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Dernières Infos - Explosions au port de Beyrouth

Des familles des victimes manifestent devant le Palais de Justice

Des familles des victimes manifestent devant le Palais de Justice

Des familles des victimes de l'explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth, rassemblées devant le palais de Justice dans la capitale, le 14 juillet 2021. Photo Mohammad Yassine

A trois semaines du premier anniversaire des explosions meurtrières du 4 août 2020 au port de Beyrouth, des proches des victimes se sont rassemblées mercredi devant le palais de justice de la capitale. Ce sit-in, de près de 400 personnes selon notre journaliste sur place, Mohammad Yassine, intervient au lendemain d'une manifestation qui a dégénéré en violentes échauffourées devant le domicile du ministre sortant de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, au cours de laquelle plusieurs manifestants et des policiers ont été blessés. 

Le nom du ministre Fahmi a été à plusieurs reprises hué par les protestataires devant le palais de Justice qui l'ont aussi traité de "voyou".  

Mardi soir, la colère des familles des victimes avait éclaté dans la rue, devant la résidence du ministre sortant dans le quartier beyrouthin de Koraytem. Les manifestants ont fait tomber les barrières d'entrée et ont pénétré dans l'édifice. La police les avait alors violemment réprimés, en ayant notamment recours à des gaz lacrymogènes et blessant des manifestants.

"Les larmes des mères n'ont eu aucun effet" sur Mohammad Fahmi, a déclaré Ibrahim Hoteit, porte-parole du comité des familles des victimes, affirmant que ce qui s'est passé chez M. Fahmi la veille "n'est rien comparé à ce qui va se passer plus tard".  

"Dès le lendemain de l'explosion du port de Beyrouth, nous avions demandé la levée de toutes les immunités parce qu'une affaire comme celle-ci requiert une enquête large", a affirmé l'avocat Mohammad Kanso au nom du collectif "Indépendance de la justice". Il a aussi critiqué "l'atermoiement du Parlement dans la levée des immunités". 

"Nous voulons la vérité pour la famille des victimes et pour le Liban en entier", a de son côté assuré Majid Ramadan au nom d'un collectif issu de la contestation populaire. "Nous n'accepterons pas que ce dossier soit enfoui dans un tiroir", a-t-il ajouté.

Les protestataires ont partiellement bloqué la voie publique située à proximité du palais de Justice, portant des portraits de leurs proches tués dans le drame. Aucun incident n'a été signalé. Les manifestants se sont ensuite dirigés ensuite vers le siège de la direction de la Sûreté générale, rue de Damas. Seuls des protestataires anti-pouvoir sont restés sur place, les proches des victimes ayant quitté les lieux.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), les proches des victimes ont continué leur marche en passant par les hôpitaux qui ont reçu les personnes blessées dans l'explosion pour remercier le personnel médical. Les familles des victimes se sont ensuite dirigées vers l'une des issues menant vers le Grand sérail, rapporte aussi la chaîne LBCI.

Plus tôt dans la journée paraissait dans le quotidien al-Charq al-Awsat un entretien dans lequel Mohammad Fahmi affirmait qu'il ne reviendrait pas sur son refus d'autoriser la comparution devant la justice du patron de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, dans le cadre de l'enquête sur les explosions. Le juge d'instruction près la Cour de justice Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur le drame, avait réclamé, entre autres, la levée de l'immunité du général Ibrahim afin qu'il comparaisse devant la justice. Ce refus de M. Fahmi, considéré comme une entrave à l'enquête plus de onze mois après la tragédie, a suscité la colère des familles des victimes et de la population en général, lassées des interférences politiques dans le pouvoir judiciaire. 

Le juge Bitar est confronté à une levée de boucliers de la part de la classe politique, après avoir demandé la levée de l'immunité parlementaire de responsables "en vue de les inculper et d'engager des poursuites pour éventuelle intention d'homicide", mais aussi pour "négligence et manquements". En plus du général Ibrahim, des poursuites ont été lancées contre les députés Ghazi Zeaïter, Ali el-Khalil et Nouhad Machnouk, l'ancien ministre Youssef Fenianos, l'ex-commandant en chef de l'armée Jean Kahwagi, un ex-chef des renseignements de l'armée, Camille Daher, plusieurs officiers et le chef de la Sécurité de l’État Tony Saliba.

Les explosions du 4 août ont tué plus de 200 personnes, fait des milliers de blessés et détruit des quartiers entiers de Beyrouth.


A trois semaines du premier anniversaire des explosions meurtrières du 4 août 2020 au port de Beyrouth, des proches des victimes se sont rassemblées mercredi devant le palais de justice de la capitale. Ce sit-in, de près de 400 personnes selon notre journaliste sur place, Mohammad Yassine, intervient au lendemain d'une manifestation qui a dégénéré en violentes échauffourées...