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Dernières Infos - Pédocriminalité

Immense chagrin" du pape après un rapport accablant pour l'Eglise de France

Immense chagrin

Le pape François au Vatican, le 4 octobre 2021. Photo Alessandro Di Meo/Pool via REUTERS

Le Pape François a exprimé mardi son "immense chagrin" face à l'"effroyable réalité" dévoilée par une commission indépendante, qui a estimé à 216.000 le nombre d'enfants et d'adolescents victimes des violences sexuelles au sein de l'Église catholique de France depuis 1950.

Les pensées du souverain pontife "se tournent en premier lieu vers les victimes, avec un immense chagrin pour leurs blessures et gratitude pour leur courage de dénoncer", a déclaré le porte-parole du Vatican, Matteo Bruni. "Elles se tournent aussi vers l'Église de France, afin que, ayant pris conscience de cette effroyable réalité (...) elle puisse entreprendre la voie de la rédemption", a-t-il ajouté.

L'état des lieux dressé par la Commission indépendante sur les abus dans l'Eglise est "accablant": son rapport estime à quelque 216.000 le nombre de mineurs victimes de prêtres, diacres et religieux depuis 1950.

Le nombre grimpe même à 330.000 si l'on ajoute les personnes agressées par des laïcs travaillant dans des institutions de l'Église (enseignants, surveillants, cadres de mouvements de jeunesse...), a précisé le président de la commission, Jean-Marc Sauvé, en présentant ses conclusions. Ce dernier a dénoncé "un ensemble de négligences, de défaillances, le silence, une couverture institutionnelle qui ont présenté un caractère systémique".

"L'Eglise n'a pas su voir, n'a pas su entendre, n'a pas su capter les signaux faibles, n'a pas su prendre les mesures rigoureuses qui s'imposaient", a-t-il estimé, appelant l'institution à reconnaître sans détour sa "responsabilité".

Le président de la Conférence des évêques de France, Eric de Moulins-Beaufort, a exprimé "sa honte", "son effroi" et a demandé "pardon". La voix des victimes "nous bouleverse, leur nombre nous accable", a-t-il déclaré.

Véronique Margron, la présidente de la Corref (instituts et ordres religieux), a évoqué de son côté "un désastre": "que dire, sinon éprouver (...) une honte charnelle, une honte absolue".

Face à eux, M. Sauvé a asséné que l'Eglise catholique avait manifesté "jusqu'au début des années 2000 une indifférence profonde, et même cruelle à l'égard des victimes" de pédocriminalité. De 1950 aux années 2000, "les victimes ne sont pas crues, entendues, on considère qu'elles ont peu ou prou contribué à ce qui leur est arrivé", a-t-il insisté.

Les garçons "représentent près de 80% des victimes, avec une très forte concentration entre 10 et 13 ans", a relevé Jean-Marc Sauvé. Il avait auparavant révélé une "estimation minimale" du nombre de prédateurs: "2.900 à 3.200" hommes - prêtres ou religieux - entre 1950 et 2020.

"Historique"

Résultat de deux ans et demi de travaux, le rapport de la commission d'enquête était remis mardi à Paris à l'épiscopat français et aux ordres et congrégations religieuses, en présence de représentants d'associations de victimes.

"Vous apportez enfin aux victimes une reconnaissance institutionnelle de toute la responsabilité de l'Église, ce dont les évêques et le pape n'ont pas été capables à ce jour", a publiquement lancé François Devaux, cofondateur d'une association de victimes. Dans un communiqué, un collectif d'associations a dit attendre désormais "des réponses claires et tangibles" de la part de l'institution religieuse.

Pour l'Eglise catholique, les conclusions de ce rapport s'apparentent à "une déflagration", avait anticipé auprès de l'AFP un membre de la Ciase, sous couvert d'anonymat. "C'est historique car on ne pourra plus nous dire qu'on salit l'Église, qu'il faut tourner la page", a confié à l'AFP une victime, Véronique Garnier. "C'est bien parce que ce rapport de la commission, c'est quelque chose de sérieux, qui officialise ce qui s'est passé", a abondé Jean-René, membre d'un collectif de victimes de l'ouest de la France.

La Ciase, créée à l'automne 2018 et composée de 22 membres, bénévoles, aux compétences pluridisciplinaires, a fait de la parole des victimes "la matrice de son travail", selon M. Sauvé.

D'abord avec un appel à témoignages, ouvert dix-sept mois, qui a recueilli 6.500 appels ou contacts de victimes ou proches. Puis en procédant à 250 auditions longues ou entretiens de recherche.

La commission a énuméré plusieurs dizaines de propositions: écoute des victimes, prévention, formation des prêtres et des religieux, droit canonique, transformation de la gouvernance de l'Eglise... Elle a aussi appelé l'institution à apporter une "réparation" financière à toutes les victimes de violences sexuelles en son sein, souhaitant que cette indemnisation ne soit pas considérée comme "un don" mais "un dû".

L'épiscopat avait pris des mesures au printemps, promettant non pas des réparations mais un dispositif de "contributions" financières, versées aux victimes à partir de 2022, qui ne fait pas l'unanimité chez ces dernières ni chez les fidèles, lesquels sont appelés à contribuer aux dons.

Le Pape François a exprimé mardi son "immense chagrin" face à l'"effroyable réalité" dévoilée par une commission indépendante, qui a estimé à 216.000 le nombre d'enfants et d'adolescents victimes des violences sexuelles au sein de l'Église catholique de France depuis 1950.Les pensées du souverain pontife "se tournent en premier lieu vers les victimes, avec un immense chagrin pour...