Rechercher
Rechercher

Société - Sécurité

Mobylettes interdites la nuit et multiplication des barrages à Tripoli

La branche Liban-Nord du Conseil central de sécurité vient de prendre des dispositions pour lutter contre la criminalité qui sévit chaque soir dans la grande ville du Nord.

Mobylettes interdites la nuit et multiplication des barrages à Tripoli

La réunion du Conseil central de sécurité du Liban-Nord au bureau du mohafez Ramzi Nohra. Photo ANI

À Tripoli, dès la tombée de la nuit, les mobylettes sont désormais interdites de circulation, et les barrages fixes et mobiles seront multipliés. Ces décisions ont été prises durant une réunion d’urgence de la branche Liban-Nord du Conseil central de sécurité, qui s’est tenue jeudi dernier au sérail de Tripoli sous la présidence du mohafez Ramzi Nohra, en présence des officiers supérieurs régionaux de l’armée, de la police et de la Sûreté générale, ainsi que de l’avocat général du Nord, Ziad Chaarani. Elles viennent en réponse à une dégradation marquée de l’état de la sécurité dans la grande ville du Liban-Nord depuis l’aggravation de la crise du carburant et de la réduction draconienne des heures d’approvisionnement en électricité.

Les trois grandes décisions prises par les officiers des services de sécurité ont été rendues publiques à l’issue de la réunion. Il s’agit de l’interdiction de la circulation des deux-roues entre 22h et 6h, de l’intensification des barrages fixes et mobiles pour mettre fin aux vols, aux tirs sporadiques et aux meurtres, et de l’augmentation des heures d’ouverture des stations d’essence pour décongestionner les artères qui les longent, et prévenir l’assaut des pompes et les rixes qu’il suscite.

Le président de la municipalité de Tripoli Riad Yamak s’était auparavant fait l’écho des plaintes des citoyens concernant l’insécurité grandissante, faisant remarquer que « presque plus aucune journée ne se passe à Tripoli sans qu’un incident ne vienne troubler l’ordre public ».

De fait, avec la dégradation continue de la qualité de la vie, la montée folle des prix et le chômage, la criminalité est en nette hausse dans ville. L’État y est pratiquement absent et les habitants ont peur de sortir à la tombée de la nuit, surtout depuis que le nombre de meurtres et de vols à la tire ont augmenté sans que les autorités ne s’en émeuvent.

Ce chaos sécuritaire grandissant inquiète les responsables locaux qui ne disposent pas des moyens nécessaires pour y faire face. À L’Orient-Le Jour, M. Yamak a critiqué ce qu’il qualifie de « laxisme » des forces de l’ordre qui, débordées et incapables d’enrayer la vague de délinquance et de criminalité, semblent avoir renoncé à contrôler la situation. L’élu s’est félicité des mesures récentes annoncées par le Conseil de sécurité régional, tout en souhaitant qu’elles ne soient pas passagères.

« Ce qui se passe à Tripoli est le prolongement du chaos et des tensions sécuritaires qui règnent partout », assure de son côté l’un des hommes politiques de Tripoli, Khaldoun al-Charif, qui estime « indispensable » la création d’une « cellule de crise » pour gérer cette situation catastrophique.

Rôdeurs et bandes de jeunes

La réunion extraordinaire de la branche Liban-Nord du Conseil central de sécurité a été motivée par le fait que tous les jours, à la tombée de la nuit, privés d’électricité et de l’éclairage d’appoint des générateurs privés, certains quartiers de Tripoli sont envahis par des rôdeurs ou des bandes de jeunes pétaradant en scooter et qui, selon une source de sécurité, sont souvent drogués.

Dans ces quartiers, les forces de sécurité ont certes tenté d’intensifier leurs patrouilles, mais se sont retrouvées débordées par le grand nombre de plaintes. Oum Fady, qui vit sur l’avenue Miteyn, reproche ainsi aux agents de l’ordre de manquer de constance, en ce sens qu’ils alternent selon elle les opérations policières brutales, généralement contre les catégories les plus pauvres, et un laisser-aller prolongé. Un jeune « étranger au quartier », dit-elle, avait tenté de lui dérober son portefeuille sous la menace d’un couteau. « L’incident s’est produit devant ma maison, juste avant le coucher du soleil », précise-t-elle. Elle a été assez forte pour le surprendre d’une gifle, au risque de se faire poignarder, avant de trouver refuge dans l’entrée de sa maison.

Ces délits et crimes sont représentatifs d’une criminalité directement liée aux besoins essentiels de la population. Jalal Najjar, employé d’une entreprise de vente de produits alimentaires à Dahr el-Aïn, a été agressé alors qu’il rentrait chez lui à mobylette à 21h30. Il a été dévalisé par deux individus masqués qui lui ont volé son portefeuille et son téléphone, « à quelques dizaines de mètres d’un barrage de la police ». « Nous étions les oubliés du service public, nous le sommes aujourd’hui des forces de sécurité ! » déplore-t-il.

Crimes et règlements de comptes

Plus grave encore, des crimes et des règlements de comptes sanglants secouent en ce moment la ville. Tout dernièrement, un responsable de l’organisation islamique Joundallah, Abou Osman Merheb, a été liquidé à la suite d’une querelle sur les générateurs de quartier et l’approvisionnement en mazout.

La semaine dernière, un agent des services de renseignements de l’armée, Ahmad Mourad, dit « Abou Ziad », a été abattu à bout portant non loin du rond-point Miteyn par des inconnus masqués qui lui ont logé plusieurs balles dans la tête alors qu’il sortait d’une boulangerie avec sa femme. Cette dernière a été légèrement blessée. Le meurtrier présumé a été arrêté par l’armée, selon un communiqué de l’institution militaire.

À Tripoli, dès la tombée de la nuit, les mobylettes sont désormais interdites de circulation, et les barrages fixes et mobiles seront multipliés. Ces décisions ont été prises durant une réunion d’urgence de la branche Liban-Nord du Conseil central de sécurité, qui s’est tenue jeudi dernier au sérail de Tripoli sous la présidence du mohafez Ramzi Nohra, en présence des officiers...

commentaires (1)

Ce qui se passe a Tripoli prefigure ce qui va se passer bientot dans tout le Liban. Nous sommes gouvernes par des irresponsables criminels. Les services securitaires ne font pas exception.

Michel Trad

11 h 16, le 30 août 2021

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • Ce qui se passe a Tripoli prefigure ce qui va se passer bientot dans tout le Liban. Nous sommes gouvernes par des irresponsables criminels. Les services securitaires ne font pas exception.

    Michel Trad

    11 h 16, le 30 août 2021

Retour en haut