Ce week-end devrait être mis à profit pour essayer de trouver un terrain d’entente entre le président de la République, Michel Aoun, et le Premier ministre désigné, Nagib Mikati, autour de ce qu’un proche de Baabda appelle « quelques détails » toujours en suspens, liés à la répartition de certains portefeuilles au sein du futur gouvernement. Pour les milieux de la présidence et du Premier ministre désigné, les contacts attendus ce week-end devraient contribuer à aplanir les obstacles entravant encore la naissance du cabinet, et surtout défricher le terrain avant le neuvième entretien entre MM. Aoun et Mikati depuis la nomination de ce dernier à la présidence du Conseil, fin juillet. Une réunion qui devrait se tenir en début de semaine.
Entre-temps, les Libanais continuent de subir les conséquences désastreuses de la cascade de crises qui secouent le pays depuis plusieurs mois. C’est ce qui aurait poussé le président français, Emmanuel Macron, à entrer en contact jeudi soir avec le chef de l’État et le Premier ministre désigné, pour les inciter à accélérer la naissance du futur cabinet, selon une source bien introduite. Une information que les milieux du président et du Premier ministre désigné n’ont pas voulu confirmer. Un proche du milliardaire tripolitain souligne toutefois que les contacts sont permanents entre le chef du gouvernement désigné et les parties concernées par le dossier libanais. « Surtout que tout le monde veut voir le pays se doter d’un gouvernement », dit-il. Le proche de M. Mikati converge sur ce point avec les cercles de la présidence où l’on se félicite du fait que lors de leur dernier entretien tenu jeudi au palais présidentiel, MM. Aoun et Mikati ont finalisé les discussions portant sur les portefeuilles dits « de service » et se sont entendus pour garder inchangé le partage des ministères dits régaliens (un sunnite à l’Intérieur, un chiite aux Finances, et deux chrétiens aux Affaires étrangères et à la Défense).
Aoun change d’attitude...
Le président Aoun ne pourra donc pas inclure le ministère de l’Intérieur, qui organisera les échéances électorales de 2022, à son lot ministériel. Il s’entendra avec Nagib Mikati sur le nom du sunnite qui occupera ce poste. Ce faisant, Michel Aoun aurait accepté d’accorder à Nagib Mikati ce qu’il avait refusé au leader du Futur, Saad Hariri. Ce dernier, lors de sa désignation pour former l’équipe ministérielle, s’était montré prêt à conclure un accord avec M. Aoun sur le ministre de l’Intérieur, conformément à l’initiative du président de la Chambre, Nabih Berry (une équipe de 24 ministres, au sein de laquelle l’Intérieur sera confié à une personnalité consensuelle). Ce que le camp présidentiel avait catégoriquement rejeté par la bouche du chef du Courant patriotique libre et gendre de M. Aoun, Gebran Bassil.
Comment expliquer ce changement d’attitude ? Pour un proche de Aïn el-Tiné, la réponse est simple : « Nagib Mikati est désormais à la place de Saad Hariri », souligne-t-il à L’OLJ. Comprendre : le conflit entre Saad Hariri et Michel Aoun était avant tout personnel.
Pour ce qui est des ministères dits de service, la source citée plus haut rapporte que la quote-part de M. Aoun devrait inclure, en principe, l’Éducation, l’Énergie (aux mains de la mouvance aouniste depuis 2008) et la Justice. Pour ce qui est de ce dernier portefeuille, la personne qui s’en chargera devrait être consensuelle, comme pour le ministère de l’Intérieur. Michel Aoun croise en outre le fer avec Nabih Berry autour de l’Agriculture. Autre pomme de discorde entre Baabda et Aïn el-Tiné, le prochain ministre des Finances, M. Aoun s’opposant à la nomination de Youssef Khalil, directeur d’opérations à la Banque du Liban à ce poste. Une position qui s’explique par l’attachement du chef de l’État à l’audit juricomptable à la Banque centrale, dont il a fait son cheval de bataille depuis des mois. « Cette affaire pourra être réglée », assure toutefois le proche de M. Berry.
En attendant que tous ces obstacles soient aplanis, le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, s’efforce de se montrer optimiste en se félicitant du progrès qu’ont enregistrés le chef de l’État et le Premier ministre désigné. Il n’en demeure pas moins qu’il poursuit son forcing pour une formation rapide du cabinet. Il a formulé des propos allant dans ce sens à l’issue d’une réunion avec M. Aoun, hier, à Baabda. « Il faut former le nouveau gouvernement afin de commencer à résoudre les crises », a-t-il déclaré, espérant que cela soit réalisé « le plus rapidement possible ». Et de souhaiter également que le chef de l’État et le Premier ministre désigné puissent y arriver « sans tarder ».
Des individus qui déclarent fièrement régler leurs comptes personnels sur le dos du pays et du peuple est en fait un crime qui ne devrait pas attendre le jugement de l’histoire mais un jugement humain et ce, le plus tôt possible, parce que même un gouvernement concocté par leurs soins il sera inefficace et improductif vu le plan de sabotage que chacun a en tête pour le bloquer et l’empêcher d’agir. Nous nous rendrons compte dès la première décision de ce gouvernement mort né, et alors il sera trop tard pour réagir puisque d’attente en désaccord le pays se retrouvera à nouveau bloqué par les mêmes protagonistes et un gouvernement démissionnaire, et le peuple continuera à mourir à petit feu si ce n’est par un autre moyen plus efficace qui est déjà prêt pour les anéantir.
11 h 06, le 14 août 2021