Aucun cessez-le-feu en vue
Alors que le Eïd el-Adha commence aujourd’hui pour trois jours, aucun cessez-le-feu n’a pour l’heure été annoncé, alors que les talibans ont décidé plusieurs trêves ces dernières années à l’occasion de fêtes musulmanes, notamment en mai dernier lors du Eïd el-Fitr, marquant la fin du mois de ramadan. Dimanche, à l’issue d’un nouveau cycle de négociations au Qatar, les deux parties ont simplement indiqué s’être accordées sur le besoin de trouver une « solution juste » et de se rencontrer à nouveau « la semaine prochaine ». Selon le médiateur qatari Moutlaq al-Qahtani, les deux camps se sont « à peine mis d’accord » pour tenter « d’éviter des victimes civiles », loin du cessez-le-feu espéré.
Le chef du conseil gouvernemental afghan supervisant le processus de paix, Abdullah Abdullah, a reconnu hier que « le peuple afghan s’attendait évidemment à bien plus ». « Mais la porte pour des négociations reste ouverte », a-t-il déclaré, disant espérer des progrès « d’ici à quelques semaines ». Dans un message dimanche à l’occasion du Eïd el-Adha, le chef des talibans, Hibatullah Akhundzada, a répété rester « résolument favorable à un règlement politique (...) malgré l’avancée et les victoires militaires » des deux derniers mois.
Hier, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit vouloir discuter avec les talibans qui s’opposent à ce que les troupes turques se chargent de la sécurité de l’aéroport de Kaboul après le départ des forces internationales, ce qu’Ankara négocie avec Washington. « Nous essayons de voir quelles discussions nous pouvons avoir avec les talibans et où ces échanges peuvent nous mener » à ce sujet, a déclaré M. Erdogan. Les talibans ont récemment mis en garde la Turquie contre le maintien de militaires en Afghanistan, affirmant que « les envahisseurs seront traités comme tels », mais M. Erdogan a relativisé ces menaces, soutenant que les talibans « n’ont pas dit qu’ils ne voulaient pas de la Turquie ».
Acquis en danger
L’offensive des talibans « fait souffrir et déplace la population civile », ont souligné hier les représentations diplomatiques, dénonçant les « meurtres ciblés incessants à travers l’Afghanistan, la destruction des infrastructures vitales, les menaces, déclarations et autres mesures contre les acquis obtenus par les Afghans ces 20 dernières années ». Elles fustigent le « mépris pour l’État de droit », les atteintes aux droits des femmes et des filles et à la liberté d’expression et de la presse dans les zones conquises par les talibans, réfutant les assurances de leur chef, dans son message du Eïd el-Adha, sur le respect de ces principes par un futur « Émirat islamique » au pouvoir à Kaboul.
L’Émirat islamique était le nom du régime taliban, basé sur une interprétation ultrarigoriste de la loi islamique, qui dirigea l’Afghanistan entre 1996 et 2001 et en fut chassé par une coalition menée par les États-Unis, après son refus de livrer le chef d’el-Qaëda, Oussama Ben Laden, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001. Depuis que Washington a annoncé en 2020 le futur départ définitif des troupes étrangères, les talibans tentent d’afficher une image plus moderne et modérée, notamment vis-à-vis de l’étranger.
Source : AFP
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