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Moyen-Orient - Éclairage

Pourquoi la Turquie cherche à apaiser les tensions avec Israël

Le président turc a appelé lundi son homologue israélien nouvellement élu, signe d’un possible dégel des relations entre leurs deux pays.

Pourquoi la Turquie cherche à apaiser les tensions avec Israël

Le nouveau président israélien Isaac Herzog (à gauche) durant une conférence qui s’est tenue à la résidence présidentielle à Jérusalem-Ouest, le 7 juillet 2021, et le président turc Recep Tayyip Erdogan durant une conférence de presse à Ankara, le 12 juillet 2021. AFP

C’est un geste diplomatique qui pourrait permettre à Ankara et à l’État hébreu d’engager des négociations en vue de réparer leurs relations. Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est entretenu lundi avec le nouveau chef d’État israélien, Isaac Herzog, investi dans ses fonctions la semaine dernière, au cours d’un rare appel entre des hauts responsables des deux pays. Selon une déclaration du bureau du président israélien, les deux dirigeants ont déclaré qu’un « dialogue continu, malgré toutes les divergences d’opinions », était important, en particulier pour avancer vers une solution à deux États au conflit israélo-palestinien.

Cet appel est intervenu deux jours après une visite du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à Istanbul, au cours de laquelle il s’est entretenu avec M. Erdogan. Fervent défenseur de la cause palestinienne depuis son arrivée au pouvoir en 2003, le président turc a affirmé, au cours de la réunion, que son pays « ne resterait pas silencieux face à l’oppression exercée par Israël en Palestine ». Si ce type de déclaration n’est pas nouveau, il s’est multiplié depuis 2018, lorsqu’une nouvelle crise diplomatique a éclaté entre Ankara et l’État hébreu. Des dizaines de Palestiniens avaient alors été tués à la frontière entre Israël et la bande de Gaza à la suite d’importantes manifestations de protestation contre la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale de l’État hébreu. À la suite de ces événements, Ankara avait rappelé son ambassadeur d’Israël et expulsé de Turquie l’envoyé de l’État hébreu. Le reïs turc avait notamment qualifié le pouvoir israélien d’« assassin d’enfants », tandis que l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu avait accusé le dirigeant de la Sublime Porte d’avoir tué des civils kurdes. Des tensions étaient également apparues au regard des liens que la Turquie entretient avec le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza. Si Ankara a interdit, en 2016, au mouvement islamiste palestinien de mener toute activité non politique dans le pays, des sources israéliennes ont déclaré, en 2019, au Telegraph que la Turquie autorisait les membres du Hamas à planifier des attaques depuis son sol. Malgré ces tensions diplomatiques, les deux pays ont continué de maintenir des liens économiques étroits tout au long de ces dernières années.

Administration Biden

« Le changement de gouvernement en Israël a sans aucun doute stimulé et motivé les récents développements observés entre les deux pays », observe Dr Mark Meirowitz, professeur à l’Université d’État de New York Maritime College (SUNY) et analyste politique, pour qui le président turc cherche également à s’attirer les bonnes grâces du président américain Joe Biden. « Un rapprochement entre la Turquie et Israël serait vu très favorablement par le Congrès américain et certainement par l’administration Biden », ajoute-t-il.

