Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Conflit

L'Ethiopie va expulser sept responsables d'agences de l'ONU accusés d'"ingérence"

L'Ethiopie va expulser sept responsables d'agences de l'ONU accusés d'

Le drapeau de l'ONU. Photo d'archives AFP

Le gouvernement éthiopien a annoncé jeudi l'expulsion de sept responsables d'agences de l'ONU accusés d'"ingérence", une décision qui alimente les craintes autour la grave crise humanitaire en cours dans le nord du pays, ravagé par la guerre depuis plus de dix mois.

Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a annoncé sur Facebook qu'il déclarait "persona non grata sept personnes travaillant pour diverses ONG internationales en Ethiopie, pour ingérence dans les affaires internes du pays".

Le communiqué donne sept noms de responsables d'agences de l'ONU, parmi lesquelles le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha). "Tous doivent quitter le territoire de l'Ethiopie dans les 72 prochaines heures", ajoute le ministère.

Le nord de l'Ethiopie est en proie aux violences depuis novembre, quand le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée dans la région du Tigré pour renverser les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), qu'il accuse d'avoir orchestré des attaques contre des camps militaires fédéraux.

Le conflit s'est enlisé, avant une contre-offensive en juin des combattants rebelles pro-TPLF qui ont repris la majeure partie de la région. Les forces gouvernementales se sont alors retirées et le gouvernement fédéral a déclaré un cessez-le-feu humanitaire. Selon l'Onu, 400.000 personnes ont "franchi le seuil de la famine" au Tigré, mais très peu d'aide humanitaire parvient dans la région.

Les combats et la crise humanitaire ont par ailleurs gagné les régions voisines de l'Afar et de l'Amhara, où 1,7 million de personnes sont confrontées à la faim.

Famine redoutée

Addis Abeba et le TPLF s'accusent mutuellement d'entraver l'acheminement de l'aide et d'affamer la population.

Les autorités fédérales affirment que les combats menés par le TPLF empêchent l'aide d'arriver dans la région, mais un porte-parole du département d'Etat américain a déclaré à l'AFP la semaine dernière que les accès routiers et aérien étaient "refusés par le gouvernement éthiopien" dans une situation qui s'apparente à "un siège". Les autorités éthiopiennes n'ont donné aucune explication sur "l'ingérence" évoquée. Les personnes et organisations ciblées ont toutes dénoncé les conditions de vie désastreuses au Tigré.

Le coordinateur humanitaire par intérim de l'ONU pour l'Ethiopie, Grant Leaity, avait notamment affirmé début septembre que le Tigré était soumis à "un blocus de facto". "Les stocks d'aide humanitaire, d'argent et de carburant sont très bas ou complètement épuisés. Les stocks de nourriture étaient déjà épuisés le 20 août", avait-il indiqué.

L'Unicef a estimé en juillet que plus de 100.000 enfants pourraient souffrir de malnutrition mortelle au cours des 12 prochains mois, soit dix fois la moyenne annuelle. Des médecins ont dernièrement affirmé redouter une famine semblable à celle des années 1980 - déjà causée par un conflit interne - qui avait fait, selon l'ONU, environ un million de morts.

"Coup dur"

L'expulsion de responsables de l'ONU constitue un "coup dur" pour la réponse humanitaire, a estimé le Dr Hayelom Kebede, directeur de recherche de l'hôpital Ayder à Mekele, la capitale du Tigré.

"Maintenant, il n'y aura aucune aide pour les enfants malnutris. C'est un coup dur. Nous assisterons à une augmentation catastrophique du nombre de morts d'enfants dans les prochains jours", a-t-il ajouté, en soulignant que la semaine passée, six enfants sont morts de faim dans l'hôpital où il travaille.

Ces expulsions font suite à la suspension pour trois mois des activités de deux organisations humanitaires actives au Tigré, la section néerlandaise de Médecins sans frontières (MSF) et le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), accusées de "diffuser de la désinformation".

Le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a déclaré jeudi sur Twitter que ces expulsions étaient une décision "triste mais réelle" d'Abiy Ahmed, qui "ne peut être ramené à la raison".

L'Ethiopie tenait également jeudi des élections législatives dans trois régions (Somali, Harar et Région des nations, nationalités et peuples du Sud), où le scrutin prévu en juin n'avait pu se tenir. Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, est d'ores et déjà assuré d'un nouveau mandat de cinq ans après la victoire écrasante de son Parti de la prospérité lors du vote de juin. Il doit prêter serment lundi.

Dans le sud-ouest de l'Ethiopie, près de 900.000 électeurs étaient également appelés à se prononcer par référendum sur la création d'une onzième région. Ces élections, qui se sont déroulées "sans aucun problème de sécurité", "rendront notre démocratie complète", a déclaré Abiy Ahmed sur Twitter.


Le gouvernement éthiopien a annoncé jeudi l'expulsion de sept responsables d'agences de l'ONU accusés d'"ingérence", une décision qui alimente les craintes autour la grave crise humanitaire en cours dans le nord du pays, ravagé par la guerre depuis plus de dix mois.Le ministère éthiopien des Affaires étrangères a annoncé sur Facebook qu'il déclarait "persona non grata sept personnes...