Nagib Mikati à Baabda, la naissance du gouvernement incessamment annoncée ?

Le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, est arrivé vendredi en début d'après-midi au palais de Baabda, pour la première fois depuis le 26 août, afin de s'entretenir avec le chef de l'Etat, Michel Aoun, de la formation du nouveau gouvernement, attendu depuis treize mois quasiment jour pour jour. 

Des informations récentes tendaient à indiquer que le Premier ministre désigné ne se rendrait au palais présidentiel que pour finaliser la mouture de son équipe et annoncer officiellement sa formation, très attendue pour faire face aux crises multiples que traverse le pays depuis plus de deux ans. Et c'est en toute vraisemblance un déblocage gouvernemental qui a mené Nagib Mikati à Baabda. Ce dernier a d'ailleurs déclaré au site Lebanon 24 (dont il est propriétaire) avant de se rendre au palais présidentiel qu'il annoncera aux Libanais la naissance de son équipe "dans l'après-midi". "Je ne forme pas un gouvernement mais une équipe de travail au service des Libanais", a-t-il ajouté. Et de poursuivre : "L'important c'est la confiance des gens et la solidarité des Libanais en vue de reconstruire l'Etat. Un Etat fort est dans l'intérêt de tous". Peu avant 14h, le président du Parlement, Nabih Berry, est lui aussi arrivé au palais de Baabda, un signe qui vient confirmer la naissance imminente du gouvernement.

Le déblocage, s'il se confirme, serait le fruit des médiations menées de front entre les différents protagonistes par Moustapha Solh, gendre du frère du Premier ministre désigné, Taha Mikati, et par le directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim. Ces médiations ont porté sur l'attribution de certains portefeuilles, dont celui de l'Economie, qui participera aux discussions avec le Fonds monétaire international une fois le cabinet formé, ainsi que la nomination des deux ministres chrétiens flottants.  Les contacts qui s'étaient intensifiés dans la nuit de jeudi à vendredi ont en outre mené à la mise en place d'une équipe où "il n'y pas de tiers de blocage, ni explicitement, ni implicitement", comme l'a déclaré le Premier ministre désigné lui-même au site web Lebanon 24, autre principal obstacle qui entravait jusque-là le processus, la présidence ayant longtemps été accusée de convoiter cette minorité au sein de l'équipe ministérielle, dans la perspective de calculs politiques futurs. Enfin, la question de la question de la confiance parlementaire que pourrait obtenir le cabinet Mikati, notamment de la part du groupe du Liban fort, dont le Courant patriotique libre (aouniste) est la principale composante, a été résolue après un engagement du chef du CPL Gebran Bassil dans ce sens. Pendant plusieurs jours, les aounistes avaient laissé entendre qu'ils n'accorderaient pas la confiance à un cabinet dont il ne connaissent pas le programme, à quelques mois des législatives de mai prochain, et de la présidentielle attendue en octobre 2022.

M. Mikati avait été désigné Premier ministre le 26 juillet, une dizaine de jours après la récusation de l'ancien président du Conseil Saad Hariri, qui avait, lui, mené des tractations avec le chef de l'Etat pendant neuf mois, sans succès. Avant lui également, l'ambassadeur Moustapha Adib avait déjà jeté l'éponge après plusieurs semaines de discussions infructueuses avec les différentes formations politiques.