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Si l’aventurisme turc depuis plusieurs années en Syrie, en Libye, en Méditerranée orientale ainsi que l’achat du système de missiles russes S-400 avaient valu à Recep Tayyip Erdogan de nombreuses critiques à Washington, sa relation personnelle avec Donald Trump avait néanmoins relativement épargné à Ankara des mesures punitives sévères. Alors que la menace de lourdes sanctions pesait sur la Turquie – membre de l’OTAN – depuis son achat de l’équipement russe, le président républicain avait, à la fin de son mandat, opté pour des représailles a minima en interdisant tout nouveau permis d’exportation d’armes à l’agence gouvernementale turque chargée des achats d’armements et empêché ses dirigeants de séjourner sur le sol américain. Depuis son arrivée au pouvoir, Joe Biden a en revanche indiqué qu’il se montrerait bien moins conciliant envers le gouvernement turc, alors qu’il n’a eu de cesse de dénoncer la politique répressive en matière de droits de l’homme menée par Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier cherche ainsi aujourd’hui à apaiser ses relations avec Washington, à l’heure où sa popularité s’érode en raison de difficultés économiques. « Biden met l’accent, comme on a pu le voir lors des récents sommets, sur la Russie et la Chine. Ainsi, les États-Unis veulent un Moyen-Orient stable et pacifique pour ne pas être distraits par les bouleversements dans cette région », indique Dr Mark Meirowitz.

Isolement

Aux yeux d’Ankara, une relation plus apaisée avec l’État hébreu pourrait en outre lui permettre d’obtenir le soutien du puissant lobby pro-israélien à Washington. Mais les récents développements témoignent également de la volonté turque d’ajuster sa politique étrangère dans la région, après une période d’isolement au cours de laquelle d’autres États ont formé des alliances au détriment d’Ankara. En Méditerranée orientale, la Turquie espère notamment relancer les pourparlers au sujet d’un projet de gazoduc avec Israël alors que l’État hébreu est déjà engagé avec Athènes, Nicosie et Rome au sein du projet EastMed, qui prévoit de transporter du gaz naturel d’Israël vers l’Europe via Chypre et la Grèce.

« La Turquie observe les récents changements dans la région, voit des nations se rassembler et travailler ensemble et veut, elle aussi, avoir sa part du gâteau », observe Dr Mark Meirowitz. Une préoccupation d’autant plus importante depuis les accords de normalisation signés entre Israël et plusieurs pays arabes, à l’instar des Émirats arabes unis, qui risquent de fragiliser un peu plus la position turque. « Les relations turco-israéliennes pourraient s’améliorer, mais un retour à l’âge d’or est très improbable car Israël a trouvé d’autres partenaires et n’est plus isolé diplomatiquement dans la région », estime toutefois Soli Özel, professeur de relations internationales à l’Université Kadir Has d’Istanbul. Ankara essaye « de réparer les relations avec tous les alliés qu’il s’est aliéné ou avec lesquels il a développé de mauvaises relations », ajoute le spécialiste. Dans cette perspective, la Turquie a récemment initié un rapprochement avec l’Arabie saoudite et l’Égypte.

C’est un geste diplomatique qui pourrait permettre à Ankara et à l’État hébreu d’engager des négociations en vue de réparer leurs relations. Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est entretenu lundi avec le nouveau chef d’État israélien, Isaac Herzog, investi dans ses fonctions la semaine dernière, au cours d’un rare appel entre des hauts responsables des deux pays. Selon...

commentaires (3)

Ni l'Egypte ni Israel et encore moins les EAU ou l'Arabie Seoudite ne vont donner suite a ces ouvertures...

IMB a SPO

15 h 32, le 16 juillet 2021

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Commentaires (3)

  • Ni l'Egypte ni Israel et encore moins les EAU ou l'Arabie Seoudite ne vont donner suite a ces ouvertures...

    IMB a SPO

    15 h 32, le 16 juillet 2021

  • J,OUBLIAIS. IL S,ALLIE AVEC LES PAKISTANAIS. L,INDE SE JOINT A L,AXE DE L,EST MEDITERRANEE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 05, le 16 juillet 2021

  • CAR L,AXE EGYPTE, ISRAEL, GRECE, EAU, CHYPRE ET FRANCE AUQUEL S,AJOUTE D,UNE FACON L,ITALIE ET LA PALESTINE ET EST SUPPORTE PAR L,EU ET WASHINGTON LUI FAIT PEUR ET LUI DONNE DES SUEURS FROIDES A L,APPRENTI MINI SULTAN OTTOMAN ERDO LE DESPOTE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 19, le 16 juillet 2021

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