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Sport - Jeux paralympiques de Tokyo

Le parcours d’Arz Zahreddine, une motivation pour les jeunes Libanais

Le jeune sportif va concourir ce samedi pour les 200m, catégorie T64 en para-athlétisme.


Le parcours d’Arz Zahreddine, une motivation pour les jeunes Libanais

Le para-athlète libanais Arz Zahreddine lors d’une séance d’entrainement à Raouché, à Beyrouth. Photo Jean-Claude Bejjani

Il signe le retour du Liban aux Jeux paralympiques à Tokyo cette année. Il est jeune, motivé, débordant d’énergie et d’enthousiasme. Arz Zahreddine, 21 ans, va concourir demain samedi pour les 200m, catégorie T64 en para-athlétisme.

Le pays du Cèdre est rarement représenté aux Jeux paralympiques. Il s’agit de la quatrième participation du Liban depuis les Jeux à Sydney en 2000 jusqu’à Tokyo cette année. Il a ainsi été représenté à Londres en 2012 à Londres et à Pékin en 2008, quand Édouard Maalouf a gagné deux médailles de bronze. Le Liban a par ailleurs raté deux Jeux, Athènes en 2004 et Rio en 2016.

La participation d’Arz Zahreddine cette année relève presque du miracle. La crise financière qui a frappé le Liban de plein fouet, accompagnée de la crise sanitaire liée au coronavirus, sans oublier les suites de la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020, a rendu le défi de ce jeune homme encore plus difficile à réaliser. Mais c’est finalement grâce à ses propres performances qu’il s’est qualifié pour les Jeux de Tokyo en décrochant la médaille l’or au 200m T64 et l’argent au 100m lors de sa première compétition internationale, au Grand Prix Grosseto 2019 en Italie, puis en terminant huitième aux championnats du monde de para-athlétisme de Dubaï 2019. Ces exploits ont suffi à lui garantir sa place à Tokyo.

L'athlète libanais Arz Zahreddine à Tokyo.

« Pourquoi moi ? »

Arz Zahreddine a eu un accident de la route à Chekka alors qu’il n’avait que trois ans. Il a ainsi perdu sa jambe droite au-dessous du genou. Il a été victime, quand il était petit, de vexations, notamment à l’école. Bien qu’il ait été profondément touché, il a réussi à inverser le drame qu’il a subi à son avantage en voulant prouver, et d’abord à lui-même, qu’il était capable de faire quelque chose dans sa vie.

« J’ai subi dans mon enfance beaucoup de regards négatifs, et même de l’intimidation. Et je me suis toujours demandé pourquoi moi ? Pourquoi ça m’est arrivé ? En fin compte, Dieu prend quelque chose de notre vie, de notre corps, mais il nous donne autre chose en retour. Chaque être humain a une mission dans la vie. Et cette situation m’a permis de découvrir tôt ma mission. Dès sept ans, j’ai su que le sport sera mon exutoire. Rester allongé toute la journée sur le canapé n’est pas la solution. Je dois être un membre actif de la société et montrer mes capacités. Pour ce faire, je dois croire en moi-même et m’aimer comme je suis », affirme le jeune, sportif joint par téléphone, à L’Orient-Le Jour.

Sa vie sportive a ainsi commencé à l’âge de 7 ans quand il a voulu faire de l’escrime. Il a réussi à s’imposer dans cette discipline aux niveaux national et régional. Entre 2012 et 2017, il a remporté plusieurs médailles d’or, d’argent et de bronze aux championnats nationaux libanais, mais aussi des médailles de bronze aux championnats juniors d’Asie de l’Ouest au fleuret par équipe et à l’épée individuelle.

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« Mes parents m’ont beaucoup soutenu. Surtout ma mère qui, même quand j’étais fatigué ou quand j’avais mal, me poussait à poursuivre mes efforts pour atteindre mon but. Même les personnes qui me harcelaient quand j’étais petit ont changé de regard envers moi. Avec le temps, le soutien des gens est venu s’ajouter à celui de ma famille », se souvient Arz. Les réseaux sociaux ont également joué un rôle important dans sa vie. « C’est à travers ceux-ci que j’ai pu faire passer mon message : comment j’ai fait pour transformer le négatif dans ma vie en positif afin de réussir mon défi. Les gens m’accostent souvent dans la rue pour me parler, pour me dire que ce que j’écris leur donne de la motivation dans leur vie. Certains me demandent des conseils. Je suis souvent à l’écoute de ceux qui me contactent sur les réseaux sociaux et qui ont des problèmes. Surtout dans ces moments difficiles que nous passons au Liban », ajoute-t-il.

À 18 ans, il décide de s’aventurer dans l’athlétisme. Et c’est ainsi qu’il rêve de participer aux Jeux paralympiques de Tokyo. Mais pour ce faire, il a besoin de sponsors et d’une équipe à ses côtés pour le manager, et le soutenir financièrement, matériellement et techniquement. Le jeune athlète a besoin d’équipement sportif adéquat, d’un régime alimentaire précis, etc.

