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Monde - Bicentenaire

« Je t’aime, moi non plus » : la relation ambivalente entre Madrid et Mexico

« Je t’aime, moi non plus » : la relation ambivalente entre Madrid et Mexico

Le Mexique célèbre ce mois-ci les les 200 ans de son indépendance à l’égard de l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale. Photo AFP

Le Mexique célèbre ce mois-ci les 200 ans de son indépendance à l’égard de l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale avec laquelle il entretient aujourd’hui une relation ambivalente, « entre amour et haine ». La plupart des Mexicains ont une ascendance mixte européenne et indigène et éprouvent des sentiments contrastés à l’égard de la violence de la conquête espagnole qui a imposé brutalement culture, langue et religion. « Il y a cet amour-haine, mais cela dépend de l’échelle sociale. Parmi les classes moyennes et supérieures, on voit cette ambivalence, mais dans les classes inférieures, la haine est plus profonde », explique l’historien Lorenzo Meyer. L’histoire des relations entre les gouvernements des deux pays est également faite de hauts et de bas, ajoute-t-il. Les Espagnols ont bénéficié des faveurs de la dictature de Porfirio Diaz de 1884 à 1911, jusqu’à la révolution qui a commencé en 1910. Les liens ont ensuite connu une nouvelle embellie jusqu’à ce que le dictateur espagnol Francisco Franco prenne le pouvoir en Espagne en 1939. Mais l’Espagne a également constitué une sorte de « rempart » culturel face au bulldozer de l’influence américaine, a ajouté M. Meyer. Ainsi, au Mexique, il existe une passion pour la tauromachie et la musique, avec des chansons populaires comme Madrid et Grenade composées dans les années 1930 par le Mexicain Agustin Lara. Le Mexique a servi de refuge aux républicains espagnols, qui ont même établi un gouvernement en exil dans la capitale mexicaine entre 1939 et 1946 et ont eu une représentation diplomatique jusque dans les années 1980. Le Mexique a accueilli environ 20 000 républicains, dont des intellectuels qui ont intégré le système éducatif du pays. L’un des exilés était Angel Sarmiento Gonzalez, un député républicain qui promouvait une réforme agraire. Poursuivi par Franco, il est venu au Mexique dans les années 1940 avec sa femme et cinq enfants. Sa petite-fille, Veneranda Merino Sarmiento, se souvient de la gratitude envers le Mexique, mais aussi d’un certain ressentiment. « Il y avait toujours quelqu’un qui nous appelait gachupinas », un nom mexicain désobligeant pour les Espagnols, raconte Veneranda. Les Espagnols sont arrivés pauvres et sont devenus riches, ce qui a provoqué à la fois de l’irritation et de la jalousie, évoque Lorenzo Meyer. Mais ils méprisaient aussi les Mexicains, qu’ils appelaient « Indiens », ajoute-t-il. Le ressentiment a refait surface après que le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a exigé en 2019 que l’Espagne présente ses excuses. Ce que Madrid a catégoriquement rejeté affirmant que la conquête « ne peut être jugée à la lumière de considérations contemporaines ».

Le Mexique célèbre ce mois-ci les 200 ans de son indépendance à l’égard de l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale avec laquelle il entretient aujourd’hui une relation ambivalente, « entre amour et haine ». La plupart des Mexicains ont une ascendance mixte européenne et indigène et éprouvent des sentiments contrastés à l’égard de la violence de la conquête...

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