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Dernières Infos - Explosions au port de Beyrouth

Comparution de Abbas Ibrahim : les proches des victimes lancent un ultimatum au procureur Oueidate


Comparution de Abbas Ibrahim : les proches des victimes lancent un ultimatum au procureur Oueidate

Le port de Beyrouth, dévasté par la double explosion du 4 août 2020. Photo d'archives Anwar Amro / AFP

A moins de deux semaines du premier anniversaire des explosions meurtrières du 4 août au port de Beyrouth, des proches des victimes, rassemblés devant le palais de Justice de la capitale, ont lancé un ultimatum au procureur près la Cour de Cassation, Ghassan Oueidate, lui donnant jusqu'à samedi matin pour autoriser la comparution devant la justice du directeur général de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim.

Le général Ibrahim fait partie des responsables sécuritaires dont le juge d'instruction près la cour de Justice, Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur la catastrophe du 4 août, a demandé la comparution en vue de son inculpation. Le magistrat a également réclamé la levée de l'immunité des trois députés et ex-ministres Nouhad Machnouk, Ali Hassan Khalil et Ghazi Zeaïter, ainsi que celle de l'ex-ministre Youssef Fenianos en vue de les inculper et d'engager des poursuites pour "éventuelle intention d'homicide" mais aussi pour "négligence et manquements". Le juge a également lancé des poursuites contre d'actuels et d'anciens hauts responsables politiques et sécuritaires, parmi lesquels l'ex-commandant en chef de l'armée Jean Kahwagi, un ex-chef des renseignements de l'armée, Camille Daher, plusieurs officiers et le chef de la Sécurité de l’État, Tony Saliba.

Le procureur Oueidate doit trancher sur la comparution du général Ibrahim après que celle-ci ait été refusée par le ministre sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, ce qui a poussé le juge Bitar à introduire un recours en invalidation de cette décision. 

"Nous manifestons aujourd’hui en guise d’avertissement au procureur Oueidate, afin qu’il décide, d’ici samedi matin, d'autoriser la comparution devant la justice du général Abbas Ibrahim", a souligné le porte-parole des familles des victimes, Ibrahim Hoteit, lors d'un sit-in devant le palais de Justice. "Les autorités tentent de fragmenter l’enquête à travers le Parlement et la pétition de la honte (visant à contourner la levée des immunités parlementaires réclamée par le juge Bitar), et ce en formant un comité parlementaire chargé de l’enquête et constitué de 7 députés et 8 juges choisis par des partis", a-t-il dénoncé.

Les parents des victimes ont également interpellé le procureur Oueidate, l’appelant à "ne pas renvoyer le dossier à quelqu’un d’autre sous prétexte qu'il s'est récusé de cette affaire". "Ne pas autoriser les poursuites est un complot ourdi contre le sang de nos enfants", ont-ils dénoncé. Le juge Oueidate s’était récusé dans le cadre de cette affaire pour éviter un conflit d’intérêt, sachant qu'il est parent à Ghazi Zeaïter.

Le porte-parole des familles des victimes a par ailleurs critiqué le vice-président du Parlement, Elie Ferzli, qui tente, selon lui, d’entraver l’enquête. Les députés, réunis le 10 juillet en commissions, n’ont pas statué sur la requête du juge d’instruction de lever l’immunité des députés mis en cause. Pour justifier leurs tergiversations, ils ont demandé à M. Bitar de leur fournir des documents permettant de confirmer les suspicions invoquées à l’égard des quatre anciens ministres et davantage d’indices sur leur culpabilité. Une requête que le juge d’instruction a refusé, n’étant tenu par la loi qu’à un simple résumé des faits qu’il a déjà soumis aux députés. L’Assemblée devra décider, à la majorité des présents lors d’une séance plénière, de mettre en branle la procédure prévue par l’article 70 de la Constitution, espérant ainsi contourner Tarek Bitar. Cet article prévoit que la Chambre des députés a le droit de mettre le président du Conseil des ministres et les ministres en accusation pour haute trahison ou pour manquement grave aux devoirs de leur charge. L’inculpation ne peut être décidée qu’à la majorité des deux tiers des membres de l’Assemblée entière.

Ibrahim Hoteit a également critiqué le ministre sortant de l’Intérieur Mohammad Fahmi, qui avait refusé la demande de comparution du général Abbas Ibrahim et qui avait fait réprimer les manifestants qui s’étaient rassemblés devant son immeuble pour dénoncer sa décision.

Lors de la manifestation, les proches des victimes ont par ailleurs mis en garde contre une "explosion  au Liban", alors que l’enquête sur le drame n’a toujours pas avancé, selon des propos rapportés par la chaîne locale MTV. "Nous ne pouvons plus supporter davantage, (...)", ont averti les parents des victimes qui manifestent de manière régulière depuis le début du mois. "Notre sang ne sera pas gaspillé. Vous avez une dernière chance", ont-ils prévenu, à l’approche du premier anniversaire du drame.

Selon l’Agence nationale d’information (Ani, officielle), les parents des victimes se sont ensuite rassemblés devant le Parlement, place de l’Etoile, où le député et ancien ministre Nouhad Machnouk tient une conférence de presse au sujet des explosions au port de Beyrouth. Ils ont lancé des slogans réclamant la levée des immunités et la révélation de l'identité des personnes impliquées dans ce drame.

Plus tôt dans la journée, l'ex-commandant en chef de l'armée libanaise Jean Kahwagi s’était rendu au palais de Justice pour comparaître devant le juge Bitar. La séance a toutefois été reportée au lundi 2 août en raison de la grève des avocats, a précisé son représentant légal. Ce dernier a par ailleurs souligné que M. Kahwagi "n’a pas peur de la justice et n'a rien à cacher".

Jusqu'à présent, les causes du drame et ses circonstances n'ont toujours pas été élucidées, au grand dam des familles des victimes et des blessés qui réclament justice, la catastrophe ayant fait plus de 200 morts et 6.500 blessés.

A moins de deux semaines du premier anniversaire des explosions meurtrières du 4 août au port de Beyrouth, des proches des victimes, rassemblés devant le palais de Justice de la capitale, ont lancé un ultimatum au procureur près la Cour de Cassation, Ghassan Oueidate, lui donnant jusqu'à samedi matin pour autoriser la comparution devant la justice du directeur général de la Sûreté...