« Grâce aux différents sponsors qui ont accepté de me soutenir, comme le Mercury Club, Faqra Catering, la Fondation René Moawad, le prothésiste Charbel Tannouri et Össur qui m’a procuré la lame de prothèse (blade), sans oublier l’ONG Beirut Power Hub et son fondateur Jean-Claude Bejjani (son mentor), qui m’ont acheté les appareils nécessaires pour que je puisse m’entraîner sérieusement chez moi, et mon coach Ahmad Hager, j’ai été bien entouré pour poursuivre mon entraînement et arriver aux Jeux », explique-t-il.

L'athlète libanais Arz Zahreddine, lors de lors de sa première compétition internationale, au Grand Prix Grosseto 2019 en Italie.

« Affronter les obstacles »

« Je croyais que la seule difficulté que je devrais affronter dans ma vie est le fait d’avoir perdu ma jambe. Mais ce que nous avons vécu depuis 2019 est énorme. Il y a d’abord eu les problèmes financiers. Mais aussi l’explosion du 4 août qui a détruit plusieurs quartiers de Beyrouth. J’ai dû arrêter mon entraînement pendant six mois parce que le club dans lequel je m’entraîne a été détruit par l’explosion », se rappelle Arz, ajoutant : « L’année 2020 m’a toutefois appris une leçon. Si je compare la vie à l’athlétisme, dans les deux cas, le parcours est semé d’épreuves qu’il faut franchir. À la différence que dans l’athlétisme, les obstacles sont connus d’avance. Mais dans les deux cas, il faut se préparer pour les affronter. » Les préparatifs pour les Jeux paralympiques ont été très difficiles. Il faut d’abord une mentalité d’acier, un entraînement régulier, une alimentation spécifique, un soutien financier, etc. Mais il a fini par y arriver. « Mes performances sont satisfaisantes par rapport aux quelques mois d’entraînement que j’ai eus. Je ferai mon possible pour être en finale pour les 200m », espère ainsi le jeune homme.

« Lors des compétitions, je vais porter une combinaison noire en hommage aux victimes de l’explosion du port le 4 août 2020. Ce sera ma petite contribution pour honorer ces personnes que l’État a complètement oubliées », affirme-t-il.

Le parcours d’Arz Zahreddine peut être une motivation pour les jeunes Libanais, qu’ils soient à besoins spécifiques ou non. « Il est important d’avoir un exemple vivant, surtout au Liban actuellement, où les pressions et les défis sont énormes, même pour les simples tâches quotidiennes, de montrer que, malgré les difficultés, il est possible de surmonter les obstacles et de réaliser ses rêves », affirme Jean-Claude Bejjani.

« Je peux dire aux Libanais que le vrai handicap n’est pas de perdre un organe ou une partie de son corps. Le handicap principal se trouve au niveau des mentalités. Il faut avoir confiance en soi et surtout il faut unir nos efforts et travailler ensemble. Cela se répercutera sur nos performances et sur le pays tout entier. Il faut mettre de côté nos haines, nos jalousies, dans l’intérêt du Liban », ajoute Arz.

Les rêves du jeune athlète ne s’arrêteront pas là. Il veut déjà participer l’année prochaine aux championnats du monde d’athlétisme en août et aux Jeux asiatiques en octobre. « Dans les deux événements, je suis confiant de pouvoir réaliser de bons scores », conclut-il.

Il signe le retour du Liban aux Jeux paralympiques à Tokyo cette année. Il est jeune, motivé, débordant d’énergie et d’enthousiasme. Arz Zahreddine, 21 ans, va concourir demain samedi pour les 200m, catégorie T64 en para-athlétisme. Le pays du Cèdre est rarement représenté aux Jeux paralympiques. Il s’agit de la quatrième participation du Liban depuis les Jeux à Sydney en 2000...

commentaires (4)

Quel inspiration ce Arz!

Tina Zaidan

09 h 27, le 04 septembre 2021

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Commentaires (4)

  • Quel inspiration ce Arz!

    Tina Zaidan

    09 h 27, le 04 septembre 2021

  • On est fier de tes performances et ton attitude! Tu es la normale et nos politiciens sont les handicapés…..mentaux

    Robert Moumdjian

    01 h 54, le 04 septembre 2021

  • Un grand bonheur de tomber sur un article dans lequel on ne retrouve pas le nom d'un parasite. Pour revenir à l'article et à la présentation, un grand bravo à l'athlète et bon courage à lui pour sa compétition. Il serait intéressant de vérifier ce que les fédérations sportives et le ministère des sports font au Liban pour permettre à ces sportifs de s'épanouir et de s'entraîner sérieusement pour être compétitifs à l'échelle internationale. Les jeux paralympiques sont une opportunité pour poser la question des moyens que l'on se donne au Liban pour soutenir et accompagner les personnes qui ont des handicaps. Dans l'hypothèse où il y aurait des associations engagées pour mettre à disposition des moyens à cette population, il faudrait les mettre en avant au lieu de consacrer des pages et articles en lien avec les parasites qui fascinent tant de Libanais...

    Georges Olivier

    20 h 44, le 03 septembre 2021

  • ces jeunes athlètes sont extraordinaires! Ce jeune homme a toute mon admiration !fingers crossed for tomorrow!

    Isabelle Cochrane

    10 h 10, le 03 septembre 2021

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