnes au bord de la famine au Tigré, selon l'ONU.

La propagation des combats en Afar et Amhara a également déplacé des centaines de milliers de personnes. En septembre, les autorités amhara estimaient qu'au moins 233.000 civils avaient trouvé refuge à Dessie et Kombolcha.

"Mourir pour l'Ethiopie" 

Abiy Ahmed a exhorté dimanche les Éthiopiens à utiliser "n"importe quelle arme (...) pour bloquer le TPLF destructeur, le renverser et l'enterrer". "Mourir pour l'Éthiopie est un devoir pour nous tous", a-t-il déclaré sur Facebook. L'administration amhara a, elle, publié un décret ordonnant à toutes les institutions de suspendre leurs services réguliers et de consacrer leurs budgets et leur énergie à "la campagne de survie".

L'Armée de libération oromo (OLA), groupe rebelle de l'ethnie oromo avec qui le TPLF a fait alliance en août, a par ailleurs annoncé que ses combattants avaient pris la ville de Kemissie, au sud de Kombolcha, sur l'autoroute A2 menant à Addis Abeba.

Lundi soir, des habitants ont déclaré à l'AFP que Kemissie semblait être sous le contrôle du gouvernement, mais ont fait état de tirs sporadiques. "Il y a un état d'urgence et personne n'est autorisé à sortir après 19 heures, mais les gens fuient vers le sud" tandis que d'autres arrivent des régions touchées par le conflit plus au nord, a déclaré Hassan, un enseignant de Kemissie.

Les combats font rage entre forces éthiopiennes et rebelles tigréens autour de la ville de Kombolcha, ont raconté lundi des habitants, au lendemain de l'annonce par les rebelles de la prise de ce carrefour stratégique du nord de l'Ethiopie.
Les combattants du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ont affirmé dimanche s'être emparés de Kombolcha après avoir revendiqué la veille...