Amal appelle à accélérer l'enquête

Le groupe parlementaire du mouvement Amal, dirigé par le président du Parlement libanais, Nabih Berry, a exhorté  mercredi la justice libanaise à accélérer l'enquête autour des affrontements meurtriers de Tayouné. Ces combats avaient opposé le 14 octobre des miliciens chiites affiliés au tandem Amal-Hezbollah à d'autres éléments chrétiens présumés proches des Forces libanaises (FL), faisant sept morts (six affiliés au tandem chiite) et 32 blessés. Cette affaire avait fait craindre une nouvelle guerre civile et qui provoque des tensions politiques après la convocation par la justice du chef des FL, Samir Geagea, pour être entendu dans le cadre de l'enquête.

"Le bloc appelle le pouvoir judiciaire à finaliser l'enquête (sur les combats de Tayouné) et sanctionner ceux qui ont tiré leurs balles sur les martyrs et les civils", peut-on lire dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion du groupe parlementaire d'Amal sous la présidence de M. Berry à Aïn el-Tiné. "Nous invitons toutes les forces politiques à ne pas se laisser entraîner derrière la mobilisation sectaire, confessionnelle, qui s'inscrit dans le cadre d'une tentative claire et irréfléchie de réédifier les barrages psychologiques entre les habitants d'une même région et d'un même pays", peut-on lire dans le texte.

Le mouvement Amal ainsi que le Hezbollah accusent les Forces libanaises de se tenir derrière les accrochages de Tayouné, qui avaient eu lieu dans une région où les FL jouissent d'une forte présence. Le chef des FL devait être entendu par la justice militaire aujourd'hui au ministère de la Défense mais ne s'est finalement pas présenté devant le juge, au lendemain d'un recours présenté contre le magistrat. Plusieurs centaines de partisans des Forces libanaises se sont rassemblés en journée devant le complexe de Meerab, au nord de Beyrouth, où vit le chef du parti, afin de lui exprimer leur solidarité. Jeudi dernier, le leader chrétien avait affirmé qu'il  comparaîtrait devant le juge, à condition que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, le fasse avant lui.

Le parti de Nabih Berry a, en outre, réitéré son "attachement à ce que soit dévoilée toute la vérité" autour de la double explosion meurtrière survenue le 4 août 2020 au port de Beyrouth, insistant sur l'importance de mener l'enquête "loin de toute politisation et à travers une justice indépendante qui dévoile la vérité au lieu de la noyer en sabotant la Constitution et les lois en vigueur", ajoute le texte, dans une nouvelle critique au juge Tarek Bitar, chargé du dossier. Amal et le Hezbollah refusent toujours que les ex-ministres et députés chiites Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, poursuivis dans le cadre de l’enquête, comparaissent devant le juge Bitar.

Évoquant en outre les législatives prévues le 27 mars prochain, le groupe de M. Berry a plaidé pour que le scrutin se tienne dans les délais, affirmant qu'il fera face à toute tentative de le reporter. Une menace voilée au Courant patriotique libre de Gebran Bassil.
Mardi, les commissions parlementaires mixtes  s'étaient  prononcées en faveur du maintien des prochaines législatives à la date du 27 mars 2022, approuvée lors de la séance du Parlement du 19 octobre. Ces commissions se sont ainsi majoritairement opposées au chef de l’État Michel Aoun, qui avait rejeté les amendements à la loi électorale adoptés par le Parlement pour avancer la date du scrutin, prévu initialement le 8 mai de la même année.