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Moyen-Orient - Diplomatie

Erdogan renonce à expulser dix ambassadeurs occidentaux

« Notre intention n’était pas de susciter une crise », mais de protéger les droits souverains de la Turquie, a affirmé hier le reis turc.

Erdogan renonce à expulser dix ambassadeurs occidentaux

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’adressant à ses partisans, le 23 octobre 2021 à Eskisehir, en Turquie. Murat Cetinmuhurdar/PPO/Handout via Reuters

Les ambassadeurs occidentaux en Turquie ont « reculé » et « seront plus prudents à l’avenir », a déclaré hier le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a renoncé à expulser les 10 diplomates menacés en raison de leur soutien au philanthrope emprisonné Osman Kavala. « Notre intention n’était pas de susciter une crise », mais de protéger les droits souverains de la Turquie, a affirmé M. Erdogan. M. Erdogan avait annoncé samedi avoir ordonné l’expulsion « au plus vite » des 10 diplomates, sans cependant que cette annonce soit suivie d’une notification officielle aux États concernés. Les 10 ambassadeurs – États-Unis, Canada, France, Finlande, Danemark, Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège et Suède – avaient appelé dans un communiqué commun, le 18 octobre, à un « règlement juste et rapide de l’affaire » Osman Kavala, privé de liberté depuis octobre 2017. Ce communiqué constituait une « attaque » et une « insulte » contre la justice turque, a affirmé M. Erdogan lors d’une allocution prononcée après la réunion de son gouvernement. « C’était mon devoir de chef d’État que d’apporter la réponse nécessaire », a ajouté le président turc, estimant que « la justice turque ne reçoit d’ordre de personne ». « Leur nouveau communiqué montre qu’ils ont reculé », a jugé M. Erdogan, après que les 10 pays concernés eurent affirmé agir en « conformité avec la Convention de Vienne et son article 41 » qui encadre les relations diplomatiques et interdit toute ingérence dans les affaires intérieures d’un pays hôte.

Cette nouvelle déclaration des ambassadeurs occidentaux a été accueillie positivement par le président turc Recep Tayyip Erdogan, selon l’agence de presse officielle Anadolu, citant des sources à la présidence, tandis que le gouvernement se réunissait hier dans la journée. Ce premier signe de détente avait aussitôt provoqué une remontée de la livre turque qui avait ouvert la journée par une nouvelle chute.

L’expulsion des dix diplomates risquait d’entrer directement en collision avec deux rendez-vous internationaux pour M. Erdogan en fin de semaine : le sommet samedi à Rome du G20, le groupe des pays les plus industrialisés, puis la conférence sur le climat de l’ONU qui s’ouvre dimanche en Écosse. « Le moment choisi est épouvantable s’il veut réparer ses relations avec ses alliés européens et américains », disait Timur Kuran, un professeur d’économie et de sciences politiques à l’université de Duke (États-Unis). « Tout indique que son entourage, à commencer par son ministre des Affaires étrangères, a tenté de l’en dissuader », affirmait-il aussi. La Turquie est notamment en froid avec Washington sur les contrats d’avions de chasse F-35 – payés et non livrés – et une commande de pièces pour les F-16. Ainsi que sur l’achat d’un système de défense russe S-400 malgré son appartenance à l’OTAN. Or M. Erdogan espère rencontrer le président américain Joe Biden à Rome en marge du G20. Pour les observateurs, il s’agissait surtout de « faire diversion » , la Turquie étant en proie à une crise économique, avec un taux officiel d’inflation frôlant les 20 % et une monnaie en chute libre d’environ 25 % depuis le début de l’année.

« À l’encontre des intérêts turcs »

« C’est une décision qui va à l’encontre des intérêts de la Turquie car elle vise des États importants pour son économie et pour sa position internationale », estimait Hasni Abidi, professeur de relations internationales à l’Université de Genève et directeur du centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam). Mais le chef de l’État tenait ainsi à rappeler, selon lui, que la Turquie est un État indépendant qui mérite le respect. Dès le lendemain de la parution de leur communiqué sur Osman Kavala, les dix ambassadeurs étaient convoqués au ministère des Affaires étrangères, les autorités jugeant « inacceptable » leur démarche. En décembre 2019, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) avait ordonné la « libération immédiate » du mécène – en vain.

À 64 ans, Osman Kavala, un riche homme d’affaires, éditeur et philanthrope né à Paris, a été maintenu en détention début octobre par un tribunal d’Istanbul qui a estimé « manquer d’éléments nouveaux pour le remettre en liberté ». L’opposant, qui a toujours rejeté les charges pesant sur lui, comparaîtra de nouveau le 26 novembre. Pour M. Abidi, M. Erdogan s’adressait surtout à sa base et aux nationalistes qui « épousent les accusations complotistes du chef de l’État ». « Je ne suis pas certain que Kavala ait gagné à cette médiatisation », avance-t-il. « Erdogan ne peut se permettre de libérer Kavala maintenant, ça le ferait paraître faible. Il est en train d’en faire un héros à stature internationale, un genre de Navalny turc », conclut le Pr Turan.

Source : AFP

Les ambassadeurs occidentaux en Turquie ont « reculé » et « seront plus prudents à l’avenir », a déclaré hier le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a renoncé à expulser les 10 diplomates menacés en raison de leur soutien au philanthrope emprisonné Osman Kavala. « Notre intention n’était pas de susciter une crise », mais de protéger les...

commentaires (1)

probablement parce qu'il n'aurait pas eu des echos favorables de la Russie ? ou encore aucun encouragement d'aucun allie ?

Gaby SIOUFI

10 h 10, le 26 octobre 2021

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Commentaires (1)

  • probablement parce qu'il n'aurait pas eu des echos favorables de la Russie ? ou encore aucun encouragement d'aucun allie ?

    Gaby SIOUFI

    10 h 10, le 26 octobre 2021

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